samedi 19 janvier 2019

#RDVAncestral - Pour exaucer son vœu le plus cher...

Comme chaque mois, le #RDVAncestral permet de partir à la rencontre de ses ancêtres. C'est l'occasion de vivre des moments importants de leur vie ou de participer à leur quotidien. Aujourd'hui, j'ai exploré un scénario différent des précédents, puisque ma rencontre se place dans une période plutôt récente...




***

Vendredi 18 janvier 2019. Fatigué de ma longue journée de travail, je suis confortablement assis dans mon fauteuil placé à côté de la cheminée ; vous savez, ces grandes cheminées en pierre, surmontées d'un linteau en granite et qui font le charme des maisons bretonnes. Bien installé, je me laisse à rêver... Cette douce chaleur du foyer et le crépitement des flammes me rappellent cette si belle soirée que j'avais passée auprès de la famille de Charles DANY dans l'un de mes tous premiers rendez-vous ancestraux. Peu à peu je m'assoupis...

Les yeux clos, j'entends soudain une voix qui m'interpelle. Je sursaute.

"- Eh ! Vous ! Que faites-vous ! Vous êtes en train de vous reposer ! Vous n'avez pas autre chose à faire!"

Je me relève du fauteuil dans lequel j'étais assis. Pourtant, plus de flammes, plus de cheminée bretonne. Me voilà transporté dans un autre lieu, et sans doute un autre temps, prêt pour un nouveau #RDVAncestral.

Observant rapidement la pièce où je me trouve, je n'ai aucune difficulté à reconnaître une chambre d'hôpital. Chose étonnante, je suis vêtu d'une blouse. Visiblement agacé par mon manque d'initiative, l'homme qui m'avait interpellé vient vers moi:

"- Vous êtes nouveau ici ? Sachez qu'il n'y a pas de place ici pour les paresseux ! Retournez à votre poste et que je ne vous reprenne plus !"

Cet homme doit être médecin et il doit me prendre pour un infirmier ou un aide-soignant. Peu habitué à être rabroué de la sorte, je reste sans voix pendant quelques instants. Me scrutant une dernière fois, il quitte enfin la pièce me laissant reprendre mes esprits. Comme à l'accoutumé, je ne sais qui je dois rencontrer. Le #RDVAncestral a pour principe de laisser son principal protagoniste dans le flou le plus complet. A lui de comprendre la situation et de se laisser porter au gré des événements et des rencontres...



Suivant donc mon instinct, je sors de la chambre et me dirige vers le couloir. Juste à ce moment-là, une infirmière passe et me demande d'aller dans la chambre n°230 pour vérifier si le patient n'a besoin de rien. Ne voulant pas revivre la situation de mon arrivée, je m'exécute aussitôt.

Chambre 230, nous y sommes. Je frappe à la porte et rentre dans la pièce. Une dame est assise à côté du lit, au chevet d'un homme d'une soixantaine d'année, visiblement très affaibli. Elle se retourne et me demande alors si elle doit quitter la chambre. C'est à ce moment que ce  #RDVAncestral bascule.

Me voilà devant à une situation inédite et totalement déroutante. Je sens rapidement les larmes me monter aux yeux. Je me rapproche alors du patient. Je le reconnais. C'est lui. Cet homme qui est alité est mon Papi et la dame assise à ses côtés est sa sœur, ma grande-tante, toujours en vie aujourd'hui.


Je ne dois pas montrer mes émotions. Je dois me ressaisir.

Ma grande-tante rassemble alors ses affaires en disant qu'elle devait de toute manière partir car son mari l'attendait en bas depuis quelques temps. Elle embrasse son frère en lui disant ces mots :

"- Prends soin de toi, je reviendrai te voir.
- Tu crois que je le verrai mon petit-fils ?
- Mais oui que tu le verras !"

Ces mots me bouleversent. Ce petit-fils qu'il veut tant voir, n'est autre que moi...


Pendant qu'elle l'embrasse à nouveau, je remarque la date du jour inscrite sur la feuille de suivi accrochée à l'avant du lit : 20 juin 1981. Il n'y a aucun doute, je suis à quelques jours de ma propre naissance et de la disparition de mon Papi.

Après le départ de ma grande-tante, je m'approche alors de mon Papi qui, malgré la douleur et son état de fatigue, se tourne vers moi et me dit :

"- Vous savez, je voudrais tant voir mon petit-fils avant de mourir. Il doit naître bientôt. J'aimerais tant avoir la force de pouvoir vivre encore un peu."

Comment le lui-dire ? Dois-je lui avouer que je suis ce petit-fils qu'il désire tant voir de ses propres yeux ? Je doute qu'il va me croire. Et puis, qu'ai-je à perdre ? Je m'en voudrai sans doute toute ma vie de ne pas lui avoir dit. C'est la seule occasion que nous avons de nous rencontrer. Je ne dois pas manquer ce moment !

"- Pierre, j'ai un aveu à vous faire. Je suis votre petit-fils, Sébastien. C'est peut-être difficile à croire, mais je viens dans ce que nous appelons le #RDVAncestral. Je suis sans doute venu ici aujourd'hui pour corriger votre vœu le plus cher et qui n'a pas pu être exhaussé. "

Son regard s'attendrit et je vois une larme couler sur sa joue. Il me croit ! Les liens du cœurs sont plus fort que la raison. La gorge nouée, je me mets à pleurer et entre deux sanglots je m'approche de lui et le prend dans mes bras: "Oh papi ! Je suis si heureux !". Nous restons un long moment l'un contre l'autre. Je suis bien. Nous sommes biens.

Sentant que mon #RDVAncestral s'achève ici, je me relève, j'embrasse Papi une dernière fois et lui dit adieu. Visiblement soulagé, il pose sa tête sur l'oreiller et ferme les paupières...

