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samedi 16 novembre 2019

#ChallengeAZ 2019 / #RDVAncestral : Nervosité, Nuancier et Naufrage

Cet article du challenge est un peu particulier puisque ce troisième samedi du mois est également le jour du #RDVAncestral, un exercice d'écriture qui nous invite à aller à la rencontre de nos ancêtres. #ChallengeAZ oblige, ma rencontre du jour devra inclure les trois mots choisis : Nervosité, Nuancier et Naufrage.






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Samedi 16 novembre 2019.

Pour ce 14ème jour du #ChallengeAZ, je ne suis pas serein. Je n'ai pour l'heure aucune idée sur les mots que je vais devoir utiliser aujourd'hui. Pourquoi les ai-je choisis ? Naufrage... mais pourquoi Naufrage ? Moi qui n'ai aucun ancêtre marin... Bref, je suis perdu. Bloqué devant mon écran, je décide d'éteindre l'ordinateur.

A peine ai-je eu le temps de fermer mon PC que je me sens comme projeté en arrière dans une sorte de tourbillon. En un éclair, je suis transporté en un autre lieu, et comme je le pressentais, dans une autre époque.

Arrivé dans cet endroit inconnu, la première chose qui me marque le plus c'est cette odeur de bois, très forte. Dans ce qui semble être un atelier, je remarque des roues, des morceaux de roue, partout. Voilà qui me renseigne sur le métier du propriétaire de ces lieux... 

L'atelier du Charron - Encyclopédie de Diderot et d'Alembert - Source : Gallica

J'aurais aimé pouvoir passer un peu plus de temps pour contempler cette pièce, mais un homme entre bientôt en m'apostrophant :

"- Et bien ! Je ne vous attendez pas si tôt !
- Hubert ! j'aurais du me douter que j'étais arrivé dans votre atelier de charron!
- Bienvenue chez moi ! Vous savez, c'est ici que je me sens le mieux. Au moins, je suis à l'écart des ragots des prétendus honnêtes gens.Vous semblez avoir besoin d'aide pour votre défi du jour ? "

Hubert a vu juste. Décidément, mon aïeul est d'un vrai secours lorsque je suis en panne d'idée !
"- Et bien, Sébastien, profitons de ce moment pour que je vous présente mon métier !
- Ce serait avec joie !
- Mon métier de charron, je l'ai appris grâce à mon beau-père qui lui-même était charron. J'aime beaucoup travailler le bois pour le transformer en pièces qui serviront pour fabriquer les roues des carrioles et charrettes. Regardez ici : voici mes outils. Rien de très particulier. Je me contente de scies, tarières, rabots, varlopes, ciseaux à bois ou de vilebrequins. Mes gabarits me servent pour créer des pièces qui permettent de s'ajuster au mieux et former des roues circulaires"

Je trouve cette conversation très intéressante, mais mon esprit est ailleurs. Je devrais profiter de ce moment avec mon aïeul, mais je pense avec NERVOSITÉ à mon défi du jour. Je dois absolument utiliser les mots choisis... Bon, je vais essayer de les caser, peu importe le sujet de la conversation, quitte à devenir grotesque.
"- C'est passionnant votre métier Hubert, mais dites-moi, pour le choix des couleurs de vos charriots, utilisez-vous un NUANCIER ?
- Comment ? De quoi me parlez-vous ? Un NUANCIER ne me servirait à rien ! 
- Oui, effectivement. Et sinon, savez-vous si un de vos charriots a été transporté sur un bateau qui aurait pu faire NAUFRAGE ?
- Non mais vous devenez complètement fou Sébastien ? Votre défi commence à vous monter à la tête mon cher. Je comprends que vous devez utiliser les mots choisis, mais cela frise le ridicule !"

Bon. Je crois plutôt que c'est notre conversation qui devient un véritable NAUFRAGE... Et en plus, me faire traiter de fou par Hubert... Bref. C'est vrai qu'il a raison. Je devrais profiter de cet instant pour mieux comprendre le métier de mon aïeul.
"- Excusez moi Hubert, je ne voulais pas vous embêter avec tout cela.
- Allez Sébastien ! N'en parlons plus.
- Voulez-vous que je vous montre de quelle manière je monte une roue ?
- J'en serais très honoré".
Finalement, j'ai passé un moment très enrichissant avec Hubert qui m'a montré avec passion son métier de charron. Je regrette un peu mon insistance avec le défi du #ChallengeAZ et je me dis que quels que soient les sujets qui nous tracassent, nous devons être pleinement présents avec ceux qui nous entourent et nous aiment.

