samedi 2 novembre 2019

#ChallengeAZ 2019 - Banqueroute, Brouette, Bringuebaler

Deuxième jour du #ChallengeAZ. Cette année, j'ai choisi de faire participer les généalogistes présents sur twitter pour un petit concours de mots. Chaque jour, je dois écrire un article sur la base de trois termes choisis. Place aujourd'hui à la lettre B avec  BANQUEROUTE, BROUETTE et BRINGUEBALER !





Pour ce deuxième jour du Challenge, je m'attends à recevoir la visite d'un ancêtre qui pourrait m'inspirer comme l'a fait Hubert hier. Assis devant mon ordinateur, j'attends la visite espérée, quoique improbable, d'un aïeul. Une minute, deux minutes... j'attends...  rien, nada, que tchi...

Voyons Sébastien. Faisons preuve d'un peu de réflexion !

Et puis, enfin, le déclic ! Voici un trio de mots hétéroclite, mais qui m'inspire finalement rapidement.



L'histoire que je vais vous raconter ici est un résumé des recherches que j'ai effectuées concernant un collatéral, Jean HOURTE (1858, 1939).

Quatrième enfant de Pierre HOURTE et Catherine CONNERATH (mes sosas 48 et 49), Jean est pour ainsi dire le petit dernier qui a particulièrement bien réussi sa vie. En effet, il était issu d'une famille de laboureurs plutôt modeste et était parvenu, sans doute avec beaucoup de travail et de persévérance, à devenir banquier puis à créer son propre établissement à Thionville au début du XXème siècle.

De Jean HOURTE, la mémoire familiale ne se souvenait que de peu de choses. Ma mère et ma grande tante disait qu'il avait perdu tout son argent et qu'il avait fait BANQUEROUTE pendant la crise de de 1936. A priori, il n'avait eu aucun enfant. Ma grande tante me disait que sa mère et son père ne l'aimaient pas beaucoup et le trouvaient insensibles. Elle me raconte encore aujourd'hui cette anecdote, qui me fait sourire à chaque fois que je m'imagine la scène. Au début des années 30, mon arrière-grand-père, Pierre HOURTE, avait décidé de réaliser des travaux dans la maison de Vinsberg pour y aménager de nouvelles chambres et vivre de façon plus "moderne". Ces travaux coûtaient chers et la famille avait du établir un crédit auprès de la banque HOURTE, Jean HOURTE étant l'oncle paternel de mon aïeul. A plusieurs reprises, la famille avait eu des difficultés pour payer les échéances. Pourtant, oncle ou pas, Jean HOURTE était intransigeant sur les remboursements, mais acceptait néanmoins les paiements en nature. C'est alors que la femme de mon arrière-grand-père, partait avec sa BROUETTE, remplie de poulets, œufs et autres denrées alimentaires, jusqu'à Thionville pour honorer ses engagements. Je l'imagine alors rentrer dans l'établissement, avec sa BROUETTE qui devait BRINGUEBALER à droite et à gauche... Quel devait être la tête des autres clients de la banque ?

Donc quelques informations sporadiques, une anecdote... voilà le niveau de mes connaissances sur Jean HOURTE en 2010 lorsque j'ai débuté mes recherches le concernant.


En 2014, un cousin éloigné, Romain WAGNER, me transmets l'avis mortuaire de Jean HOURTE, qu'il venait de retrouver.

Avis mortuaire de Jean HOURTE (photo : Romain WAGNER)

Comme vous le voyez, il ne semble pas si seul que cela, et il semble qu'il avait eu des enfants. Cet avis nous apprends également qu'il était décédé à Toul des suites d'un accident de voiture (ce qui ne semble pas accréditer la thèse d'une faillite totale, le coût d'acquisition d'un véhicule étant encore très important et réservé qu'à une certaine partie de la population).

Cette découverte a été le point de départ de mes recherches. Très facilement (peut-être trop facilement), j'ai pu reconstitué sa famille grâce à l'Etat-Civil consulté aux Archives Départementales de la Moselle. Jean HOURTE s'était marié avec Elisabeth PALS en 1893 et avait eu, au moins, 3 filles :
  • Marie Élisabeth Yvonne
  • Marie Gabrielle
  • Madeleine
En quelques semaines, j'avais mis à mal deux légendes familiales. Non il n'avait pas perdu tout son argent dans une banqueroute, et non il n'était pas resté sans enfant.