***

Les bruits de l'hôpital laissent peu à peu la place aux crépitements des flammes. J'ouvre les yeux. Je suis à nouveau assis dans mon fauteuil, heureux d'avoir pu exhausser le vœu de mon grand-père, et en espérant au plus profond de mon cœur, que cette rencontre s'est réellement déroulée...





jeudi 17 janvier 2019

#Projet3Mois - Le W de Louis-Joseph et l'apprentissage de l'écriture dans la famille VALENTIN (Saison 2, Episode 1)

Mon nouveau #Projet3Mois constitue la suite logique du précédent, puisqu’il va s’intéresser à la vie de Louis-Joseph WALENTIN, fils de Catherine VALENTIN. Depuis début décembre, j'ai pu avancer sur mes différents sujets de recherche, notamment grâce à quelques visites aux Archives Départementales de la Moselle, et à la lecture de nombreux documents, ouvrages et sites internet.
 
Dans ce premier épisode de la saison 2 consacrée à Louis-Joseph WALENTIN, je vous propose de partir à l'origine du W du patronyme V(W)ALENTIN. Et comme d'habitude, vos idées et commentaires sont toujours les bienvenus !


Retour aux origines de la famille VALENTIN et sur leur maîtrise de l'écriture

Bernard VALENTIN, père de Catherine et grand-père de Louis-Joseph était originaire du village d’Hagondange. Ces parents et grands-parents paternels étaient manœuvres et vivaient modestement, contrairement à une autre branche « VALENTIN » qui était composée de laboureurs (Ces deux branches sont sans doute liées, mais ceci est une autre histoire !). Dans ces conditions, Bernard était destiné à rester manœuvre et à vivre une existence plutôt modeste. Pourtant, la suite de son histoire démontrera qu’il saura dépasser le destin qu’il lui était tout tracé.

Le village d'Hagondange en 1755 (BNF, département Arsenal, MS-6452 (443), Gallica)

Ainsi, peu après son mariage avec Barbe GARAND, Bernard rejoint les armées du roi Louis XV pour participer en tant que soldat à la guerre de Sept Ans (j'en parle plus précisément pour mon précédent #Projet3Mois). En 1765, il revient en Lorraine et s'installe à Courcelles-Chaussy d'où est originaire son épouse. D'abord manœuvre, sa situation va évoluer à partir de 1778.

Évolution sociale et apprentissage de l'écriture chez les VALENTIN


La lecture attentive des registres paroissiaux de Courcelles-Chaussy nous permet de repérer l'évolution de carrière de Bernard VALENTIN. Ainsi, dans un acte de 1778 il est cité comme "Bedeau", puis comme "Verger". Il le restera d'ailleurs jusqu'à son départ de la paroisse, moins de 10 ans plus tard.

D’après la définition du dictionnaire de l’Académie française, le bedeau est un employé d’église qui a pour insigne une verge ou canne et pour fonction principale de marcher devant les ecclésiastiques, devant les quêteurs, etc., et de leur faire ouvrir passage (vous trouverez plus de détail sur le bedeau dans le très bon article de Maxime Tigé du blog « Les épis de Beauce »). Le terme "Verger" est ici une variante de "Bedeau".

Toujours est-il qu'avec cette évolution de situation, Bernard va apprendre à écrire, ou du moins à signer. J'ai compilé ci-dessous quelque captures de ses signatures entre 1776 et 1785. Le dernier acte où il appose une marque ordinaire date de la fin de l'année 1778. Sa première signature date de juillet 1779. Donc, son apprentissage se situe au début de l'année 1779.




Lorsque Bernard apprend à signer, ses trois enfants ont été à l'école ou sont en âge d'y aller :
  • Catherine, l'ainée, a 19 ans,
  • Joseph, a 13 ans,
  • Marie, la cadette, a 11 ans.
A cette époque, le régent d'école de Courcelles-Chaussy était Pierre de GLATIGNY.

Comment Bernard VALENTIN a-t-il appris à signer ?



Au XVIIIe siècle, le régent, ou maître d’école, est recruté par la communauté selon trois critères : la présence et l’accord du curé, leur vote des habitants, et l’approbation épiscopale (Cabourdin, 1984). Très souvent, c’est le curé qui conseille à la communauté le meilleur candidat pour ce poste et c’est seulement après la validation de l’évêché que le régent d’école prête serment.

Le grand maître d'école par Boissieu, Jean-Jacques de, 1736-1810
Bibliothèque municipale de Lyon (F18BOI001451)

Comme le signale Michel LECOMTE du Cercle Généalogique de pays messin, dans un exemple de contrat de maître d'école, (cf ce Lien), les contrats d’embauche ne laissent rien au hasard et tout est scrupuleusement décrit pour les deux parties avec un extrême souci du détail : rémunération en argent et en nature, exemption d’impôts, obligations d’éducation et d’apprentissage de la lecture aux enfants, obligations liées à ses fonctions au sein de l’église...

Le plus souvent, le régent d’école est également chantre et marguillier. Ainsi, il travaille en étroite « collaboration » avec le bedeau dans le cadre de ses fonctions au sein de l’église. De ce fait, il ne fait aucun doute que Bernard VALENTIN devait côtoyer Pierre de GLATIGNY régent d’école. C’est ainsi que ses enfants ont pu bénéficier d’une instruction scolaire et que, par conséquent, il a pu apprendre à signer. Je ne sais cependant pas si c'est Pierre de GLATIGNY qui lui a enseigné les rudiment de l'écriture, ou bien l'un de ses enfants.

Enfin, pour aller plus loin, et d’après l’ouvrage de Guy Cabourdin, les maîtres d’école n’apprennent à écrire qu’aux enfants dont les parents en ont manifesté le désir (et qui en ont la capacité). Encore une marque possible de la volonté de Bernard de vouloir donner le meilleur à ses enfants.