lundi 4 novembre 2019

#ChallengeAZ - Chipoter, Cochon et Coq

Initié par Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres, le ChallengeAZ est devenu un rendez-vous annuel incontournable. Il propose aux généablogueurs de rédiger, chaque jour de novembre (sauf le dimanche), un article en suivant les lettres de l'alphabet. Pour ma quatrième participation, j'ai choisi de solliciter mes abonnés Twitter dans le cadre d'un défi estival devenu rapidement un concours de mots suivi par une cinquantaine de personnes. Merci à eux ! Au final, j'ai choisi pour chaque lettre trois mots qui devront me servir pour la rédaction des mes articles...

***

Troisième jour du ChallengeAZ. Nous sommes dimanche et je n'ai pas encore rédigé mon billet pour le lendemain. Je réfléchis mais rien ne vient. Il faut dire que je n'ai pas noté toutes les idées que j'avais eues au mois d'août lors du concours de mot, et je m'en mords les doigts aujourd'hui. Mais que vais-je inventer avec CHIPOTER, COCHON et COQ ?
"- Je crois que vous allez encore avoir besoin de moi Sébastien !"
Je reconnais tout de suite cette voix, et je pense que vous avez sans doute deviné, fidèle lecteur, de qui il s'agit...
"- Heureux de vous voir ici Hubert, mais que venez-vous faire encore une fois dans ce #ChallengeAZ ? Je ne crois pas que cet article vous concerne !
- Non bien évidemment Sébastien, mais vu votre accueil et le soutien que vous m'avez apporté, je ne peux vous laisser sans article pour demain. Pensez à celles et ceux qui ont suivi votre défi de cet été ! Pensez à Delphine, Noémie et Raymond qui vous ont proposé ces trois mots. Nous n'allons pas les décevoir, je vous prie de me croire !"

A l'entendre, j'ai bien l'impression que mon cher aïeul s'est complètement approprié le #ChallengeAZ. A mon avis, je risque de le voir souvent pendant tout ce mois de novembre et ce n'est pas pour me déplaire. Je suis cependant sceptique et je l'interroge :
"- J'espère que votre idée n'est pas un peu trop folle... "
A mes mots, Hubert se fige. Mince, je l'ai vexé... Pourquoi ai-je parlé d'une idée folle alors que mon aïeul est pris pour un fou... Oups... Et puis finalement un grand éclat de rire se fait entendre.
"- Vous croyez m'avoir froissé ! Ah ! ah ! Mais bien sûre que non Sébastien ! Ah vous auriez vu votre tête !  Bon. Quoi qu'il en soit, j'ai une très bonne idée pour placer vos trois mots !
- Et quelle est votre idée ?
- On ne va pas CHIPOTER avec un COCHON ou un COQ ! Voilà, c'est fait!
- C'est tout ?
- Bon. Vous ne comprenez pas. Permettez que je vous vous fasse rencontrer.
- C'est-à-dire ?
- Vous rencontrer vous même, mais avec le Sébastien d'il y a six ans.
- C'est étrange, mais j'accepte votre proposition. Je vous fais confiance Hubert."

A peine ai-je prononcé ces mots que je me retrouve dans mon propre bureau, debout derrière l'autre moi assis devant l'ordinateur, en pleines recherches généalogiques. Vous concevrez que cette situation est particulièrement étrange, mais bon, je fais confiance à Hubert. Vraisemblablement, j'avais l'air concentré et je semblais bloqué sur une enquête en cours.
"- Bonjour Sébastien, c'est Sébastien.
- Hein, quoi ? Comment ? 
- Pas d'inquiétude, j'ai l'impression que tu es bloqué sur des recherches en cours, n'est-ce pas ?
- Non... euh... enfin oui... 
- C'est peut-être difficile à entendre, mais je viens de l'année 2019 et c'est notre ancêtre, Hubert WALENTIN, qui m'envoie ici.
- Hubert WALENTIN ? Je vois. C'est cet ancêtre qui me donne le plus de fil à retordre car je n'arrive pas à retrouver la trace de son décès. On dirait qu'il a disparu dans la nature."
Je me rends compte que je suis arrivé à un moment où je n'avais pas encore découvert l'acte et les circonstances de son décès. Je me garde bien de le lui dire et je continue la conversation avec mon double.
"- Sur quelle branche travailles-tu ?
- Eh bien j'essaye de démêler le vrai du faux. J'ai découvert que de nombreuses familles des villages de Schell et Vinsberg apparaissent comme par magie en 1687. Il y a les DEFLORENNE, les DANY, les LEPORC... Et puis, je viens de trouver qu'il y a dans la paroisse de Momignies (en Belgique) et de Wallers-Trélon (dans le Nord) les mêmes patronymes. J'ai ainsi prouvé que de nombreuses familles ont migré vers la Lorraine. Par contre, je suis devant un problème. Je ne retrouve pas la trace du couple Jacques DEFLORENNE / Marie LECOQ ou COQ. Il semblerait que cette Marie LECOQ a pour mère une certaine Marie BECHELARD...
- Je vois... Regarde dans les baptêmes des registres de la paroisse de Momignies sur l'Etat-Civil de Belgique en ligne."
Nous ouvrons les tables de baptêmes et nous tombons sur une certaine Marie LECOHIER, née en 1661. Le père s'appelle Jean LECOHIER et la mère Marie BACHELART.