Petit à petit, cet obscur collatéral dont je n'avais pas forcément une bonne image, me paraissait de plus en plus sympathique à force de recherches et de trouvailles. Ainsi, dans différents articles de journaux accessibles désormais dans Limédia Kiosque, il apparaît très régulièrement dans les annonces légales mais également dans différents articles où il fait mention du "fort sympathique banquier".

Homme cultivé, il était membre de différents clubs et sociétés savantes :  la Société d'Histoire et d'Archéologie de Lorraine (SHAL), le Touring-club de France...


En généalogie on ne sait jamais trop sur quoi on va tomber et il s'avère que des légendes familiales peuvent être soient finalement prouvées, soit balayées comme un château de carte.

De manière assez improbable, et grâce à Jean HOURTE, j'ai pu également résoudre, pour partie, une autre énigme posée par ma grande-tante. Elle m'avait en effet dit plusieurs fois que mon grand-père, jusqu'à son décès en 1981, correspondait avec de la famille éloignée en Belgique. Malheureusement, elle ne connait ni leur nom, ni leur lieu de résidence. Finalement, c'est lorsque j'ai retrouvé l'acte de mariage de la première fille de Jean HOURTE que tout s'est éclairé. Yvonne HOURTE s'était mariée en 1923 avec Léon MARTHA, industriel, fils d'Ernest MARTHA, important fabricant de tabac et de cigares à Arlon (Belgique). Je tenais enfin l'origine de la famille installée en Belgique.


Mes dernières recherches se focalisent désormais en Belgique, où ont vécu Yvonne HOURTE, son mari Léon MARTHA et leur deux filles, Suzanne et Mady. Cet été 2019, j'ai décidé d'interroger par mail le service en charge des cimetières de la ville d'Arlon, qui m'a très gentillement répondu en me donnant les noms et dates de décès des personnes inhumées à Arlon. J'ai pu retrouver la trace des sépultures de certains membres de la famille :

  • MARTHA Léon Sigisbert époux de HOURTE Marie Elisabeth, décédé le 9 mars 1963, 
  • HOURTE Marie Élisabeth Yvonne veuve MARTHA Léon, décédée le 21 décembre 1971. 
  • MARTHA Madeleine épouse KOCH Jules, décédée le 5 juin 1980. 
  • KOCH Jules veuf MARTHA Madeleine, décédé le 4 septembre 1993.

J'ai encore tellement de choses à vous raconter sur Jean HOURTE et sa famille que je pense rédiger d'autres articles par la suite. D'ailleurs, pour mes lecteurs réguliers, vous avez déjà fait la connaissance de son gendre, Paul Julien JOHANNES, marié avec Marie Gabrielle, qui a été avec son fils résistant pendant la seconde guerre mondiale puis tous les deux déportés. Seul Paul en est revenu vivant.

12 commentaires:

  1. Ah, les légendes familiales... Il y a à boire et à manger ! 😂 Bravo pour l'enquête en tout cas.

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    1. Oui c'est vrai. Après, c'est toujours délicat de donner la vérité aux plus anciens qui refusent quelques fois de remettre en question leurs connaissances...

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  2. Encore une fois, défi relevé ! Et quelle enquête ! Bravo Sébastien !

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  3. Tous nos ancêtres étaient des gens bien même si quelques uns sont sortis du droit chemin. Respect.

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    1. Merci beaucoup pour le commentaire. Effectivement on ne peut pas juger de la vie de nos aïeux avec notre regard et nos idées d'aujourd'hui.

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  4. Romain - Mes ancêtres et moi2 novembre 2019 à 14:10

    Bel article ! Bravo !

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  5. La vie de ce collatéral a bien été décryptée finalement et le défi des 3 mots relevés

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    1. Merci Fanny J'espère pouvoir retrouver un jour les archives de sa banque et pourquoi pas une photo de lui...

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  6. Les légendes familiales ont la vie dure. Elles perdurent grâce à la tradition orale qui déformée, répétée à foison et caricaturée finit par s'éloigner de la réalité. C'est aussi le rôle du généalogiste de rétablir la vérité des faits. Mission réussie, Sébastien.

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  7. Sympa cette histoire de brouette :) Bravo pour cette enquête très plaisante à lire.

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