L'apprentissage de l'écriture chez les enfants VALENTIN


Les trois enfants qui ont vécu jusqu'à l'âge adulte ont appris à écrire, ou du moins à signer. La comparaison des trois signatures (ci-dessous) montre néanmoins que l'une d'entre-elles se détache du lot : c'est celle de Joseph VALENTIN. Sûre de lui, il montre une très bonne maîtrise du geste.

Cependant, un élément ne vous aura peut-être pas échappé : il signe WALENTIN et non VALENTIN. 



J'ai retrouvé cette signature dans l'acte de baptême de Louis-Joseph WALENTIN dont Joseph est le parrain. Ça y est, nous y arrivons !

Le W de Joseph à Louis-Joseph

L'apparition du W dans le patronyme est donc du fait de Joseph V(W)ALENTIN, fils de Bernard, qui a sans doute voulu se démarquer et s'affirmer vis-à-vis de sa famille, éventuellement incité par son régent d'école. C'est une possibilité.

Une question se pose néanmoins : pourquoi et comment mon aïeul, Louis-Joseph WALENTIN, a t'il lui aussi orthographié son nom de la sorte, alors que sa mère a conservé le V ?

Mon hypothèse est tout simplement que Joseph WALENTIN, devenu à son tour régent d'école, a été le professeur de son filleul. En lui apprenant à écrire, il lui aurait également incité à orthographier son nom avec un W. Sans être un spécialiste de la graphologie, je trouve qu'il existe des similitudes dans l'écriture de Louis-Joseph et de son parrain.

  


Joseph WALENTIN n'aura aucun enfant lors de ses deux mariages (tout comme sa sœur, Marie VALENTIN). Ainsi, son patronyme en W, qui était destiné à ne pas perdurer, va traverser les génération et arriver jusqu'à nous.

Le W de 1788 à aujourd'hui

Prenons comme point de départ la génération de Joseph WALENTIN et de sa sœur Catherine. Louis-Joseph est donc la 2ème génération des WALENTIN.

A la troisième génération (celle des enfants de Louis-Joseph), on compte 8 WALENTIN, dont Jean Jacques Hubert, mon ancêtre qui finira sa vie à l'asile de Maréville (54). La suite est présentée dans cette infographie, réalisée sous forme de carte mentale. J'ai voulu ici synthétiser les différents VALENTIN/WALENTIN au fil des générations. Les WALENTIN apparaissent en vert et les VALENTIN en bleu. 

(Pour information, cette carte mentale a été réalisée avec la version de test de I MindMap 11).

Les WALENTIN du XVIIIè siècle à aujourd'hui (branches descendantes partielles de Bernard VALENTIN).
Vous remarquerez que les WALENTIN n'ont pas tant "prospéré" que cela. Cela s'explique par les branches féminines d'une part, mais également par les nombreux célibataires et mariages laissés sans descendance.

La branche WALENTIN qui conduit à moi s'arrête avec Anna WALENTIN, mon arrière-grand-mère.

Aujourd'hui, il existe toujours des WALENTIN dans le secteur de Vry. Il s'agit sans doute de cousins éloignés mais que je n'arrive pas pour l'instant à raccrocher à cet arbre.

Vous aurez peut-être remarqué que dans les dernières générations, le V réapparait. C'est le cas d'un certain nombre de frères et sœurs de mon arrière-grand-mère qui ont corrigé leur nom pour revenir à la forme initiale VALENTIN. Pourquoi ? S'agissait-il de gommer ce W qui paraissait sans doute plus allemand que français ? C'est fort possible car la légende familiale disait que le W était apparu pendant l'annexion en 1871 et qu'il s'agissait d'une forme germanisée de VALENTIN... Comme quoi, après quelques recherches, la généalogie est capable de tordre le coup à des idées reçues et vieilles croyances familiales bien ancrées !


Dans le prochain épisode, nous partirons en conscription avec Louis-Joseph WALENTIN ! 


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Sources


CABOURDIN Guy, 1984. La vie quotidienne en Lorraine aux XVIIe et XVIIIe siècles. Paris. Ed. Hachette. 319p.

BONTEMPS Daniel, 1993. Au temps de la soupe au lard, la vie traditionnelle d’autrefois en Lorraine. Metz. Editions Serpenoise. 490p.

Archives départementales de la Moselle

  • Registres paroissiaux de Courcelles Chaussy. BMS 1766-1793, 9NUM/5E111/3 (En ligne)
  • Registres paroissiaux de Hayes.  BMS 1761-1790,9NUM/312ED1E3 (En ligne)
  • Archives de l'étude de Boulay I, maître FLOSSE. Minutes de l'année 1825 (307 U 22)
Les infographies ont été réalisées sur Canva et avec l'aide du logiciel I MindMap 11.

samedi 15 décembre 2018

#RDVAncestral - Pourvu qu'il ne soit pas trop tard...

Depuis un mois, j'attends patiemment le prochain #RDVAncestral. Il faut dire que ma rencontre avec Oswalt RICHARD s'était très bien passée et j'avais beaucoup apprécié notre discussion. Mais là, je suis dans l'inconnu. Pensez-donc ! Une heure que je marche sur ce chemin de terre et de cailloux ! Je ne sais d'ailleurs ni où je suis et quand. La seule chose que crois devoir faire c'est d'avancer et de mettre un pied devant l'autre...

Bon, voyons Sébastien ! Je dois arrêter de grommeler ! J'ai connu des situations plus difficiles. Et puis, finalement, le fond de l'air est plutôt doux en cette fin de journée et je devrais profiter de cette promenade bucolique. Je continue donc de marcher, mais pourtant, au fond de moi, j'ai un mauvais pressentiment.

