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mardi 4 décembre 2018

Nouveau #Projet3Mois - La vie de Louis-Joseph Walentin (1788-1849)

Mon nouveau #Projet3Mois constitue la suite logique du précédent, puisqu’il va s’intéresser à la vie de Louis-Joseph WALENTIN, fils de Catherine VALENTIN.

Je ne m’étalerai pas sur sa naissance et la recherche de son père biologique, puisque ces questions ont été abordées dans le précédent #Projet3Mois (Épisode 2 : Qui est le père de Louis-Joseph Walentin ? et Épisode 5 : des actes retrouvés). Pour autant, soyez sans crainte ! Je ne manquerai pas de faire mention des éventuelles avancées que je pourrai faire au hasard des recherches que je vais faire !

La vie de Louis-Joseph couvre toute la première moitié du 19e siècle. Cette période offre, pour le généalogiste, une multitude de sources d’un grand intérêt comme le cadastre, les tables de successions en absences, les registres matricules ou autres documents dont certains sont apparus après la Révolution française.

Pour ce #Projet3Mois, j’ai décidé d’étudier la vie de Louis-Joseph de sa conscription (à l’âge de 18 ans), à son décès en 1849 (à l’âge de 60 ans). J'ai déjà beaucoup d'informations en ma possession mais il reste quelques interrogations et des sujets que je voudrais approfondir. La suite de mon article vous propose les principaux points que je vais étudier, ce qui constitue mon plan de recherche pour les trois prochains mois.


Mon plan de recherche 


1/ La question du W et de l’apprentissage de l’écriture chez les V(W)ALENTIN 


W comme Walentin ! Voici typiquement un article du #ChallengeAZ ! Et effectivement, j’en avais déjà parlé en 2013.

Je souhaiterais aujourd’hui essayer d’aller plus loin dans mon analyse. Pourquoi le V s’est-il transformé en W ? Qui a eut cette initiative ? Pourquoi ? Comment ce W s’est-il « propagé » dans les branches de l’arbre généalogique?

Cette étude me permettra également d’étudier l’apprentissage de l’écriture dans la famille. En effet, le grand-père de Louis-Joseph, Bernard Valentin, ne savait par écrire comme en témoignent les premiers actes où il appose simplement une marque ordinaire. Pourtant, après plusieurs années, Bernard apprend à signer. Ces enfants suivront ensuite une éducation et apprentissage de l’écriture qui permettra notamment à l’un de ses fils de devenir greffier puis maître d’école. Les enfants de Louis-Joseph apprendront également à signer et écrire.

Signature de Louis-Joseph Walentin en 1818 (AD57)


2/ La conscription de Louis-Joseph et étude « sociologique » des conscrits mosellans de 1807

En 1807, Louis-Joseph est âgé de 18 ans. En avril, l'Empereur demande la levée des conscrits de 1808 par anticipation, soit 60 000 hommes. Louis-Joseph ne déroge pas à cette décision et malheureusement, tire le mauvais numéro. Il part donc avec le 13ème régiment de ligne en juin de cette même année. Comment se passait la conscription durant le Premier Empire ? Comment ont-elles été vécues par les hommes dans les campagnes ?

Voltigeur et carabinier français de la ligne
d'après Hippolyte Bellangé.
J'ai pu récupérer toute la liste des conscrits de la Moselle de juin 1807 entrant dans le 13ème régiment de ligne, soit plus de 150 hommes. Cette liste offre la particularité de contenir des informations intéressantes comme leur taille, la couleur des cheveux ou leur profession. Une bonne occasion de réaliser quelques statistiques pour comprendre le contexte social et culturel de l'époque!

3/ Le parcours de Louis-Joseph dans la Grande Armée


Louis-Joseph a combattu dans le 13ème de ligne, puis dans le 119ème régiment d'infanterie légère. Après une instruction à Ostende, son bataillon a été transféré à Dax pour partir ensuite en Espagne. Il a ainsi participé à de nombreux combats avant d'être blessé à l'avant-bras en 1811. J'aimerais aujourd'hui préciser son parcours : quel a été son itinéraire ? Comment se passait la vie de soldat dans la Grande armée ? Quelles ont été les circonstances de sa blessure ? Comment s'est déroulé son retour ?

