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jeudi 31 mai 2018

#Généathème - Hommage à mon papi, malgré-nous de 1942 à 1945

Pour ce Généathème du mois de mai, Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres nous propose, entre autre, de nous plonger dans le parcours d’un membre de notre famille durant la seconde guerre mondiale. Je souhaite, au travers de cet article, rendre hommage à mon grand-père maternel, Pierre HOURTE, qui, comme son père, a été enrôlé pour combattre en uniforme allemand, bien malgré-lui…

Ce texte est une version corrigée et augmentée d’un texte que j’avais écrit en 2013. 

Papi,

Pierre HOURTE, en malgré-nous
Tu vois le jour le 23 octobre 1923 dans le village de Vinsberg. Cela fait maintenant quelques petites années que la Moselle a réintégré la France, non sans difficultés. Tes parents, Pierre et Céline découvrent la vie française. Nés allemands en 1897, ils ont cependant reçus une éducation « à la française ».

A l’âge de 3 ans, ta chère maman trouve le repos éternel, partie trop tôt, à l’âge de 29 ans… Ton père en est très attristé, mais quelques mois plus tard, il rencontre Clémence, qui s’occupera de toi comme de son propre fils. Au moins, tu n’auras pas manqué d’amour, avec ta sœur et ton frère qui naîtront de ce mariage.

Au début des années 1930, toute la famille quitte Vinsberg pour s’installer à Marange-Silvange. La vie de la ferme devenait difficile et l’appel des usines qui cherchaient de la main d’œuvre avait décidé ton père à entrer comme ouvrier dans l’usine d’Hagondange.

1939, la guerre éclate. Tu as presque 16 ans. C’est d'abord la drôle de guerre, rien ne se passe vraiment ; et puis, en mai 1940, les soldats allemands envahissent la France. La Moselle et l'Alsace revivent les moments terribles de 1871 et sont intégrées au Reich... Malgré-toi, tu deviens allemand.

En 1942, tu as 19 ans. La guerre perdure. La police allemande t'as arrêté sans ménage car elle te soupçonne de sabotage à l'usine où tu travailles. Tu pars dans un camp de prisonniers.

Quelques mois plus tard, comme tous les jeunes de ton âge, tu es contraint de prendre l'uniforme allemand, le Feldgrau. Tu entres dans la Wehrmacht. Après trois mois de formation, tu pars ensuite à Allenstein (dans l’actuelle Pologne) au sein du 11ème Bataillon de Réserve d’Artillerie.

En mai 1943, tu es en permission à Marange, chez tes parents. Au moment de partir, tu as une petite altercation avec une jeune fille de la commune qui fait partie de la Bund Deutscher Mädel (Version féminine de la Jeunesse Hitlérienne). Celle-ci t’as sans doute dénoncé car ta famille n’auras plus de nouvelles de ta part pendant plus d’un an.

Après ton retour à Allenstein, tu es hospitalisé, ce qui retardera ton arrivée sur le front.

En octobre 1943, tu entres dans la 5ème Batterie du 11ème Régiment d’Artillerie qui combat sur le front de l’Est. C’est la destination la plus commune pour les Alsaciens et Mosellans qui ont été incorporés de force dans la Wehrmacht, ceci pour éviter toute tentation de fuite.

23 octobre 1943... Voilà un bien triste anniversaire. Le jour de tes 20 ans, tu arrives sur le front, non loin de Leningrad. Devant toi, il n'y a plus aucun arbre, seulement la désolation, la boue, des cratères et des cadavres. Sur un tronc, tu aperçois une main arrachée par un obus… A 20 ans, on ne mérite pas de voir ces choses-là… Les seuls mots qui te viennent sont "Oh maman...".

Tu vis ensuite l'horreur de la guerre et tu n'as jamais vraiment voulu en parler. Tu participes ensuite à différents combats : Narwa, Pernau, Riga... Toutes ces informations, je les tiens des archives de Berlin.

La Bataille de Narwa (Wikipedia)
En février 45, après une longue retraite vers l’actuelle Lettonie, tu es blessé pendant la bataille de Kurland. C’est un soldat allemand qui te sauvera, toi, Alsacien-Mosellan. Tu lui en seras reconnaissant toute ta vie.