Enfin, j’aperçois un village. Au fur et à mesure que j'avance, je distingue au bord du chemin la silhouette d'un homme, debout contre un arbre. Il porte un long manteau de toile et sa tête est recouverte d'une capuche. Étrange accoutrement pour cette période de l'année me dis-je intérieurement. Avec sa main droite, il fait sauter une pièce de monnaie qu'il rattrape aussitôt. Il attend. Il m'attend.

J'arrive à dix mètres de lui quand il m'adresse la parole :
"Dépêchez vous cher ami, nous allons être en retard!".
A ces mots, je sursaute. J'essaie de distinguer son profil mais le soleil couchant m'empêche de percevoir les traits de son visage. Pourtant, cette voix m'est presque familière. Je me dirige alors vers lui et il enlève sa capuche.
" - Hubert, vous ici ?
- Et oui mon cher Sébastien ! Nous nous retrouvons encore une fois ! Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas croisés  !"
Sa présence ici ne doit rien au hasard. J'imagine que la personne que je dois rencontrer aujourd'hui est de la famille VALENTIN. Trop impatient de savoir l'objet de mon #RDVAncestral, je l'interroge :
"- Hubert, qui devons-nous rencontrer aujourd'hui ? Et quel jour sommes-nous ?
- Voyons... il réfléchit. Nous sommes aujourd'hui le lundi 11 mai de l'année 1812.
- 11 mai 1812, vous en êtes certains ?"
Mes pensées cherchent une lieu, une personne... 11 mai, la veille du 12... Mais...
"- Oh ! Mon Dieu !
- Comme vous le dites mon cher ami. Nous devons nous dépêcher avant qu'il ne soit trop tard."
A ces mots, nous nous mettons en marche sans vraiment connaître l'endroit exact où nous devions aller. Nous approchons d'Hémilly, une commune située entre Metz et St-Avold. C'est un village typiquement lorrain structuré en deux rangées de maisons le long de la rue principale. Au milieu, se dresse l'église.

Arrivé à la première bâtisse, Hubert frappe à la porte et entre directement. Je suis un peu gêné par son impertinence, mais bon, nous sommes pressés. Une vielle dame vient alors à sa rencontre et nous demande ce que nous venons faire ici. Hubert prend aussitôt la parole :
"- Bonsoir madame, excusez-nous de notre entrée mais nous cherchons la maison de l'instituteur, nous devons y aller et c'est très urgent."
A ces mots, elle semble comprendre et nous donne les quelques explications nécessaires :
"- Vous trouverez sa maison à droite de l'église, je crois savoir que notre Curé y est allé après l'angélus.
- Nous vous remercions. Passez une bonne soirée."
Nous reprenons notre chemin en direction de la maison qu'elle nous a décrite. Hubert presse le pas et j'ai du mal à le suivre. Plus d'une heure que je marche tout de même !

Ça y est, nous y sommes. J'essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle.

Nous frappons à la porte. Une dame nous ouvre, nous accueille et nous demande de faire silence.

Nous pénétrons dans la pièce principale de la maison qui fait office de cuisine et de chambre. Au milieu, la table est recouverte d’un linge blanc sur lequel est posé un crucifix, deux bougies sur leurs chandeliers, un ciboire, un vase rempli d'huile et une assiette dans laquelle sont placés plusieurs morceaux de laines et de tissus. Plusieurs personnes sont présentes et se tiennent agenouillées.

Dans le lit, un vieillard est couché et semble très affaibli. Seul debout, le curé réalise ce que je devine être les derniers sacrements. Les émotions me submergent et j'ai du mal à reprendre ma respiration. J'essaie de me calmer.

Un des hommes nous demande de nous approcher et de nous agenouiller également.

L'extrême-onction, Pietro Antonio Novelli, 1779. Domaine public.

Au bout de quelques minutes, un enfant de chœur apporte au prêtre le vase d'huile qui était posé sur la table. D'un pas lent, ce dernier avance à nouveau vers le vieil homme puis trempe son pouce droit dans le récipient avant de l'apposer sur l’œil droit, paupière fermée, en réalisant le signe de croix. D'une voix basse il dicte ses mots :
« Per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus, quidquid per visum deliquisti ».
Le vieil homme ouvre alors sa bouche et répond difficilement par un « Amen » .

S’ensuit alors l’onction de l’œil gauche, des oreilles, des narines, de la bouche, des mains puis enfin des pieds. Le rituel terminé, le prêtre frotte son pouce sur un morceau de mie de pain, se rince avec de l’eau puis s’essuie à l'aide d'une serviette blanche.

Très rapidement, et sentant sans doute la fin arriver, il se rend vers la table. Il réalise une génuflexion et découvre le Ciboire pour y prendre l’hostie qu’il tient légèrement surélevé au-dessus de la coupe. Il s’approche du mourant et lui montre en disant : « Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi… ».

A cet instant, une grande émotion m’envahit à nouveau. C’est la première fois que j’assiste aux derniers sacrements d'un homme. J'éprouve alors une profonde tristesse et je sens une larme couler sur ma joue. Ce sont les derniers instants d’une vie… Et quelle vie !

Lui qui n’était que manœuvre, il est parti combattre dans l’armée du Roi Louis XV pendant la guerre de Sept Ans, avec femme et enfants. Et puis, de retour en son pays, avec force et courage, il a voulu s'extraire d'un destin qui lui était tout tracé. Apprendre à lire, se faire respecter par la communauté… Après quelques années, il part de son village pour s’installer à Lüe et devenir le Garde du château et de ses terres. Pendant la Révolution française il deviendra Garde Champêtre. Beau parcours pour un homme qui devait rester manœuvre ! Mais aujourd’hui, je suis devant un vieillard, amaigri et souffrant des épreuves que la vie ne lui a pas épargnées. Sans le sou, il était devenu mendiant, sans doute trop fier pour accepter d’être hébergé par son fils. Pourtant, c’est bien chez lui qu'il vit ses derniers instants. Il ne pouvait plus refuser. Mon cher Bernard VALENTIN, j’aurais tant voulu vous croiser à un autre moment de votre vie !

