J'ai souhaité aujourd'hui écrire quelques mots à ma grand-mère maternelle, ma Mamie, malheureusement disparue. Il y a d'abord les bons moments ainsi que tous ces petites choses qui font renaître en moi des souvenirs vagues et émus. Et puis il y a eu des moments plus difficiles liés à la maladie et la perte d'un être cher.
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Jeudi 8 novembre 2018,
Mamie,
Cela fait maintenant 18 ans que tu nous as quitté, par un triste matin d'avril 2000. Je me souviens de ce jour et des derniers moments de ta vie. Tu étais alitée, tu ne mangeais plus, tu ne bougeais plus, tu ne nous reconnaissais quasiment plus. Alzheimer... quelle sordide maladie !
A quoi bon se ressasser des instants douloureux ? Mamie, ce que je veux retenir de toi ce sont les bons moments, je voudrais me souvenir des belles choses...
Tu es venue au monde un jour de décembre 1926 à Luttange, en Moselle. Pourtant, tu es née italienne car ton père, Baptiste, était natif de Tavernerio près de Como.
C'est après la guerre que tu rencontres, lors du mariage d'une cousine, un jeune homme de 23 ans. Entre lui et toi, c'est le coup de foudre. En 1947, vous vous mariez. Vous vous aimerez alors d'un amour fou, d'un amour tendre. Tous diront qu'il était le mari idéal et toi, tu l'aimais.
De cet amour, naîtront quatre enfants, dont Maman. De belles années, de très belles années. Et puis il y eut la maladie de Papi. Des séquelles de la guerre a priori, rongé par les médicaments.
En juin 1981, il est hospitalisé. A ce moment, j'étais un petit être bien au chaud dans le ventre de ma maman, prêt à sortir et à découvrir le monde. "Tu crois que je verrai mon petit-fils ?" demandait-il à sa sœur.
Je suis né le 22, il est parti le 26, sans m'avoir vu. J'ai la gorge nouée en écrivant ces mots.
Ma chère Mamie, ce moment a été terrible pour toi. Un drame. Un déchirement. Tu ne t'en es jamais vraiment remise.
Après, il y a mes propres souvenirs. Petit, tu me prenais sur tes genoux en chantant "Ah cheval sur mon papa...". Je me souviens encore des goûters, de l'odeur du café, de la couleur des tasses. Je vois encore cette boîte à sucres rose. Tu vas sans doute rire de là-haut, mais tu vois mamie, cette boîte, je l'ai gardé précieusement...
Et puis tu es tombée malade. Tes propres souvenirs disparaissaient, petit à petit, et avec eux, c'était des morceaux de ta vie qui partaient. Je venais te voir. J'avais 17 ou 18 ans. Tout de même, on a autre chose à faire à 18 ans que d'aller voir sa grand-mère malade ! Peut-être. Mais je préférais venir pour te "garder". C'est terrible d'écrire ça, ça me fait mal. Mais tu étais redevenue une enfant.
Alors les après-midi de ma jeune vie d'adulte, je venais m'assoir à côté de toi et je te tenais la main. Et quand, dans un moment de lucidité, tu te tournais vers moi et tu me disais avec un sourire "Ah ! mais c'est toi ?", alors, je me disais que ça valait la peine de passer ces petits bouts de temps ensemble.
Mamie, je ne te l'ai jamais dit, mais je t'aime de ton mon cœur.
Ton petit-fils, Sébastien
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Vous retrouverez dans quelques jours une lettre que j'ai écrite à ma grand-mère paternelle, ma Mémé.