"- Mais ce n'est pas le même patronyme, me répondit mon autre moi.
- Franchement Sébastien, arrête de CHIPOTER ! LECOQ, COQ, COHIER, LECOHIER... c'est la même chose ! Nous sommes avec la même racine, la même signification ! Pense que l'orthographe des patronymes ne s'est figée que de manière très récente !
- Mais oui, tu as raison ! En fait c'est comme les LEPORC. Le patronyme est quelque fois orthographié PORQUE, PORT ou encore, je l'ai vu une fois, remplacé par COCHON !
- Mais oui ! J'espère que ce conseil t'aidera pour la suite !
- Merci de m'avoir aidé. Je vais maintenant rédiger un article* sur mes découvertes !"
En un éclair, je me retrouve à nouveau en 2019 en compagnie d'Hubert qui, en se grattant le menton, m'interpelle en souriant, avec un simple "Et alors ?"
"- Défi accompli, les trois mots ont été utilisés ! Je vous remercie Hubert.
- C'est un plaisir. En tout cas, vu votre préparation de ce #ChallengeAZ, je pense que l'on va se revoir souvent !"
Finalement, je crois qu'Hubert a raison. Mais peu importe, ces rencontres sont toujours un plaisir !

* NB : Si vous souhaitez en savoir plus sur ces recherches concernant Jacques DEFLORENNE et Marie LECOQ, je vous invite à lire l'article rédigé en mai 2013.

vendredi 1 novembre 2019

#ChallengeAZ 2019 - Atchoum, Abracadabrantesque et Anachorèse

Pour ma quatrième participation au ChallengeAZ, je n’avais pas d’idée très précise sur le sujet que j’allais choisir. N’étant pas très inspiré, j’ai donc choisi de solliciter la twittosphère généalogique dans le cadre d’un challenge dans le #ChallengeAZ. Ainsi, durant tout le mois d’août, vous avez été nombreux à me proposer différents mots. Tout cela est devenu un petit concours fort sympathique et je remercie encore les très nombreux participants !

Me voilà maintenant avec, pour chaque lettre de l’alphabet, trois mots que je dois utiliser pour rédiger mes articles du #ChallengeAZ. C’est donc parti aujourd’hui avec les mots : ATCHOUM, ANACHORESE et ABRACADABRANTESQUE !


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Je suis assis devant mon écran d’ordinateur et je me demande encore dans quel pétrin je me suis mis. Encore bravo Sébastien pour ton idée de défi… te voilà maintenant bien avancé pour le #ChallengeAZ !

La tête entre mes mains, j’attends que l’inspiration me vienne. L’horloge murale égraine les secondes dans le silence de la maison. Tic, tac, tic, tac…