A cet instant, je relève ma tête et rouvre mes yeux. Je vois le prêtre lui remettre l’hostie qu’il avale difficilement. Son fils, Joseph, lui soutient la tête pour qu’il puisse recevoir le Saint-Viatique.

Je me tourne alors vers Hubert agenouillé à côté de moi et je perçois également sa grande émotion et l'immense chagrin qu'il ressent. Il assiste aux derniers instants de son arrière-grand-père qu'il n'a jamais connu.

Les sacrements terminés, le prêtre s'assied à côté du lit. Nous restons tout autour de lui. Nous veillons.

La nuit est maintenant tombée depuis plusieurs heures et seuls les flammes vacillantes des bougies apportent quelques lueurs dans ces instants si sombres.

Le temps s'écoule, lentement, très lentement. J'ai l'impression que cette veillée dure un éternité mais pourtant, je ne souhaite pas qu'elle se termine car cela signifierait que tout est fini.

La nuit avance. La respiration de Bernard se fait de plus en plus lente et profonde. Une tension silencieuse remplit la pièce. J'ai la gorge nouée. Mon cœur bat de plus en plus fort à mesure que le sien peine à continuer.

Et puis vers une heure et demie du matin, Bernard pousse son dernier soupir.

C'est terminé.

Hubert, visiblement éprouvé, sort de la maison et me demande de le suivre.

Nous marchons quelques mètres. Le ciel est couvert d'étoiles et nous plonge dans l'immensité des mystères de la vie et de la mort. Après plusieurs minutes, et reprenant ses esprits, Hubert me dit:
"- Je crois que notre rendez-vous ancestral se termine ici.
- Oui je le crois... Hubert, je vous remercie de m'avoir accompagné dans ce moment si triste. C'est la première fois que j'assiste aux derniers instants d'un homme. J'en suis bouleversé."
Hubert me sourit et me prend dans ses bras. Ne pouvant plus retenir mon chagrin, je fonds en larmes.

Ce rendez-vous ancestral touche à sa fin et nous devons nous quitter. Je remercie encore Hubert et le salue en espérant le revoir dans un moment plus joyeux.

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Sources :

  • Le rituel des derniers sacrements que j'ai décrit est inspiré des éléments décrits dans le Rituel de Saint-Diez (Vosges) qui devait être très proche de ce qui était pratiqué en Moselle. Lien.
  • L'extrême-onction dans l'ancien temps. Article du blog "Garrigues et sentiers" paru le 1er novembre 2012. Lien
  • Acte de décès de Bernard VALENTIN. Archives départementales de la Moselle. Paroisse de Hémilly. 5 MI318 /1 (NMD 1793-an VII, an II-1892).

mardi 11 décembre 2018

Inkarnate, un outil pertinent pour la généalogie ?

Dans un récent tweet, Marie de la Forêt de Briqueloup nous faisait découvrir Inkarnate, un outil de création de cartes pour des romans de fantasy, en nous questionnant sur la possibilité d'utiliser cette solution pour la création de cartes "non-fictives". Pour y répondre, j'ai voulu tester ce site internet et voir quels pouvaient être ses applications en généalogie.

Présentation d'Inkarnate

Inkarnate c'est d'abord un outil de création de cartes pour des mondes imaginaires que l'on retrouve notamment dans les romans de Fantasy (dont le plus célèbre est le Seigneur des Anneaux).



Avant toute chose, il faut créer un compte en cliquant sur "Beta Sign Up" en haut et à droite de la page d'accueil.

La prise en main est assez facile (la seule limite reste la langue anglaise pour celles et ceux qui ne maîtrisent pas la langue de Shakespeare).

Le principe de la création de carte est simple : le dessin se fait à la souris. Il faut d'abord délimiter la mer et les terres. Ensuite, il est possible de colorer le terrain grâce à une dizaine de textures différentes. On peut y ajouter également différents types d'objets (arbres, montagnes, collines, constructions, villages, ruines, tours, châteaux...). Enfin, l'outil permet d'intégrer du texte que l'on peut personnaliser (type et taille de police).


Utiliser Inkarnate pour reconstituer les lieux de nos ancêtres


J'ai voulu tester Inkarnate pour voir si ce site pouvait être utilisable dans la création de cartes non-fictives, utilisables pour illustrer nos recherches généalogiques. Pour cela, j'ai souhaité reconstituer une carte des villages de Schell et Vinsberg en utilisant la carte d'Etat-Major que l'on trouve sur le site Géoportail.

Première limite : il n'est pas possible d'importer un fond de carte et dessiner par dessus. Néanmoins, le site permet d'ajouter un quadrillage qui peut être bien utile pour recopier une autre carte. J'ai donc créer une grille sur ma carte d'état-major, en numérotant les lignes et les colonnes, grâce à excel.

  
Carte d'Etat-Major (1820-1866) - Source : Géoportail 2018

Étape 1 : Création du fond de carte avec les textures


Lorsque l'on crée une nouvelle carte, on se trouve d'abord devant un fond bleu qui représente la mer. Mon terrain étant entièrement sur la terre ferme, je dois combler tout ça !

Je vais donc sur "Sculpt tool" représenté par une petite pelle (en haut de la barre à gauche) et je me mets en mode "add" (à l'inverse le mode "substract" supprimer de la terre pour recréer des zones en eau). Je peux ensuite régler la forme de mon traçage (ici "Circle") ainsi que sa taille (ici 64). A l'aide de la souris, je colorie toute ma zone de dessin.

