Ce post vient en écho d’un très bon article d’Elise sur les Gardes-Champêtres, et qui m’a inspiré le sujet et le personnage que je vais vous présenter.
Vie à Hagondange jusqu’en 1756 puis… plus rien avant 1765
Le début de l’histoire de Bernard VALENTIN se passe à Hagondange. C’était à l’époque un village situé en rive gauche de la Moselle, entre Metz et Thionville, et dont la taille était bien loin de la ville actuelle qui compte aujourd’hui près de 9300 habitants.
Le village d’Hagondange en septembre 1755 |
Je perds à ce moment la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille après janvier 1756. Je ne les retrouve que 9 ans plus tard à Courcelles-Chaussy, le village d’origine de son épouse.
Première(s) question(s) : Que s’est-il passé entre 1756 et 1765 ?
Parmi les indices, figurent la date et le lieu de naissance de sa fille, Catherine, également mon aïeule. En effet, dans un de ses mariages, il est dit qu’elle est née le 1er décembre 1760 à « Escasel ». A force de recherches sur le nom de la ville, je pense qu’il s’agit d’une mauvaise transcription de « Hesse-Cassel ». J’ai dons émis l’hypothèse que Bernard VALENTIN était soldat pendant la guerre de sept ans (1756-1763) et aurait combattu et se serait installé avec sa famille dans cette région d’Allemagne, lors de l’occupation française. Cette hypothèse est possible, dans le sens où il existait à côté d’Hagondange, un camp militaire qui a notamment accueilli des troupes qui ont combattu ensuite pendant la guerre de sept ans. Comment vérifier cette hypothèse ? Pensez-vous qu’il est-il possible de retrouver l’acte de naissance de Catherine VALENTIN ? Quelles ont été les conditions de déplacement et d’installation de familles entières venues de France ?
Retour à Courcelles-Chaussy : un manœuvre devenu Verger
Je retrouve donc Bernard VALENTIN et Barbe GARAND en janvier 1765 à Courcelles-Chaussy. Il est alors manœuvre. Le couple eut cinq enfants entre 1765 et 1772, dont deux seulement survécurent jusqu’à l’âge adulte. Détail important, Bernard VALENTIN ne savait à ce moment ni lire, ni écrire.
En juin 1760, changement de situation. Bernard VALENTIN est cité comme « Verger » dans l’acte de décès de son dernier enfant et signe dans l’acte de sépulture. En janvier 1781, on en apprend un peu plus dans les registres paroissiaux où est intercalé un certain « serment du verge », dont voici un extrait :
L’an Mil sept cent quatre vingt un, le vingt huit Janvier […] je soussigné prêtre et curé de cette paroisse pour réprimer les scandales qui se commettraient dans cette église, a l’absence des échevins, ai fait prêter serment […] a bernard valentin verger de cette paroisse de remplir exactement les devoirs de sa charge et notament de faire au greffe de la justice de ce lieu des rapports de tous les scandales qu’il n’aura pu empecher dans cette église et de les faire toujours conforme à la vérité en foy de quoy il a signé avec moy
b. valentin frochard curé de Courcelles Chaussy
Deuxième question : Qu’est-ce que précisément un Verger ? Quels sont ses rôles ?
S’agit-il d’une spécificité locale ? Je n’ai pour l’instant rien trouvé sur le « Verger ». Il possède a priori un rôle de justice au sein de l’église. Autre remarque: Bernard VALENTIN a-t-il appris à écrire pour cette occasion précise (il était alors âgé de 47 ans…) ?
Déménagement et changement de situation : le Verger devient Garde des Bois, puis Garde des Bois et Champêtres
En août 1788, je retrouve la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille à Lue. Lue est un village localisé dans la paroisse de Hayes qui est située au nord de Courcelles-Chaussy. Il est cité comme Garde des Bois, puis, à partir de 1794, comme Garde des Bois et Champêtre. Il conserve cette situation jusqu’en 1796 au moins. Il était alors âgé de 63 ans.
Mes derniers questionnements concernent sa fille, Catherine, citée plus haut. Son histoire est quelques peu complexe puisque j’ai recensé :
- Deux naissances illégitimes de père inconnu (dont un de mes ancêtres) en 1788 et 1790,
- Un mariage avec Jacques REGULLIER (originaire de la Mayenne) en 1791,
- Une naissance issue de ce mariage en 1792,
- Un divorce d’avec Jacques REGULLIER, celui-ci étant considéré comme émigré, en novembre 1793,
- Une naissance issue du mariage considéré comme légitime entre Catherine VALENTIN et Jacques REGULLIER (alors qu’ils étaient officiellement divorcés…)
- Un remariage de Catherine VALENTIN avec Nicolas GASNER, veuf, en septembre 1801 (OK, c’est possible un remariage)
- Le décès de Jacques REGULLIER puis de Catherine, quelques jours plus tard, les deux étant considérés comme mariés (alors là c’est à n’y plus rien comprendre…)
Troisième question Bonus : C’est quoi que ce Schmilblick ?