Pendant un moment, tu es resté paralysé. Tu es ensuite envoyé à l'hôpital à Regensburg (Ratisbonne). La blessure étant sévère, tu y restes pendant le restant de la guerre. Lorsque l'on connait le sort des soldats allemands qui ont combattu à Kurland, je crois que cette blessure, aussi douloureuse soit-elle, t'a sauvé la vie...

Mai 1945, tu es libéré de l'hôpital. Après avoir récupéré quelques habits civils, tu prends la route pour rejoindre la Moselle. Le 24 mai 1945, une hirondelle entre dans la chambre de ta sœur. Elle est annonciatrice d’une bonne nouvelle : ton retour.

Certes, tu reviens blessé, amaigri, mais tu es redevenu français, et surtout libre. 

Je n'ai malheureusement pas connu mon papi, car il nous a quitté quelques jours après ma naissance. Les blessures de la guerre et les traitements contre ses maux l'ont rendu malade. J'espère en tout cas qu'aujourd'hui, il repose en paix, loin des tourments de cette triste période.

dimanche 28 janvier 2018

#Projet3Mois - La vie tourmentée de Catherine VALENTIN - Plan et sujets de recherche

Comme je l’avais annoncé dans mon article précédent, j’ai choisi d’approfondir un sujet ou un thème de recherche généalogique pour une durée de trois mois. Ceci correspond finalement à un travail en mode projet (Sophie Boudarel en parle dans un article paru en octobre2017). Pour ce premier trimestre de l’année 2018, j’ai décidé de m’attaquer à la vie tourmentée de Catherine VALENTIN, née en 1760 et décédée en 1809. Dans cet article, qui fait office de plan de recherche, je vais résumer les principales informations en ma possession, les questions que je me pose, et les sujets que je vais devoir aborder. 

1/ Contexte de la naissance de Catherine VALENTIN


La date et le lieu de naissance de Catherine sont mentionnés dans un seul acte (second mariage avec Nicolas GASNER, en 1802). On apprend qu’elle est née à « Escasel », le 1er décembre 1760. Après quelques recherches et réflexions, je pense qu’il s’agit d’une transcription phonétique de « Hesse-Kassel ». Etant donné que je perds la trace de Bernard VALENTIN entre 1756 et 1765, j’en ai déduit, qu’il aurait été enrôlé dans les troupes françaises pendant la guerre de Sept Ans. Dans ce cas, sa femme l’aurait suivi.

Les questions qui se posent :

  • Bernard VALENTIN a-t-il bien été enrôlé dans les troupes pendant la guerre de Sept Ans ?
  • Le cas échéant, quel est son parcours au sein de l’armée ?  
  • Est-il possible de retrouver un acte ou une preuve de la naissance de Catherine à Kassel ?

 Les sujets que je vais devoir aborder et travailler :
  • La guerre de Sept Ans
  • La présence des femmes et des enfants dans les troupes et régiments d’ancien régime
Extrait de l'acte de mariage de Catherine VALENTIN avec Nicolas GASNER, le 2 Vendémiaire, an X, à Pontigny (Moselle) (Source : Arch.Dép. de la Moselle- 5 MI 153/4 - NMD 1793-1810)

2/ Qui est (sont) le(s) père(s) de ses deux premiers enfants naturels ?


Catherine eut deux enfants de père inconnu, dont Louis Joseph, mon aïeul. Je n’ai pas encore analysé dans le détail les actes de baptême ainsi que tous les actes de la commune pour recréer le contexte familial et social. Peut-être qu’en recroisant les informations et en épluchant les archives notariales ou judiciaires, je trouverai des informations ou des indices ?

Les questions qui se posent :
  • Peut-on retrouver le (ou les) père(s) de ses deux enfants naturels ? Qui sont les prétendants » ?
  • Catherine VALENTIN a-t-elle déclaré ses deux grossesses ?

