samedi 16 juin 2018

#RDVAncestral - Catherine VALENTIN, un rendez-vous manqué...

Comme chaque troisième samedi du mois, Guillaume Chaix et toute l’équipe du #RDVAncestral nous proposent de partir à la rencontre de nos ancêtres. Pour ce nouvel épisode, j'avais décidé de m'entretenir à nouveau avec Catherine VALENTIN, mon aïeule rencontrée il y a deux mois...



Les recherches généalogiques ne sont pas aisées pour celui qui habite loin de sa région d'origine et les occasions d'aller aux archives départementales sont rares. En ce mois de juin 2018, je profite d'un passage en Lorraine pour me rendre aux archives départementales de la Moselle. Sans idée précise, j'avais en tête de consulter les archives du Notaire des Étangs, commune où Catherine Valentin avait vécu les dernières années de sa vie. Ne sait-on jamais au hasard d'un acte, Catherine ou sa famille y sont peut-être mentionnés ? Je commande le document : 407U1.

Après un petit temps d'attente, assis sur ma chaise, j'entends le bruit si caractéristique du chariot, annonciateur de l'arrivée des documents en salle de lecture. Je récupère la liasse de feuillets placés dans une pochette en carton, puis je dépouille les actes un par un. Ah, que j'aime ces odeurs de vieux papiers !


1806, 1807, 1808... les années défilent sous mes yeux sans m'apporter le moindre acte intéressant pour mes recherches. Je commence quelque peu à me lasser lorsque mes yeux s'arrêtent sur des noms familiers. Sur un papier jauni et taché par le temps, je déchiffre très distinctement les noms de Catherine Valentin et de Jacques Régulier : un inventaire après décès.

Inventaire après décès de Catherine VALENTIN et Jacques REGULIER (AD57 - 407U1)


Imaginez mon excitation et ma joie à la découverte de cet acte qui symbolise à lui-seul l'épilogue de mes longues recherches sur mon aïeule. Je me pose alors un instant et ferme mes yeux pour me préparer à déchiffrer l'acte dont certaines parties sont peu lisibles.

A cet instant, je sens une main me taper sur mon épaule. Une voix d'homme m'interpelle : "Vous arrivez trop tard". Je sursaute et me retourne.

Bien loin de la salle de lecture, je me trouve désormais dans une vieille maison. La pièce dans laquelle je me tiens est relativement sombre malgré la fenêtre ouverte sur l'extérieur. Humide et frais, cet endroit me semble inanimé, véritablement sans âme. Il faut dire que cette "chambre" semble avoir été vidée de ses meubles : une pendule, un miroir, un seau et un tonneau, deux chaises en paille, un coffre en bois et dans le coin un tas de pommes de terre. C'est à peu près tout. Sans nul doute, je suis de retour dans le passé pour un nouveau rendez-vous ancestral.


Devant moi, se tient un homme âgé d'une bonne quarantaine d'années. Curieux, je suis décidé à connaître son identité et les circonstances de mon RDVAncestral. Je décide donc de l’interroger:
"- Trop tard ? Pourquoi ?
- Les funérailles de Catherine Valentin ont eut lieu ce matin. Vous ne la verrez plus."
Ces mots me transpercent le cœur. Même si je sais pertinemment que Catherine est décédée un jour de septembre 1809, l'annonce de sa mort par un de ses contemporains me bouleverse et m'emplit de chagrin. La gorge serrée, je sens les larmes monter. Et pour cause. En travaillant depuis plusieurs mois sur sa vie, je me suis réellement attaché à Catherine : sa vie, ses douleurs, ses joies et ses peines. Plus que le sosa 481 de ma généalogie, elle est devenue un membre à part entière de ma famille.