Je n’ai pas trouvé de trace de divorce entre Catherine et Nicolas GASNER, et de remariage avec Jacques REGULLIER. Mon hypothèse est donc que le divorce d’entre Jacques REGULLIER et Catherine VALENTIN aurait été annulé par décision de justice après le retour en France de Jacques REGULLIER (il était domestique du Sieur Jobal au château de Lue, et aurait accompagné son maître en 1793 lors de son émigration). Du coup, le remariage avec Nicolas GASNER aurait été caduc. A votre avis, cette hypothèse vous semble t-elle possible ? Si oui, où chercher d’éventuels indices ?
Par avance, un grand merci pour vos commentaires et suggestions qui me permettront d'avancer dans mes recherches !
Sources :
- AD57 – 2 MI361/1 – Registres paroissiaux de la paroisse d’Hagondange (BMS - 1696-1793)
- AD57 – 9NUM/5E111/2 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1736-1765)
- AD57 – 9NUM/5E111/3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1766-1793)
- AD57 – 9NUM/312ED1E3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Hayes (BMS - 1761-1790)
- AD57 - 2 MI 376/1 et 5 MI 312/1- Registres d’Etat-Civil de la commune de Hayes (NMD)
- BNF - Richemont, 1755 – Gallica – Bibliothèque nationale de France, département Arsenal)
Bonsoir Sébastien,
RépondreSupprimerJe suis très contente que mon article t'ait donné envie d'écrire celui-ci :-) L'histoire de ton ancêtre est vraiment très intéressante.
En ce qui concerne son éventuelle participation à la guerre de 7 ans, il serait peut-être possible de retrouver des informations au Service Historique de la Défense : soit un dossier individuel à son nom, soit un registre du régiment dans lequel il aurait servi et qui permettrait de confirmer sa participation au conflit.
En ce qui concerne sa fille, ton hypothèse du retour du premier mari me semble tout à fait vraisemblable. As-tu pu retrouver une trace du second époux dans les archives ? Etait-il toujours considéré comme l'époux de Catherine VALENTIN au moment de son décès ou s'était-il remarié ? Il pourrait y avoir mention d'un divorce ou d'une annulation de mariage.
Par ailleurs, j'ai aussi rencontré le cas d'époux divorcés à cette époque qui ont eu des enfants dits "légitimes" par la suite. J'avais écrit un article à ce sujet (http://www.aupresdenosracines.com/2013/03/peut-on-toujours-faire-confiance-a-letat-civil.html). Dans ce cas, le père était toujours absent lors des naissances, et j'avais émis l'hypothèse que son ex-femme avait peut-être préféré les déclarer comme légitimes plutôt que comme enfants naturels. Jacques REGULLIER était-il présent lors de la déclaration de naissance de son enfant ?
Bon courage pour la suite de tes recherches !
Elise
Bonsoir Elise et merci pour ton commentaire,
SupprimerJ'ai effectivement pensé au SHD, mais sans le régiment, j'ai peur que ce soit très difficile de retrouver quelque chose... (il me semble d'ailleurs que c'est encore très compliqué pour avoir un RDV).
Concernant Catherine VALENTIN, son second époux est décédé en avril 1812. Il est simplement dit veuf de Catherine AUBURTIN (sa première femme). Donc aucune information sur mon aïeule.
Cette histoire m'intéresse et m'intrigue beaucoup.
Concernant Jacques REGULIER, son histoire est également particulière. Originaire de la Mayenne (près de Craon), je ne sais pas trop ce qui l'a amené à quitter sa région natale pour aller s'installer comme domestique au château de Lue. Il existe dans les archives judiciaires des AD de la Mayenne des documents qui concernent des Jacques REGULIER (notamment une procédure et sentence pour vols et bris de prison en 1767). S'agit-il de lui ou de son père ? Jacques REGULIER a été considéré comme émigré pendant la révolution (il figure dans la liste des émigrés de la Moselle, au même titre sur son maître, Sieur JOBAL). On apprend que ce dernier est rentré en France en prairial de l'an X (soit en juin 1802), soit peu après le remariage de Catherine VALENTIN.
Un autre détail qui me pose question (à moins que ce soit une coïncidence), lors de la naissance naturelle du deuxième enfant de Catherine en 1790, et à la naissance de son prétendu deuxième enfant qu'elle aurait eu avec Jacques REGULIER en 1796 (alors qu'il est sensé être émigré!), un certain Joseph HURLIN est présent et signe. Était-ce finalement lui le père de ces enfants ? le mariage de Catherine avec Jacques REGULIER a t'il était arrangé pour éviter toute histoire ?
Enfin, le décès à quelques jours d'intervalle de Catherine VALENTIN et Jacques REGULIER me semble bizarre. Que s'est-il passé ?
Bref, encore beaucoup de questions... Je pense que je vais reprendre de manière posée, et sous la forme d'une ligne de vie "multi-personnes" l'ensemble des évènements pour y voir un peu plus clair.
En tout cas merci de tes remarques Elise,
A très bientôt,
Sébastien