samedi 21 avril 2018

#RDVAncestral - Ma rencontre avec Catherine VALENTIN

Comme chaque troisième samedi du mois, Guillaume Chaix et toute l’équipe du #RDVAncestral nous proposent de partir à la rencontre de nos ancêtres. Depuis plusieurs semaines, mon souhait le plus cher était de partager quelques instant avec Catherine Valentin, mon aïeule dont j'ai conté l'histoire dans mon dernier #Projet3Mois. Après un rendez-vous manqué le mois dernier, j'étais bien décidé à ne pas manquer le coche...


Assis devant mon ordinateur, je prends une grande respiration et je ferme les yeux. Mon esprit vacille. Après quelques instants, mon voyage temporel me transporte dans un lieu que je ne reconnais pas encore. Il fait froid. Je rouvre les yeux.

Le paysage que je contemple me semble d'abord froid et hostile; sans doute les températures glaciales et les arbres nus y sont pour quelque chose. Le vent souffle et me glace les os malgré l'épais manteau de laine que je porte. Que suis-je venu faire ici ?

Mes doutes sont bien vite balayés lorsque, en me retournant, j’aperçois un village de quelques maisons avec en son milieu, un petit château entouré d'un jardin et de bassins. Mon cœur s'emplit de joie. Devant moi, se dresse fièrement le château de Lüe, appartenant au Sieur François Louis Joseph JOBAL. Me voici prêt à rencontrer Catherine VALENTIN. Je repense alors à toutes mes recherches, mes questions, mes doutes...

Le Château de Lüe (Source : Communes.com)


Je suis tellement perdu dans mes pensées que je ne prête pas attention à une voiture à cheval qui vient dans ma direction, depuis le village. L'attelage s'arrête à ma hauteur et son conducteur, un homme d'une soixantaine d'année, m'interpelle :
"- Eh vous! Nous devons aller au village de Hayes pour déclarer la naissance d'un enfant. Ecartez-vous de notre chemin !"
Son ton directif me décontenance quelque peu et je m'écarte aussitôt pour le laisser passer... Je ne souhaite pas avoir d'ennui ! Le chariot passe devant moi et j'entrevois à l'arrière une jeune femme qui serre dans ses bras un nourrisson emmailloté.

Remis de cette remontrance, j'interpelle cet homme pour lui demander s'il connait Catherine VALENTIN.

"- Catherine VALENTIN ? Que lui voulez-vous ? 
- Je suis un parent éloigné et je souhaite lui rendre visite. Savez-vous où je peux la trouver ?"
- De parenté vous dites ? Je ne vous connais pas. Je suis son père et l'enfant à l'arrière de mon chariot est son nouveau-né. "

L'homme qui se tient devant moi est donc Bernard VALENTIN et la jeune femme à l'arrière doit être sa fille, Marie. C'est la première fois que la rencontre avec un de mes aïeux se passe de manière si abrupte. Son caractère bien trempé et son autorité naturelle sont sans doute des qualités qui lui ont permis de devenir Garde des Bois. Soudain, pour je ne sais quelle raison, Bernard semble changer de position et me réponds d'une manière beaucoup moins directive:
"- Bon, effectivement, si vous êtes de la famille éloignée, je ne vous connais sans doute pas... Bon... Vous trouverez Catherine dans notre maison. Je vous demande juste de ne pas trop l'importuner car elle est encore fatiguée."
Bernard me montre la localisation de sa demeure puis reprends sa route. Sans plus attendre, je me dirige vers la maison. Le trajet n'est pas long et j'arrive rapidement sur le pas de la porte. Je frappe et une femme vient m'ouvrir. Je me présente en lui disant que j'avais vu Bernard VALENTIN en chemin. Elle me laisse entrer. Il doit s'agir de la sage-femme.

La chaleur de la maison contraste très nettement avec le froid à l'extérieur. Tout y est beaucoup plus doux. Une odeur de soupe se mêle aux senteurs du feu de bois. Catherine n'est pas seule à la maison. Outre la sage-femme, j'aperçois un homme attablé. Malgré mon arrivée, il ne bouge pas et reste assis devant la cheminée. Je trouve enfin Catherine, encore alitée dans un lit en alcôve. Je m'approche et me présente :

"- Bonjour Catherine, je suis très heureux de faire votre connaissance. Je suis Sébastien, un membre de la famille éloignée. Je viens prendre de vos nouvelles.
- Bonjour Sébastien. Je suis très heureuse également. On m'a prévenu de votre visite.