Puis, je crois entendre au loin comme un éternuement. Une fois, deux fois. Ils deviennent de plus en plus forts. Puis soudain, un énorme « ATCHOUM » me fait sursauter
"- Oh désolé Sébastien, je ne voulais pas vous apeurer !
- Comment ! Hubert ! Vous ici ! Mais vous n’y êtes pas. Vous vous trompez de défi ! Nous sommes en novembre 2019 et je dois écrire un article du #ChallengeAZ ! Ce n’est pas le moment du #RDVAncestral !"
J’avais de quoi être surpris. J’avais plusieurs fois rencontré Hubert WALENTIN dans le cadre du #RDVAncestral, ce défi qui permet de partir à la rencontre de ses ancêtres. Hubert est mon sosa 240 et a terminé sa vie à l’asile de Maréville, à Laxou (54).
"- Oh cher Sébastien, je vous pensais plus ouvert que cela ! Les ancêtres ont tout de même le droit de participer au #ChallengeAZ ! D’ailleurs, vous m’aviez écrit un courrier l’année passée. Vous ne vous en souvenez pas ?
- Ah oui Hubert, vous avez bien raison."
Voici une drôle de situation qui me rappelle étrangement les rencontres de Marielle dans le cadre du #ChallengeAZ de l’année passée. Quelle est donc le motif de la venue d’Hubert aujourd’hui ? …
"-    ATCHOUM !
-    Eh bien Hubert, avez-vous attrapé froid ?
-    Ce sont les voyages temporels peut-être ! Plus sûrement, c’est mon séjour dans cet asile d'aliéné de Maréville qui me fatigue.
-    Maintenant que vous êtes là, j’ai une question délicate à vous poser... Les médecins vous disent aliénés…
-    Mais non ! c’est ABRACADABRANTESQUE ! Moi aliéné ? Mais non ! Vous savez, je ne dis que ce que j’ai vu ! J’ai dit avoir marché quelques lieues avec le Christ. On me demande de le prouver. Mais eux, ces médecins, comment peuvent-ils prouver que mes paroles sont fausses ? Et vous, me croyez-vous ?"

Je reste coi devant l’assurance des propos d’Hubert. Je me souviens de notre première rencontre où j’avais pris sa défense face à un médecin qui ne semblait guère se soucier de ses patients.
"-    Vous avez raison Hubert, nul ne peut vérifier la véracité de vos propos. Personnellement, la découverte de votre placement à l’asile de Maréville m’a très attristé. Comment ne pas être touché pas votre destin ?
-    Merci Sébastien. Vous l’imaginez, la séparation de ma femme et de mes enfants a été une déchirure. Peut-être que mes paroles ne sont pas vraies et peuvent faire peur. Mais vous savez, devoir quitter les personnes que vous aimez, c’est un peu comme se retirer du monde. J’ai vécu cela comme une ANACHORESE… ou plutôt comme un exile forcé."
La sincérité des propos d’Hubert me touche. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois mais cet échange est sans doute le plus touchant. Plusieurs secondes s’écoulent avant que mon aïeul ne reprenne la parole.
"-    Bon, je dois maintenant vous quitter Sébastien, car votre contrat est rempli pour ce premier jour du #ChallengeAZ !
-    Comment ?
-    ATCHOUM, ABRACADABRANTESQUE et ANACHORESE sont bien les mots proposés par Agnès, Renaud et Evelyne ?
-    Euh… oui !"
J'en avais oublié le challenge. Hubert m’a littéralement scotché. Voilà que mes ancêtres s’immiscent dans mes défis généalogiques ! Enfin bon, Hubert m’a été d’un très grand secours, et me voilà avec le script de mon premier article du #ChallengeAZ.
"-    Sébastien, je dois maintenant vous laisser. J’espère en tout cas que nous nous reverrons bientôt, quel que soit le challenge !
-    Je l’espère Hubert."
Le temps de saluer mon aïeul, je me retrouve à nouveau seul dans la pièce, et l’horloge égraine à nouveau les secondes dans le silence de la maison…

samedi 15 décembre 2018

#RDVAncestral - Pourvu qu'il ne soit pas trop tard...

Depuis un mois, j'attends patiemment le prochain #RDVAncestral. Il faut dire que ma rencontre avec Oswalt RICHARD s'était très bien passée et j'avais beaucoup apprécié notre discussion. Mais là, je suis dans l'inconnu. Pensez-donc ! Une heure que je marche sur ce chemin de terre et de cailloux ! Je ne sais d'ailleurs ni où je suis et quand. La seule chose que crois devoir faire c'est d'avancer et de mettre un pied devant l'autre...

Bon, voyons Sébastien ! Je dois arrêter de grommeler ! J'ai connu des situations plus difficiles. Et puis, finalement, le fond de l'air est plutôt doux en cette fin de journée et je devrais profiter de cette promenade bucolique. Je continue donc de marcher, mais pourtant, au fond de moi, j'ai un mauvais pressentiment.

