lundi 12 novembre 2018

#ChallengeAZ 2018 - Lettre J écrite à Jean HOURTE, banquier

Pour débuter cette nouvelle semaine du #ChallengeAZ 2018, je continue de vous livrer la collection de lettres qui j'ai souhaité écrire à mes aïeux ou collatéraux. Aujourd'hui, je vous propose une missive écrite à grand-oncle de mon grand-père. Il s'appelait Jean HOURTE et a été banquier à Thionville au début du siècle.

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Lundi 12 novembre 2018,


Monsieur HOURTE,
Ma lettre va sans doute vous sembler surprenante. Je m'appelle Sébastien et je suis l'arrière-petit-fils de votre neveu, Pierre HOURTE, qui a habité à Vinsberg puis à Marange.

Vous êtes sans nul doute un de mes proches parents qui a plutôt bien réussi. Issu d'une famille de laboureurs, vous avez souhaité sortir de ce cadre pour devenir banquier. J'imagine les années d'études qui vous ont permis d'apprendre ce métier, sans relâche... Et à force de travail, vous avez réussi.

Lorsque vous devenez banquier, la Moselle était annexée par la Prusse. Malgré tout, vous gardez un lien avec votre ancien pays puisqu'en 1891, vous adhérez au tout jeune Touring-Club de France, une association dont le but est de promouvoir le tourisme et notamment le cyclotourisme. Et oui, vous n'oubliez pas les moments de détente et de loisirs !

Quelques années plus tard, vous épousez Elise PALS. Votre carrière s'accélère et vous vous associez avec François HOSY pour créer, à Diedenhofen (Thionville), la banque HOURTE & HOSY. Vous habitez alors à la Sankt Petersstraße (qui deviendra rue Castelnau en 1918).


Avenue Castelnau à Thionville (Source : Généanet  - fanfan1)


La guerre n'aura que peu d'impacts sur votre carrière. Au retour de la Moselle à la France, votre établissement change de raison sociale. Vous déposerez un dossier de dommages de guerre pour un immeuble dont vous vous êtes portez acquéreur dans les années 1910, et qui a subi des dégâts lors des combats.

Dans les années 1920, vous vous séparez de votre associé. Je ne sais pour quelle raison, mais il semble que ce fut difficile. Vous publiez d'ailleurs dans les journaux de la région une annonce pour bien informer votre clientèle de l'époque qu'il n'y a aucun lien entre votre établissement nouvelle banque "Jean HOURTE" et l'ancienne banque HOURTE & HOSY.

Dans les années trente, vous avez soixante-dix ans, et la retraite ne signifie rien pour vous. Monsieur HOURTE, votre professionnalisme était exemplaire... Pourtant, ne pouviez-vous pas faire un petit effort pour les membres de votre famille ?

Votre neveu, qui est également mon arrière-grand-père, vous a demandé dans les années 30 un crédit afin d'aménager l'étage de la maison de Vinsberg, devenue trop petite et sans doute trop peu fonctionnelle.

En (bon) banquier, vous ne laissez rien passer, et surtout pas les traites de remboursement de vos créditeurs, quand bien même il s'agit de votre famille ! Mon arrière-grand-père et son épouse ne peuvent cependant pas vous rembourser en argent les sommes qu'ils vous doivent. Il s'en suit alors une situation que l'on trouverait cocasse aujourd'hui. En lieu et place de l'argent, vous vous faites rembourser par des poules, œufs et autres produits de la ferme que vous récupérez dans votre établissement à Thionville... Cette scène me fait sourire.

Monsieur HOURTE, une vie a un début et malheureusement une fin. La vôtre s'est arrêtée dans un hôpital de Toul, après un accident de voiture, en décembre 1939. C'était le début de la guerre.

Monsieur, j'ai tant de choses encore à vous raconter (et à vous demander). Ce sera sans doute dans une autre lettre.

En attendant, je vous prie de recevoir, monsieur HOURTE, mes plus sincères salutations.



Sébastien

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