4/ Vie sociale et économique de la famille de Louis-Joseph


Catherine Valentin et Jacques Régulier sont décédés en 1809 avec une situation financière peu confortable. Ils n’avaient aucun bien immobilier et la vente de leurs biens mobiliers a été nécessaire pour pouvoir payer leurs dettes. Ainsi, Louis-Joseph ne pouvait compter que sur lui-même pour assurer la vie de sa famille. Or, à son décès en 1849, on apprend qu’il était propriétaire d’au moins deux maisons et qu’il n’avait aucune dette. Comment a-t-il pu réussir à assurer la sécurité financière de sa famille ? Quels étaient ses sources de revenus ? Comment s'est-il finalement enrichi pendant sa vie ?

5/ Les liens de famille avec ses frères et sœurs ? 


Du côté de sa mère, Louis-Joseph avait un demi-frère et une demi-sœur (Jean Jacques Régullier et Marguerite Gasner). Ont-ils conservé des liens durant leur vie ? Sont-ils restés proches ? Pour répondre à ces questions, je vais devoir notamment retrouver les différents actes des évènements qui ont ponctué la vie des trois enfants de Catherine Valentin.

samedi 19 mai 2018

#RDVAncestral - Déambulation anachronique avec Hubert WALENTIN

Comme chaque troisième samedi du mois, Guillaume Chaix et toute l’équipe du #RDVAncestral nous proposent de partir à la rencontre de nos ancêtres. Le mois dernier, j'ai enfin pu faire connaissance avec Catherine VALENTIN, mon aïeule dont j'ai conté l'histoire dans mon #Projet3Mois. Pourtant, alors que je quittais sa maison, quelle ne fut pas ma surprise de tomber nez-à-nez avec Hubert WALENTIN...

Village de Lüe, commune de Hayes

Nous sommes aujourd'hui le 10 Ventôse de l'an 4 de la république française, soit le 29 février 1796. Je sors d'un #RDVAncestral avec Catherine VALENTIN, et voilà que je me retrouve nez à nez avec Hubert... son petit-fils, né 24 ans plus tard. Je suis complètement déboussolé.

Que se passe t'il ? La machine à voyager dans le temps s'est-elle détraquée ? Quoi qu'il en soit, les mots d'Hubert se répètent inlassablement dans ma tête. "Je vous avais dit que l'on se reverrait un jour !".  Effectivement, c'est bel et bien la promesse qu'il m'avait faite lors de notre rencontre à l'asile de Maréville. Je me perds dans mes pensées lorsque Hubert m'interpelle à nouveau :
"-Eh ! Sébastien ! Vous rêvez ?
- Excusez-moi Hubert, mais avouez que votre présence ici est quelque peu... anachronique !
- Et la vôtre mon cher ami ?"

Sur ce point il n'a pas tort. Nous quittons le seuil de la maison de Catherine et nous entamons une marche sur le chemin qui conduit vers le village de Hayes. C'est Hubert qui reprend la discussion.
"- Voyez-vous, je suis un peu comme vous, je suis un curieux de nature. Je souhaitais rencontrer ma grand-mère, Catherine car il y a beaucoup d'histoires et de rumeurs à son sujet...
- Je comprends. Vous savez Hubert, son histoire me tient à cœur également. J'ai réalisé beaucoup de recherches sur sa vie et elle concentre la plupart de mes épines généalogiques.
- Épines généalogiques vous dites ?
- Oui, c'est à dire des blocages et des questions sans réponse."
Au fur et à mesure de la discussion, je comprends qu'Hubert connait très peu de chose sur Catherine, et sans doute beaucoup moins que moi. Il me pose alors des questions sur les résultats de mes recherches, sur la vie de Catherine, ses mariages, son divorce, le contexte historique...
"- Et dans toutes vos enquêtes Sébastien, avez-vous retrouvé l'identité du père de mon père* ?
- Tout ceci est une autre histoire. J'ai quelques indices, mais aucune certitude.
- Mon père n'a jamais voulu en parler. Ma mère me disait que c'était un secret de famille et qu'il n'était jamais bon de vouloir rechercher la vérité.
- Sans doute disait-elle vraie. Pourtant, un secret de famille doit-il être enfoui à jamais ? Je ne crois pas... d'autant plus lorsque ce secret ne peut plus donner tort à quiconque.
- Effectivement Sébastien...Mais n'avez-vous pas peur de faire ressortir des vérités qui peuvent déranger ? Avouez que mon cas est dérangeant, n'est-ce pas ?
- Vous savez Hubert, je le fais avec respect, compréhension, indulgence et surtout sans aucun jugement. Qui suis-je d'ailleurs pour juger ?"


Nous continuons à avancer en silence sur le chemin de terre dont la boue est figée par le froid. Déjà au loin, nous apercevons le clocher de l'église du village de Hayes.