Enfin, j’aperçois un village. Au fur et à mesure que j'avance, je distingue au bord du chemin la silhouette d'un homme, debout contre un arbre. Il porte un long manteau de toile et sa tête est recouverte d'une capuche. Étrange accoutrement pour cette période de l'année me dis-je intérieurement. Avec sa main droite, il fait sauter une pièce de monnaie qu'il rattrape aussitôt. Il attend. Il m'attend.

J'arrive à dix mètres de lui quand il m'adresse la parole :
"Dépêchez vous cher ami, nous allons être en retard!".
A ces mots, je sursaute. J'essaie de distinguer son profil mais le soleil couchant m'empêche de percevoir les traits de son visage. Pourtant, cette voix m'est presque familière. Je me dirige alors vers lui et il enlève sa capuche.
" - Hubert, vous ici ?
- Et oui mon cher Sébastien ! Nous nous retrouvons encore une fois ! Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes pas croisés  !"
Sa présence ici ne doit rien au hasard. J'imagine que la personne que je dois rencontrer aujourd'hui est de la famille VALENTIN. Trop impatient de savoir l'objet de mon #RDVAncestral, je l'interroge :
"- Hubert, qui devons-nous rencontrer aujourd'hui ? Et quel jour sommes-nous ?
- Voyons... il réfléchit. Nous sommes aujourd'hui le lundi 11 mai de l'année 1812.
- 11 mai 1812, vous en êtes certains ?"
Mes pensées cherchent une lieu, une personne... 11 mai, la veille du 12... Mais...
"- Oh ! Mon Dieu !
- Comme vous le dites mon cher ami. Nous devons nous dépêcher avant qu'il ne soit trop tard."
A ces mots, nous nous mettons en marche sans vraiment connaître l'endroit exact où nous devions aller. Nous approchons d'Hémilly, une commune située entre Metz et St-Avold. C'est un village typiquement lorrain structuré en deux rangées de maisons le long de la rue principale. Au milieu, se dresse l'église.

Arrivé à la première bâtisse, Hubert frappe à la porte et entre directement. Je suis un peu gêné par son impertinence, mais bon, nous sommes pressés. Une vielle dame vient alors à sa rencontre et nous demande ce que nous venons faire ici. Hubert prend aussitôt la parole :
"- Bonsoir madame, excusez-nous de notre entrée mais nous cherchons la maison de l'instituteur, nous devons y aller et c'est très urgent."
A ces mots, elle semble comprendre et nous donne les quelques explications nécessaires :
"- Vous trouverez sa maison à droite de l'église, je crois savoir que notre Curé y est allé après l'angélus.
- Nous vous remercions. Passez une bonne soirée."
Nous reprenons notre chemin en direction de la maison qu'elle nous a décrite. Hubert presse le pas et j'ai du mal à le suivre. Plus d'une heure que je marche tout de même !

Ça y est, nous y sommes. J'essaie tant bien que mal de reprendre mon souffle.

Nous frappons à la porte. Une dame nous ouvre, nous accueille et nous demande de faire silence.

Nous pénétrons dans la pièce principale de la maison qui fait office de cuisine et de chambre. Au milieu, la table est recouverte d’un linge blanc sur lequel est posé un crucifix, deux bougies sur leurs chandeliers, un ciboire, un vase rempli d'huile et une assiette dans laquelle sont placés plusieurs morceaux de laines et de tissus. Plusieurs personnes sont présentes et se tiennent agenouillées.

Dans le lit, un vieillard est couché et semble très affaibli. Seul debout, le curé réalise ce que je devine être les derniers sacrements. Les émotions me submergent et j'ai du mal à reprendre ma respiration. J'essaie de me calmer.

Un des hommes nous demande de nous approcher et de nous agenouiller également.

L'extrême-onction, Pietro Antonio Novelli, 1779. Domaine public.

Au bout de quelques minutes, un enfant de chœur apporte au prêtre le vase d'huile qui était posé sur la table. D'un pas lent, ce dernier avance à nouveau vers le vieil homme puis trempe son pouce droit dans le récipient avant de l'apposer sur l’œil droit, paupière fermée, en réalisant le signe de croix. D'une voix basse il dicte ses mots :
« Per istam sanctam unctionem, et suam piissimam misericordiam, indulgeat tibi Dominus, quidquid per visum deliquisti ».
Le vieil homme ouvre alors sa bouche et répond difficilement par un « Amen » .