Voyant une larme couler sur ma joue, l'homme pose sa main sur mon épaule en essayant de trouver un mot de réconfort :
"- Je comprends votre peine, sans doute l'avez-vous bien connu pour être si triste. Mais... excusez-moi... je ne me suis pas présenté. Je suis Nicolas Bérard, son beau-frère, marié avec sa sœur Marie Valentin.
- Heureux de faire votre connaissance Nicolas, je m'appelle Sébastien et je suis un membre éloigné de la famille Valentin."
Nicolas Bérard habite dans le village de Pontigny, situé non loin de la commune des Étangs où nous nous trouvons. Lui et sa femme sont restés très proches de Catherine et de ses enfants. En effet, après le divorce de Catherine d'avec Jacques Régulier pour cause d'émigration, Nicolas et Marie les ont accueillis pendant plusieurs années.



Remis de mes émotions, je continue notre discussion en le questionnant sur les causes de la mort de Catherine :
"- Catherine et Jacques (Régulier) étaient bien malades depuis plusieurs semaines. Ils étaient très faibles et la viande qu'ils devaient manger n'a été d'aucun effet. En une semaine, ils sont partis tous les deux. De toute manière, ils devaient partir ensemble...  Ce qui me chagrine le plus, c'est que Louis Joseph, son fils, est parti depuis plus d'un an maintenant au service de l'armée de l'Empereur. Il ne sait pas encore que ses parents sont morts !
- Ses parents dites-vous ? Mais Louis-Joseph n'est-il pas né de père inconnu ?
Ma question semble gêner Nicolas qui me répond tout de même après un moment d'hésitation :
- Dans l'état-civil oui. Après, vous savez ce que c'est... Jacques Régulier était un vrai père pour Louis-Joseph. Je ne peux vous le garantir, mais on dit que c'est son père. Catherine et Jacques, c'est une longue histoire, malheureusement très tourmentée.

Je suis stupéfait par cette nouvelle : Jacques Régulier serait-il donc le père biologique de Louis-Joseph Valentin ? Aucune certitude certes, mais cette hypothèse est relancée. Étrangement, Nicolas semble vouloir se confier et il poursuit :
- La vie de Catherine a été particulière... jusqu'au bout. Vous saviez que Catherine s'était remariée avec le maçon de Courcelles, Nicolas Gasner ? Même s'ils ont eu une fille, c'était je pense un mariage de façade. Dès le retour définitif de Jacques Régulier d'émigration, Catherine l'a retrouvé et ils se sont installés ensemble ici, aux Étangs. Ils ne pouvaient vivre l'un sans l'autre. Ils ont trouvé cette maison qu'ils ont loué à Simon Michaux. Jacques a pris le métier de boulanger. Malheureusement, la vie a été difficile pour eux. A plusieurs reprises ils ont du procéder à la vente de meubles pour pouvoir subvenir à leurs besoins. 

Cette description de la vie de Catherine m'attriste beaucoup. Que de tourments et de peines pour elle et sa famille ! Nicolas perçoit ma tristesse et essaie alors de me réconforter :
- Vous savez, malgré toutes ces séparations et ces épisodes douloureux, leurs enfants sont restés soudés. Je suis persuadé qu'ils resteront en contact et se soutiendront. En tout cas, j'y veillerai."
A ces mots, Nicolas m'invite à sortir de la maison et ferme la porte car les scellés doivent y être apposés. Dans une dernière accolade, nous nous saluons.

Après quelques instants, je sens une main qui me tape sur mon épaule. Un homme m'interpelle : "Monsieur, monsieur, vous dormez ?". J'ouvre les yeux. Je suis à nouveau assis dans la salle de lecture des archives départementales de la Moselle, devant l'acte d'inventaire après décès du 6 novembre 1809...

4 commentaires:

  1. Dans une salle d’archives le bonheur et la tristesse qui te transportent dans la maison de tes aïeux, c’est un moment génial !

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    1. Je te remercie Marie pour ton commentaire ! Même s'il évoque un moment triste, l'inventaire après décès m'a permis de rentrer véritablement dans l'intimité et le quotidien de Catherine.

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  2. Bravo pour ce rendez-vous ancestral. J'ai suivi avec beaucoup de plaisir les différents articles de cette enquête sur Catherine VALENTIN

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    1. Merci Catherine ! Je suis heureux que mes recherches suscitent du plaisir auprès de mes lectrices et lecteurs :)

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