Écran de démarrage de la carte - Inkarnate




Comme précisé avant, je crée ensuite un quadrillage en choisissant une taille qui correspond au quadrillage de ma carte initiale. Pour mieux m'y retrouver, j'ai ajouté la numérotation des colonnes et lignes grâce à l'outil texte ("T").

Création d'un quadrillage de dessin avec l'outil "Grid" - Inkarnate

Le dessin est réalisé avec l'outil "Brush" représenté par le pinceau. Il est possible de choisir la texture de fond, la forme du traçage (ici "circle"), la taille ("size") ainsi que l'effet de flouté des bords du traçage (à savoir que la valeur 0 permet de créer des bords nets).

Pour réaliser ma carte, j'ai d'abord dessiné les différentes occupations du sol de mon terrain :
  • les terres labourables restent avec la couleur du fond de carte que j'ai choisi
  • les forêts auront un fond vert foncé
  • les prairies auront un fond vert clair.
Différentes textures proposées dans la version gratuite d'Inkarnate

J'avoue que le traçage du dessin n'est pas aisé avec la souris (sans doute serait-ce plus simple avec un stylet directement sur l'écran !).

Pour le traçage des cours d'eau, j'ai utilisé l'outil "Sculpt tool" en mode "substract" en utilisant un pinceau de très petit diamètre (8). On peut, en augmentant le diamètre, créer des étangs, lacs, mares...

Le fond de ma carte avance : forêts, prairies, cours d'eau

Le traçage des chemins est plus problématique je trouve. L'utilisation de la souris ne permet pas de créer de traits nets et on perçoit toujours les tremblements et autres problèmes de dérapage. Il est dommage que l'outil ne puisse pas permettre de dessiner des polylignes comme dans un logiciel de SIG*... (enfin bon, ce n'est pas un SIG !)



Étape 2 : Ajout des objets (végétation et constructions)


La carte semble bien vide pour l'instant. Heureusement, les objets naturels et les constructions vont améliorer tout cela !

Pour la végétation, l'outil est représenté par des sapins (barre à gauche). Dans la version gratuite, il est possible de choisir des feuillus, résineux ou des arbres morts. On peut également ajouter des montages ou collines. Dans la barre en haut, il est également possible de changer la taille de chaque objet.

L'ajout des arbres est très facile car il suffit de laisser appuyer son "clic gauche" et les arbres apparaissent comme par magie ! Tout de suite, la carte prend une autre allure !

De la même manière, j'ajoute des éléments de type "village" et constructions pour représenter les villages de Schell et Vinsberg. Pour cela, il suffit de cliquer sur le bouton en forme d'entrée de château dans la barre de gauche.

Ajout de la végétation - Inkarnate

Étape 3 : Ajout des éléments textes et finalisation de la carte

Rien de difficile pour ajouter les textes. Il suffit de cliquer sur le bouton "T" dans la barre de gauche. Comme précisé plus haut, il est possible de choisir la police et la taille.

Pour faire beau, j'ai ajouté également une rose des vents (vous la trouverez dans la banque d'objets de constructions).

Enfin, j'enlève mon quadrillage et je supprime mes numérotations de grilles. Pour se faire, je clique sur le bouton texte ("T") et je clique ensuite sur "Select" dans la barre du haut. Je peux alors sélectionner les objets textes et les supprimer en cliquant sur le petit bouton qui apparaît en haut à droite de l'élément sélectionné, puis en appuyant sur "Delete".

Et voilà le résultat !

Carte des villages de Schell, Vinsberg et Kirsch (Moselle vers le milieu du 19e siècle

Mon premier bilan : quelle utilité en généalogie ?


La création de la carte m'a pris environ une heure de temps (je ne compte pas un problème de plantage et de rupture de connexion internet qui a fait buguer le site!). Ceci est beaucoup plus rapide que la création d'une carte avec un logiciel de SIG*. Bien évidemment, et malgré l'utilisation d'une grille pour copier la carte, les éléments ne sont pas aussi précis.

Visuellement, je trouve le résultat plutôt réussi. La carte est belle et les couleurs créent même une véritable ambiance "fantasy" au territoire de mes aïeux ! A côté de cela, la carte d'Etat-Major semble terne et fade.

Son utilisation peut être utile également pour figurer sur une carte des informations issues d'archives comme des vieilles cartes ou des pieds terriers.

A noter que la version gratuite permet de créer une carte en définition moyenne et offre des possibilités intéressantes. Il existe une version "Pro" payante (25 $/an) qui offre la possibilité de créer des cartes en Haute-Résolution et comprend plus de 500 objets (végétation, constructions...) et de nombreux autres fonds et textures. Nul doute que cette version permet de créer des cartes encore plus riches, mais à mon niveau, la version gratuite est suffisante.

Finalement, en quelques heures, j'ai réussi à m'approprier cet outil et à créer une carte que je vais pouvoir utiliser pour illustrer différents articles de mon blogs.


Et vous, êtes-vous tenté de tester cet outil ? Quelle utilisation voyez-vous pour votre généalogie

Lien vers le site : https://inkarnate.com/


* SIG : Système d'Information Géographique

mardi 4 décembre 2018

Nouveau #Projet3Mois - La vie de Louis-Joseph Walentin (1788-1849)

Mon nouveau #Projet3Mois constitue la suite logique du précédent, puisqu’il va s’intéresser à la vie de Louis-Joseph WALENTIN, fils de Catherine VALENTIN.

Je ne m’étalerai pas sur sa naissance et la recherche de son père biologique, puisque ces questions ont été abordées dans le précédent #Projet3Mois (Épisode 2 : Qui est le père de Louis-Joseph Walentin ? et Épisode 5 : des actes retrouvés). Pour autant, soyez sans crainte ! Je ne manquerai pas de faire mention des éventuelles avancées que je pourrai faire au hasard des recherches que je vais faire !