S’ensuit alors l’onction de l’œil gauche, des oreilles, des narines, de la bouche, des mains puis enfin des pieds. Le rituel terminé, le prêtre frotte son pouce sur un morceau de mie de pain, se rince avec de l’eau puis s’essuie à l'aide d'une serviette blanche.

Très rapidement, et sentant sans doute la fin arriver, il se rend vers la table. Il réalise une génuflexion et découvre le Ciboire pour y prendre l’hostie qu’il tient légèrement surélevé au-dessus de la coupe. Il s’approche du mourant et lui montre en disant : « Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit peccata mundi… ».

A cet instant, une grande émotion m’envahit à nouveau. C’est la première fois que j’assiste aux derniers sacrements d'un homme. J'éprouve alors une profonde tristesse et je sens une larme couler sur ma joue. Ce sont les derniers instants d’une vie… Et quelle vie !

Lui qui n’était que manœuvre, il est parti combattre dans l’armée du Roi Louis XV pendant la guerre de Sept Ans, avec femme et enfants. Et puis, de retour en son pays, avec force et courage, il a voulu s'extraire d'un destin qui lui était tout tracé. Apprendre à lire, se faire respecter par la communauté… Après quelques années, il part de son village pour s’installer à Lüe et devenir le Garde du château et de ses terres. Pendant la Révolution française il deviendra Garde Champêtre. Beau parcours pour un homme qui devait rester manœuvre ! Mais aujourd’hui, je suis devant un vieillard, amaigri et souffrant des épreuves que la vie ne lui a pas épargnées. Sans le sou, il était devenu mendiant, sans doute trop fier pour accepter d’être hébergé par son fils. Pourtant, c’est bien chez lui qu'il vit ses derniers instants. Il ne pouvait plus refuser. Mon cher Bernard VALENTIN, j’aurais tant voulu vous croiser à un autre moment de votre vie !

A cet instant, je relève ma tête et rouvre mes yeux. Je vois le prêtre lui remettre l’hostie qu’il avale difficilement. Son fils, Joseph, lui soutient la tête pour qu’il puisse recevoir le Saint-Viatique.

Je me tourne alors vers Hubert agenouillé à côté de moi et je perçois également sa grande émotion et l'immense chagrin qu'il ressent. Il assiste aux derniers instants de son arrière-grand-père qu'il n'a jamais connu.

Les sacrements terminés, le prêtre s'assied à côté du lit. Nous restons tout autour de lui. Nous veillons.

La nuit est maintenant tombée depuis plusieurs heures et seuls les flammes vacillantes des bougies apportent quelques lueurs dans ces instants si sombres.

Le temps s'écoule, lentement, très lentement. J'ai l'impression que cette veillée dure un éternité mais pourtant, je ne souhaite pas qu'elle se termine car cela signifierait que tout est fini.

La nuit avance. La respiration de Bernard se fait de plus en plus lente et profonde. Une tension silencieuse remplit la pièce. J'ai la gorge nouée. Mon cœur bat de plus en plus fort à mesure que le sien peine à continuer.

Et puis vers une heure et demie du matin, Bernard pousse son dernier soupir.

C'est terminé.

Hubert, visiblement éprouvé, sort de la maison et me demande de le suivre.

Nous marchons quelques mètres. Le ciel est couvert d'étoiles et nous plonge dans l'immensité des mystères de la vie et de la mort. Après plusieurs minutes, et reprenant ses esprits, Hubert me dit:
"- Je crois que notre rendez-vous ancestral se termine ici.
- Oui je le crois... Hubert, je vous remercie de m'avoir accompagné dans ce moment si triste. C'est la première fois que j'assiste aux derniers instants d'un homme. J'en suis bouleversé."
Hubert me sourit et me prend dans ses bras. Ne pouvant plus retenir mon chagrin, je fonds en larmes.

Ce rendez-vous ancestral touche à sa fin et nous devons nous quitter. Je remercie encore Hubert et le salue en espérant le revoir dans un moment plus joyeux.

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Sources :

  • Le rituel des derniers sacrements que j'ai décrit est inspiré des éléments décrits dans le Rituel de Saint-Diez (Vosges) qui devait être très proche de ce qui était pratiqué en Moselle. Lien.
  • L'extrême-onction dans l'ancien temps. Article du blog "Garrigues et sentiers" paru le 1er novembre 2012. Lien
  • Acte de décès de Bernard VALENTIN. Archives départementales de la Moselle. Paroisse de Hémilly. 5 MI318 /1 (NMD 1793-an VII, an II-1892).