Certes, cinq générations nous séparent, mais nous marchons tous deux... comme deux amis qui se connaissent de longue date. La surprise et l'étonnement ont cédés la place à la joie. Je suis heureux de ce moment et de cette déambulation avec Hubert, lui que l'on qualifie de fou ou d'aliéné. Je repense alors à notre premier #RDVAncestral : l'asile, l'infirmière, le médecin... Et si finalement Hubert racontait la vérité ? Est-il un voyageur du temps ? A t'il vraiment rencontré le Christ comme il le prétend ? Voilà que mon esprit s'embrouille à nouveau... Je devrais profiter de cet instant plutôt que de me poser des questions. C'est finalement le hennissement d'un cheval qui me fait sortir de mes pensées.

Une charrette vient dans notre direction. Je reconnais alors Bernard VALENTIN, le père de Catherine, qui revient du village de Hayes où il a déclaré la naissance de son petit-fils, à la maison commune.
"- Vous voilà encore ? Laissez-nous passer, nous devons nous hâter car l'enfant est de petite constitution."
Toujours aussi peu aimable me dis-je... Pourtant, il a raison de se soucier de la santé du nouveau-né car celui-ci s'éteindra malheureusement deux semaines plus tard...

C'est la tombée de la nuit qui aura raison de notre déambulation. Je salue Hubert en le remerciant de ce moment passé en sa compagnie : "Nous nous reverrons Sébastien, n'ayez crainte !". Après une dernière accolade, nous retournons chacun dans notre époque d'origine, lui en 1869, moi en 2018...

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* Le père d'Hubert est Louis-Joseph WALENTIN, fils de Catherine. Il est né de père inconnu et malheureusement, je n'ai pas pour l'instant assez d'indice pour retrouver le père biologique (cf un précédent Article).

samedi 21 avril 2018

#RDVAncestral - Ma rencontre avec Catherine VALENTIN

Comme chaque troisième samedi du mois, Guillaume Chaix et toute l’équipe du #RDVAncestral nous proposent de partir à la rencontre de nos ancêtres. Depuis plusieurs semaines, mon souhait le plus cher était de partager quelques instant avec Catherine Valentin, mon aïeule dont j'ai conté l'histoire dans mon dernier #Projet3Mois. Après un rendez-vous manqué le mois dernier, j'étais bien décidé à ne pas manquer le coche...


Assis devant mon ordinateur, je prends une grande respiration et je ferme les yeux. Mon esprit vacille. Après quelques instants, mon voyage temporel me transporte dans un lieu que je ne reconnais pas encore. Il fait froid. Je rouvre les yeux.

Le paysage que je contemple me semble d'abord froid et hostile; sans doute les températures glaciales et les arbres nus y sont pour quelque chose. Le vent souffle et me glace les os malgré l'épais manteau de laine que je porte. Que suis-je venu faire ici ?

Mes doutes sont bien vite balayés lorsque, en me retournant, j’aperçois un village de quelques maisons avec en son milieu, un petit château entouré d'un jardin et de bassins. Mon cœur s'emplit de joie. Devant moi, se dresse fièrement le château de Lüe, appartenant au Sieur François Louis Joseph JOBAL. Me voici prêt à rencontrer Catherine VALENTIN. Je repense alors à toutes mes recherches, mes questions, mes doutes...

Le Château de Lüe (Source : Communes.com)


Je suis tellement perdu dans mes pensées que je ne prête pas attention à une voiture à cheval qui vient dans ma direction, depuis le village. L'attelage s'arrête à ma hauteur et son conducteur, un homme d'une soixantaine d'année, m'interpelle :
"- Eh vous! Nous devons aller au village de Hayes pour déclarer la naissance d'un enfant. Ecartez-vous de notre chemin !"
Son ton directif me décontenance quelque peu et je m'écarte aussitôt pour le laisser passer... Je ne souhaite pas avoir d'ennui ! Le chariot passe devant moi et j'entrevois à l'arrière une jeune femme qui serre dans ses bras un nourrisson emmailloté.

Remis de cette remontrance, j'interpelle cet homme pour lui demander s'il connait Catherine VALENTIN.