La vie de Louis-Joseph couvre toute la première moitié du 19e siècle. Cette période offre, pour le généalogiste, une multitude de sources d’un grand intérêt comme le cadastre, les tables de successions en absences, les registres matricules ou autres documents dont certains sont apparus après la Révolution française.

Pour ce #Projet3Mois, j’ai décidé d’étudier la vie de Louis-Joseph de sa conscription (à l’âge de 18 ans), à son décès en 1849 (à l’âge de 60 ans). J'ai déjà beaucoup d'informations en ma possession mais il reste quelques interrogations et des sujets que je voudrais approfondir. La suite de mon article vous propose les principaux points que je vais étudier, ce qui constitue mon plan de recherche pour les trois prochains mois.


Mon plan de recherche 


1/ La question du W et de l’apprentissage de l’écriture chez les V(W)ALENTIN 


W comme Walentin ! Voici typiquement un article du #ChallengeAZ ! Et effectivement, j’en avais déjà parlé en 2013.

Je souhaiterais aujourd’hui essayer d’aller plus loin dans mon analyse. Pourquoi le V s’est-il transformé en W ? Qui a eut cette initiative ? Pourquoi ? Comment ce W s’est-il « propagé » dans les branches de l’arbre généalogique?

Cette étude me permettra également d’étudier l’apprentissage de l’écriture dans la famille. En effet, le grand-père de Louis-Joseph, Bernard Valentin, ne savait par écrire comme en témoignent les premiers actes où il appose simplement une marque ordinaire. Pourtant, après plusieurs années, Bernard apprend à signer. Ces enfants suivront ensuite une éducation et apprentissage de l’écriture qui permettra notamment à l’un de ses fils de devenir greffier puis maître d’école. Les enfants de Louis-Joseph apprendront également à signer et écrire.

Signature de Louis-Joseph Walentin en 1818 (AD57)


2/ La conscription de Louis-Joseph et étude « sociologique » des conscrits mosellans de 1807

En 1807, Louis-Joseph est âgé de 18 ans. En avril, l'Empereur demande la levée des conscrits de 1808 par anticipation, soit 60 000 hommes. Louis-Joseph ne déroge pas à cette décision et malheureusement, tire le mauvais numéro. Il part donc avec le 13ème régiment de ligne en juin de cette même année. Comment se passait la conscription durant le Premier Empire ? Comment ont-elles été vécues par les hommes dans les campagnes ?

Voltigeur et carabinier français de la ligne
d'après Hippolyte Bellangé.
J'ai pu récupérer toute la liste des conscrits de la Moselle de juin 1807 entrant dans le 13ème régiment de ligne, soit plus de 150 hommes. Cette liste offre la particularité de contenir des informations intéressantes comme leur taille, la couleur des cheveux ou leur profession. Une bonne occasion de réaliser quelques statistiques pour comprendre le contexte social et culturel de l'époque!

3/ Le parcours de Louis-Joseph dans la Grande Armée


Louis-Joseph a combattu dans le 13ème de ligne, puis dans le 119ème régiment d'infanterie légère. Après une instruction à Ostende, son bataillon a été transféré à Dax pour partir ensuite en Espagne. Il a ainsi participé à de nombreux combats avant d'être blessé à l'avant-bras en 1811. J'aimerais aujourd'hui préciser son parcours : quel a été son itinéraire ? Comment se passait la vie de soldat dans la Grande armée ? Quelles ont été les circonstances de sa blessure ? Comment s'est déroulé son retour ?

4/ Vie sociale et économique de la famille de Louis-Joseph


Catherine Valentin et Jacques Régulier sont décédés en 1809 avec une situation financière peu confortable. Ils n’avaient aucun bien immobilier et la vente de leurs biens mobiliers a été nécessaire pour pouvoir payer leurs dettes. Ainsi, Louis-Joseph ne pouvait compter que sur lui-même pour assurer la vie de sa famille. Or, à son décès en 1849, on apprend qu’il était propriétaire d’au moins deux maisons et qu’il n’avait aucune dette. Comment a-t-il pu réussir à assurer la sécurité financière de sa famille ? Quels étaient ses sources de revenus ? Comment s'est-il finalement enrichi pendant sa vie ?

5/ Les liens de famille avec ses frères et sœurs ? 


Du côté de sa mère, Louis-Joseph avait un demi-frère et une demi-sœur (Jean Jacques Régullier et Marguerite Gasner). Ont-ils conservé des liens durant leur vie ? Sont-ils restés proches ? Pour répondre à ces questions, je vais devoir notamment retrouver les différents actes des évènements qui ont ponctué la vie des trois enfants de Catherine Valentin.

dimanche 2 décembre 2018

#ChallengeAZ 2018 - En guise de conclusion, mon bilan personnel

Source Pixabay
Et voilà ! Le #ChallengeAZ est bel et bien terminé ! A l'heure où j'écris ces mots, depuis le 1er novembre, 1918 articles ont été proposés par les 84 participants (1918... ? c'est très fort pour l'année du centenaire!). 

Si on compte en moyenne 4 minutes de lecture par article, cela reviendrait à passer près de 128 heures non-stop pour découvrir l'ensemble des contributions ! (soit 5 jours et 8 heures). Autant dire qu'il y a de quoi faire pour ses longues soirées d'hiver !

Vous retrouverez l'ensemble des contributions ici.

Personnellement, je n'ai pu suivre que quelques blogs en lisant tout au plus dix articles par jours. Néanmoins, j'ai passé de très bons moments de lecture. J'ai été touché par des histoires personnelles, des vies cabossées, je me suis amusé et j'ai même ri, j'ai appris beaucoup de choses et surtout j'ai récupéré quelques bonnes idées pour mes futures recherches.