Je suis un peu surpris pas son propos, mais je n'y prête pas plus attention. Nous entamons la conversation et nous échangeons sur cette période troublée de la révolution.
- La révolution a bouleversé beaucoup de choses ici. Voyez-vous Sébastien, je me retrouve à présent divorcée. Je ne l'ai pas choisi. Mon mari, Jacques, a du suivre le Sieur Jobal. Certains ont dit à mon père que je risquais d'être emprisonnée si je restais mariée avec lui. Que faire alors ? J'ai du renoncer à beaucoup de choses...
- Mais votre fils, celui que vous avez mis au monde ce matin, qui est le père ? Jacques Régulier ?"
Catherine ne me répond pas. Elle esquisse seulement un sourire puis me demande de la laisser se reposer un peu. A ce moment, un homme entre dans la maison avec deux jeunes garçons qui courent embrasser leur mère. Je reconnais facilement le plus grand car la couleur rousse de ses cheveux "poil de carotte" correspondent à la description de Louis Joseph, fils de Catherine, également mon aïeul. Je suis ému par ce moment de tendresse entre une mère et ses deux fils. Je décide alors de prendre congé de mes hôtes.

Après avoir salué Catherine, je sors de la maison. A ce moment, l'homme qui était assis devant la cheminée se lève et me suit. Une fois à l'extérieur, je me retourne.

A cet instant, je sursaute. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Ce visage, ce regard. Je connais cet homme. Devant mes yeux écarquillés et mon air hagard, il me salue :
"- Bonjour Sébastien, je suis heureux de vous revoir ! Je vous avais dit que l'on se reverrait un jour !"
C'est Hubert WALENTIN, mon aïeul que j'avais rencontré à l'asile de Maréville lors d'un précédent #RDVAncestral... Je suis sidéré. Pourtant, je ne suis qu'au début de mes surprises...

(la suite le mois prochain...)

vendredi 6 avril 2018

Mise en ligne de l’état-civil en Moselle : où en est-on ?

Les Archives Départementales de la Moselle ont entamé depuis 2011 la mise en ligne des registres paroissiaux, bien utiles pour les généalogistes qui ne peuvent se déplacer sur le site de Saint-Julien lès Metz. La collection n’est pourtant pas complète car il manque les registres que les communes n'ont pas déposés. En 2013, les tables décennales ont été mises en ligne sur la période 1792-1952, mais depuis, plus rien en ce qui concerne l’état-civil. Nous sommes aujourd’hui nombreux à nous interroger sur la prochaine mise en ligne de ces documents. 

Pour en savoir plus, j’ai questionné le service des Archives Départementales de la Moselle qui m’a aimablement répondu. Voici donc les dernières informations concernant les registres paroissiaux et l’Etat-Civil de la Moselle. 

 

Etat-civil : du nouveau pour fin 2018 !


Le problème de l’état-civil allemand (1876-1918)


Pour comprendre la situation, revenons à l’histoire récente de la Moselle. En 1871, le département est annexé par l’Empire allemand (tout comme les départements alsaciens). A partir de 1876, les règles de l’état-civil impérial s’appliquent et font apparaître sur les actes les mentions de la religion des intéressés. Or, selon l’article 8 de la Loi Informatique et Libertés, les informations religieuses constituent des données dites « sensibles ». Suite à la délibération n°2012-113 du 12 avril 2012 de la CNIL, les « données sensibles peuvent être accessible […] au-delà d'un délai de 150 ans ». Concrètement, cela signifie donc que l’on pourra avoir accès l’Etat-Civil de l’année 1876 en 2027…

Sur ce sujet, la décision du département de la Moselle est claire et il souhaite se conformer aux règles de la CNIL.

Et pour l’état-civil de 1792-1875 ?


Heureusement, nous avons une bonne nouvelle pour l’état-civil de 1792 à 1875 !

En effet, les archives départementales de la Moselle préparent la mise en ligne d'un premier lot de documents pour la fin de l’année 2018. Les images qui sont déjà numérisées font l’objet d’une vérification de leur qualité avant de les ouvrir à la consultation. Pour l’heure, la liste des communes qui seront publiées n’est pas encore connue.

La suite de la mise en ligne dépendra d’un partenariat ou d’un financement qui restent à déterminer.


Les registres paroissiaux complétés grâce au prêt des communes. 


La numérisation et la mise en ligne des registres paroissiaux a été effectuée sur la base des documents originaux (les microfilms ne sont doute pas d’assez bonne qualité pour une numérisation et une mise en ligne, et mon expérience le confirme !). Elle s’est donc faite sur la base d’une « collection idéale », réalisée à partir de la collection du greffe et des communes.

Cependant, certaines communes n’avaient pas déposé leurs archives aux services départementaux. Depuis 2012, les Archives Départementales complètent donc les documents numérisés sur la base de prêts des communes manquantes. Ainsi, durant deux années consécutives, une collecte de registres a été lancée auprès des communes de l’arrondissement de Thionville et de Sarrebourg (anciennes limites). Cette année, c’est l’arrondissement de Metz qui sera concerné. Le taux d’acceptation est pour l’instant de 60% et, depuis, des maires déposent volontairement leurs registres. Le stock en ligne augmente donc lentement mais sûrement !

Pour conclure, tout est mis en œuvre par les Archives Départementales de la Moselle pour compléter les collections en ligne. N’oublions pas d’ailleurs que depuis quelques années, nous avons accès aux registres matricules et au cadastre napoléonien, preuve que les choses avancent ! Enfin, n’oublions pas que la patience est une des meilleures qualités du généalogiste et que les associations de généalogistes et l’entraide existent encore !