"- Catherine VALENTIN ? Que lui voulez-vous ? 
- Je suis un parent éloigné et je souhaite lui rendre visite. Savez-vous où je peux la trouver ?"
- De parenté vous dites ? Je ne vous connais pas. Je suis son père et l'enfant à l'arrière de mon chariot est son nouveau-né. "

L'homme qui se tient devant moi est donc Bernard VALENTIN et la jeune femme à l'arrière doit être sa fille, Marie. C'est la première fois que la rencontre avec un de mes aïeux se passe de manière si abrupte. Son caractère bien trempé et son autorité naturelle sont sans doute des qualités qui lui ont permis de devenir Garde des Bois. Soudain, pour je ne sais quelle raison, Bernard semble changer de position et me réponds d'une manière beaucoup moins directive:
"- Bon, effectivement, si vous êtes de la famille éloignée, je ne vous connais sans doute pas... Bon... Vous trouverez Catherine dans notre maison. Je vous demande juste de ne pas trop l'importuner car elle est encore fatiguée."
Bernard me montre la localisation de sa demeure puis reprends sa route. Sans plus attendre, je me dirige vers la maison. Le trajet n'est pas long et j'arrive rapidement sur le pas de la porte. Je frappe et une femme vient m'ouvrir. Je me présente en lui disant que j'avais vu Bernard VALENTIN en chemin. Elle me laisse entrer. Il doit s'agir de la sage-femme.

La chaleur de la maison contraste très nettement avec le froid à l'extérieur. Tout y est beaucoup plus doux. Une odeur de soupe se mêle aux senteurs du feu de bois. Catherine n'est pas seule à la maison. Outre la sage-femme, j'aperçois un homme attablé. Malgré mon arrivée, il ne bouge pas et reste assis devant la cheminée. Je trouve enfin Catherine, encore alitée dans un lit en alcôve. Je m'approche et me présente :

"- Bonjour Catherine, je suis très heureux de faire votre connaissance. Je suis Sébastien, un membre de la famille éloignée. Je viens prendre de vos nouvelles.
- Bonjour Sébastien. Je suis très heureuse également. On m'a prévenu de votre visite.

Je suis un peu surpris pas son propos, mais je n'y prête pas plus attention. Nous entamons la conversation et nous échangeons sur cette période troublée de la révolution.
- La révolution a bouleversé beaucoup de choses ici. Voyez-vous Sébastien, je me retrouve à présent divorcée. Je ne l'ai pas choisi. Mon mari, Jacques, a du suivre le Sieur Jobal. Certains ont dit à mon père que je risquais d'être emprisonnée si je restais mariée avec lui. Que faire alors ? J'ai du renoncer à beaucoup de choses...
- Mais votre fils, celui que vous avez mis au monde ce matin, qui est le père ? Jacques Régulier ?"
Catherine ne me répond pas. Elle esquisse seulement un sourire puis me demande de la laisser se reposer un peu. A ce moment, un homme entre dans la maison avec deux jeunes garçons qui courent embrasser leur mère. Je reconnais facilement le plus grand car la couleur rousse de ses cheveux "poil de carotte" correspondent à la description de Louis Joseph, fils de Catherine, également mon aïeul. Je suis ému par ce moment de tendresse entre une mère et ses deux fils. Je décide alors de prendre congé de mes hôtes.

Après avoir salué Catherine, je sors de la maison. A ce moment, l'homme qui était assis devant la cheminée se lève et me suit. Une fois à l'extérieur, je me retourne.

A cet instant, je sursaute. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Ce visage, ce regard. Je connais cet homme. Devant mes yeux écarquillés et mon air hagard, il me salue :
"- Bonjour Sébastien, je suis heureux de vous revoir ! Je vous avais dit que l'on se reverrait un jour !"
C'est Hubert WALENTIN, mon aïeul que j'avais rencontré à l'asile de Maréville lors d'un précédent #RDVAncestral... Je suis sidéré. Pourtant, je ne suis qu'au début de mes surprises...

(la suite le mois prochain...)

mardi 13 mars 2018

#Projet3Mois - Episode 2 - Qui est le père de Louis Joseph VALENTIN ?

Pour ce deuxième épisode de mon #Projet3Mois sur Catherine VALENTIN, je vais essayer de répondre à la question "Qui est le père des deux premiers enfants de Catherine ?". En effet, en 1788 et 1790, Catherine donne naissance à deux fils, nés de père inconnu. Cette question est d'autant plus importante que l'ainé, Louis Joseph, est mon aïeul. Malheureusement, faute de déclaration de grossesse et de reconnaissance, même tardive, je ne peux aujourd’hui qu’établir des hypothèses… 


Le point de départ : 5 enfants pour combien de pères ?