Mon #ChallengeAZ épistolaire


Comme je vous l'avais dit, mon thème a été choisi à la dernière minute car celui que j'avais préparé au départ n'était pas du tout prêt et me demandait du temps que je n'avais pas. Quoi qu'il soit, je ne regrette absolument pas mon choix... au contraire !

A ma mère, mon père et à ma mamie, j'ai pu mettre des mots sur des sentiments et des émotions, parfois enfouis. Partager ces lettres a été un choix difficile mais je ne le regrette pas. Vos marques de sympathie, commentaires et votre bienveillance, amis lecteurs, m'ont beaucoup touché.

Sur des ancêtres dont je ne savais rien, j'ai pu établir, au travers de mes questionnements, des pistes de recherche pour le futur. La forme épistolaire a été pour moi très naturelle et l'écriture presque facile.

Je suis enfin très heureux que mon idée de lettre ait été appréciée et reprise. Je pense notamment à Annick, fidèle lectrice, avec qui j'ai échangé et qui souhaite s'y mettre également !

Encore merci à tous, et à l'année prochaine pour un nouveau #ChallengeAZ !

(En attendant, je poursuis mes recherches #Projet3Mois et ma participation au #RDVAncestral!)

***

Je vous propose ci-dessous un index de l'ensemble des mes articles :


A Apollon WALENTIN
B Baptiste BRENNA
C CLAUDEL Eugénie, née BOLZINGER
D Dominique GUNGLER
E Evadé, Jacques REGULIER
F Florian DEHLINGER, meunier à la Gallenmühle
G Grand-Mère maternelle, Mamie
H Hubert WALENTIN
I Isidore Meyer
J Jean HOURTE, banquier
K Karl LANG, soldat mosellan
L Laurent Drommerey
M Maman
N Nicolas DANY
O Oswalt RICHARD
P Papa
Q Querton Sébastien
R Réponse inattendue
S Schweitzer Johan mon plus vieil ancêtre connu
T Thérèse Bernard
U Unicellulaire, LUCA
V Valentin Catherine
W Walentin Louis-Joseph
X X, monsieur X
Y Yvonne MARTHA, née HOURTE
Z Zoé, Zélie ou Zadig...

vendredi 30 novembre 2018

#ChallengeAZ 2018 - Lettre Z écrite à Zoé, Zélie ou Zadig

Nous voici au dernier jour du #ChallengeAZ 2018 ! Les 26 lettres de l'alphabet ont été égrenées tout au long de ce mois de novembre et je vous voudrez vous remercier, chères lectrices et chers lecteurs pour vos commentaires, mentions et mots de sympathie.  

Aujourd'hui, ma lettre est un peu particulière puisqu'elle s'adresse aux générations futures et en particulier celle de mes arrières-petits-enfants.


***

Vendredi 30 novembre 2018


Mes chers arrières-petits-enfants,
Nous sommes en 2018 et je vous écris d'un temps que vous ne pouvez pas connaître, celui où vos grand-parents sont encore des enfants. A cette heure, je n'ai aucune idée de vos prénoms. S'agit-il de Zoé, Zélie, Zadig, ou bien encore de Pierre, Gérard, Marie, Robert, comme vos ancêtres ? Je laisse le libre choix à vos parents !

Je souhaitais tout d'abord écrire cette lettre comme un passage de témoin, un trait d'union entre mes ancêtres, vos ancêtres, et vous, ma descendance. En effet, j'ai l'intime conviction que nous devons garder des liens très forts entre les générations et ainsi transmettre la mémoire de nos aïeux. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement, parce-que nous devons leur être reconnaissant. Pendant toute leur vie, ils n'ont eut de cesse de travailler, d'éduquer leurs enfants, de se divertir, de chanter, d'échanger, d'apprendre... de vivre.

Nous ne pouvons renier nos origines car ce sont elles qui nous ont façonnés, au travers de notre éducation, de nos coutumes ainsi que des petits détails qui font de nous des êtres uniques. Mes enfants, ne les oubliez pas, ne négligez pas vos racines.

Mes enfants, j'espère de tout mon cœur que vous vivez en paix, car il y a une chose qui me hante particulièrement : la guerre. Voyez-vous, mes deux grands-pères ont combattu pendant la seconde guerre mondiale. J'imagine que cette période vous semble très éloignée maintenant, et pourtant ! Mon grand-père paternel, mon pépé, a combattu dans l'armée française en 1939 et 1940 contre les allemands. Mon grand-père maternel, mon papi, a combattu sous l'uniforme allemand à partir de 1943, contre les français. Vous trouvez cette situation sordide ? Elle l'est. La guerre amène à des situations dramatiques où des frères peuvent se battre les uns contre les autres.

J'ai aussi l'espérance que vous vivez dans un monde nouveau où l'homme aura trouvé un juste équilibre entre ses modes de vie et de consommation et les ressources naturelles. Malheureusement, à l'heure où j'écris cette lettre, l'écologie semble être une préoccupation mineure par rapport aux autres enjeux. Les gouvernements et multinationales qui gouvernent notre planète ne jurent que par l'argent, le capital, les nouvelles technologies... Et l'Humanité dans tout cela ? Notre Humanité ? J'ose espérer que nos civilisations auront compris, et vous vivrez dans un climat apaisé.

Mes chers enfants, promettez-moi de garder au fond de votre cœur un message de paix et d'amour. Souvenez-vous que vos aïeux ont vécu de durs moments et que nous devons tous être acteurs d'un monde plus juste. Je l'espère en tout cas.

Vivez en paix et recevez toute ma bienveillance.


Votre arrière-grand-père, Sébastien