Dans l’état actuel de mes recherches, Catherine VALENTIN a eu 5 enfants de 1788 à 1802 :
  • Louis Joseph VALENTIN, né de père inconnu le 25 août 1788 à Lüe (Hayes),
  • Joseph VALENTIN, né de père inconnu le 22 octobre 1790 à Lüe (Hayes),
  • Jean Jacques REGULIER, fils de Jacques REGULIER, né le 9 novembre 1792 à Lüe (Hayes),
  • Jean Augustin REGULIER, fils de Jacques REGULIER, né le 10 Ventôse An 4 (29/02/1796) à Lüe (Hayes),
  • Marguerite GASNER, fille de Nicolas GASNER, née le 4 Floréal An 10 (24/04/1802) à Bronvaux,


Elle avait 27 ans à la naissance de son fils ainé et 41 ans à la naissance de sa fille, Marguerite.



Catherine VALENTIN s’est d’abord mariée avec Jacques REGULIER avant de divorcer, puis de se remarier avec Nicolas GASNER. Finalement, elle finira sa vie avec Jacques REGULIER, son légitime époux… mais ceci est une autre histoire qui fera l’objet de prochains articles.

Afin de déterminer les différents prétendants au rôle de père des premiers enfants de Catherine, j’ai d’abord essayé de reconstituer le contexte social du domaine de Lüe ou vivait la famille VALENTIN.


Essai de reconstitution de la structure sociale du château de Lüe


A la veille de la Révolution, la propriété de Lüe est située dans la paroisse de Hayes, à moins de deux kilomètres du village et de son église.

Carte de l'Etat-Major (1820-1866) Source : Géoportail - IGN


Le Château de Lüe (Source : Delcampe)
Le château appartient à la famille JOBAL qui l’a acquis en 1749. Le propriétaire est Joseph François Louis JOBAL, né à Metz le 26 mars 1746. Il était lieutenant-colonel des chasseurs de Languedoc puis colonel des chasseurs des Trois Évêchés pendant la guerre de Sept Ans (BEGIN, 1930; GAIN, 1925).

Pour avoir une idée de la population qui vivait au château de Lüe à la veille de la Révolution française, je dispose d'une source principale : les registres paroissiaux et d'état-civil. J'ai également pu consulter le recensement de 1810 qui donne une petite idée de la hiérarchie sociale de cette période.

Le tableau suivant synthétise l'ensemble des informations en ma disposition.

  • En "haut" de l'échelle sociale, on retrouve la famille JOBAL, propriétaire du château et des terres.
  • Viennent ensuite Bernard VALENTIN, garde de Lüe, puis les fermiers ou admodiateurs qui avaient en charge la gestion des terres agricoles (familles HURLIN/BOGENEZ). 
  • La famille JOBAL faisait appel également à un économie, un concierge et à un jardinier pour gérer le parc et le château.
  • Enfin, en me basant sur recensement de 1810, on peut estimer que le château nécessitait la présence d'une quinzaine de servantes et domestiques.  
Nous arrivons donc à une trentaine d'habitants à Lüe.

La piste du prénom des deux enfants naturels


Revenons au sujet de notre article.

Lorsque Catherine met au monde ses deux enfants naturels en 1788 et 1790, elle choisit de les appeler Louis Joseph et Joseph. Le prénom Joseph revient donc à chaque fois (Registres paroissiaux de Hayes). Au hasard d’un tweet de Sophie Boudarel, j’apprends que dans certains cas, la mère décidait de donner le prénom du géniteur, ne pouvant donner le patronyme du père biologique. Alors, est-ce que Catherine a prénommé ses deux fils Joseph comme un signe pour identifier le père ? C’est possible.

Dans cette hypothèse, j’ai essayé de retrouvé toutes les personnes qui vivaient à Lüe et qui portaient le prénom « Joseph » en 1788. Hormis le frère de Catherine, j’ai retrouvé deux hommes :
  • Joseph HURLIN, âgé de 29 ans. Il est fermier à Lüe, et ami de Bernard Valentin 
  • Joseph François Louis JOBAL, propriétaire du château et des terres, âgé de 40 ans. 
Concernant Joseph HURLIN, je ne suis pas certain qu’il s’agisse du père des deux enfants. Certes, il est célibataire en 1788 et a le même âge que Catherine. Pourtant, s'il s'avérait être le père, il se serait marié avec Catherine, car il avait a priori le même niveau social que la famille VALENTIN. Par ailleurs, il reste ami de Bernard VALENTIN. Je ne pense pas qu’étant donné les faits, il le soit resté.

Il reste Joseph François Louis JOBAL. Il est âgé de 40 ans, n’est pas marié et vit à Lüe ou à Metz. L'analyse de l'acte de baptême du premier enfant de Catherine me fait dire qu'il est très probable qu'il soit le père naturel de celui-ci, Louis Joseph. Louis Joseph est né le 25 août 1788 à Lüe et il a été baptisé le même jour (AD57 - 9NUM312ED1E3). Le parrain de l’enfant est choisi dans la famille proche, puisqu’il s’agit de Joseph VALENTIN, frère de Catherine, et oncle de l’enfant. Logiquement, l’enfant doit s’appeler Joseph. Pourtant, le prénom Louis est ajouté au prénom du parrain. Je n’ai trouvé aucun « Louis » dans la famille de Catherine ou parmi les proches, excepté Joseph François Louis JOBAL… Dans cette hypothèse, Bernard VALENTIN ne pouvait rien dire, puisque c'est M. JOBAL qui l'employait.

Acte de baptême de Louis Joseph V(W)ALENTIN (AD57 - 9NUM/312ED1E3, Vue 187)


Sous l'Ancien Régime, en Moselle, il existe des cas où la mère-célibataire attaquait devant la Justice Seigneuriale le père biologique de l'enfant. On retrouve ainsi des cas de servantes demandant réparation auprès de leur maître. Pour autant, le nombre de femmes demandant réparation est bien faible car une action en justice demande des moyens financiers conséquents et expose la femme et sa famille à une enquête au cœur même de la communauté d'habitants (KIEFFER, 2008). On imagine alors que dans ce cas, la seule solution reste de ne rien dire...


Jacques REGULIER pouvait-il être le père des deux enfants ? 


Il reste l’hypothèse « Jacques REGULIER ».

Jacques REGULIER, domestique de M. JOBAL, est le premier époux de Catherine VALENTIN. Ils se marient à Hayes le 11 octobre 1791. Lors de cette union, son père, Bernard VALENTIN, est présent, ainsi que Joseph HURLIN (ami) et Joseph VALENTIN (frère de Catherine).

Je ne pense pas que Jacques REGULIER était le père de Louis Joseph. En effet, le mariage entre le père biologique et la mère des enfants naturels étaient généralement des mariages de "réparation" qui permettaient de régulariser des situations peu tolérées à cette époque. Si Jacques REGULIER avait été le père, il aurait reconnu les enfants.

Conclusion


En conclusion, les quelques indices que j’ai à ma disposition me permettent d’émettre l’hypothèse que Joseph François Louis JOBAL est peut-être le père des deux premiers enfants de Catherine VALENTIN. Je n’ai rien d’autre qui puisse confirmer ou infirmer mon hypothèse. Cependant, j'ai quelques maigres indices et une intuition. Pas très scientifique tout cela, mais la généalogie garde sa part de mystères... Je n’ai également aucun élément me permettant de savoir ce qu’il s’est passé : un amour interdit entre deux personnes d’un niveau social différent ? Un abus de la part de M. Jobal ? Il me reste cependant à dépouiller les archives judiciaires en espérant y retrouver d'autres indices... Si vous connaissez d’autres pistes que je n’aurais pas exploitées, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaire ! 

Dans le prochain chapitre, nous partirons en Mayenne pour retracer les origines de Jacques REGULIER. Vous découvrirez notamment que son père a vraisemblablement était emprisonné à la prison de Craon et a réussi une évasion digne d’un roman ou d’un film. 

Sources


Académie nationale de Metz, 1911. Mémoires de l'Académie nationale de Metz. 548p. Metz, Imprimerie Lorraine.

BEGIN Emile-Auguste, 1830. Biographie de la Moselle ou histoire par ordre alphabétique de toutes les personnes nées dans ce Département, qui se sont fait remarquer par leurs actions, Volume 2. Veronnais, Metz. 580p.

GAIN André, 1925. Liste des émigrés, déportés et condamnés pour cause révolutionnaire du département de la Moselle. Les Arts Graphiques, Metz.

KIEFFER Jean, 2008. Destins de femmes - La condition des femmes des campagnes lorraines avant la Révolution. Ed. Serpenoise. 142p.


Archives Départementales de la Moselle :

  • Commune de Hayes. Recensement de 1810, issu des archives communales (AD57 - 312ED1F1)
  • Paroisse de Hayes. Registres paroissiaux BMS (Arch. Dép. de la Moselle, 9NUM-312ED1E3).