Les sujets que je vais devoir aborder et travailler:
  • Les enfants naturels durant l’ancien régime
  • Les déclarations de grossesse
  • Le statut des femmes avant la révolution française
Mariages et enfants de Catherine VALENTIN, déjà tout un programme ! (Source : arbre personnel/ Généatique)

3/ Les origines de son mari, Jacques REGULIER


Après deux enfants naturels, Catherine se marie le 11 octobre 1791 avec Jacques REGULIER, domestique au château de Lue (Hayes, Moselle). Jacques est originaire d’Athée, dans l’actuel département de la Mayenne. Je ne sais pas aujourd’hui ce qui a poussé cet homme à traverser la France pour venir s’installer en Moselle.

Les questions qui se posent:
  • Qui est Jacques REGULIER ? Quel est le contexte de sa famille ?
  • Quel est son parcours depuis la Mayenne et pourquoi s’est-il retrouvé en Moselle ?
  • Quelles sont les hypothèses qui pourraient expliquer sa migration ? Contexte familial ? Métier ?

Les sujets que je vais devoir aborder et travailler:
  • Les migrations à la fin de l’ancien régime
  • Contexte familiale de la famille de Jacques REGULIER en Mayenne

4/ Conditions de son divorce d’avec Jacques REGULIER


Après deux ans de mariage et la naissance d’un enfant, Catherine divorce en 1793 d’avec Jacques REGULIER. En effet, celui-ci est considéré comme émigré car il aurait suivi le comte Jobal de Lue lors de son émigration (il était un de ses domestiques). Le plus surprenant, c’est qu’en 1796, Catherine donne naissance à un enfant, dont le père désigné est Jacques REGULIER…

Les questions qui se posent:
  • Ce divorce était-il véritablement demandé par Catherine ?
  • L’a-t-on forcé à divorcer ? S’agissait-il d’un divorce de raison, pour éviter qu’il n’arrive des problèmes à la famille ?
  • Si Jacques REGULIER est véritablement le père de l'enfant, est-il revenu entre temps ?

Les sujets que je vais devoir aborder et travailler:
  • Les émigrés et leur sort pendant la révolution française, la Terreur,
  • Le divorce pendant la révolution française


5/ Remariage avec Nicolas GASNER et naissance d’une fille


8 années après son divorce, Catherine épouse Nicolas GASNER, un homme originaire de Courcelles-Chaussy, veuf, et qui était 17 ans plus âgé qu’elle. Jacques REGULIER était toujorus considéré comme émigré. Sept mois après son mariage, elle donne naissance à une fille, Marguerite, dans la commune de Bronvaux, située à plus de 20 km de son lieu de résidence.

Les questions qui se posent :
  • Le mariage a-t-il était célébré à cause de la grossesse de Catherine?
  • Pourquoi l’accouchement s’est-il déroulé si loin, à Bronvaux ?
  • Nicolas GASNER, était-il vraiment le père ? 

 

6/ Retour de Jacques REGULIER, décès de Catherine et de son mari, Jacques


Dans les dernières années, Jacques REGULIER revient et vit à nouveau avec Catherine VALENTIN. Le 5 septembre 1809, Catherine VALENTIN décède aux Etangs (Moselle). Dans son acte de décès, elle est dite mariée à Jacques REGULIER, alors qu’elle devait en être séparée. Il n’est d’ailleurs pas fait mention de son deuxième mariage (ni même dans l’acte de décès de Nicolas GASNER). En outre, un élément troublant me pose question : Jacques REGULIER est décédé quelques jours plus tôt, le 31 août.

Les questions qui se posent :
  • Le divorce et le remariage ont-ils étaient annulés ? Pour quelle raison ?
  • Quand Jacques REGULIER est-il revenu ?
  • Que s’est-il passé pour expliquer le décès des deux époux à quelques jours d’intervalle ? maladie, accident ?

Les sujets que je vais devoir aborder et travailler:
  • Le retour des émigrés après la révolution
  • Remariage et annulation de divorce au début du 19ème siècle
  • Etc.

La vie de Catherine VALENTIN me pose beaucoup de questions. Il est évident que je ne vais pas répondre à toutes d'ici fin mars, mais j'aurai au moins énoncé des hypothèses et parcouru quelques pistes intéressantes. En tout cas, si vous avez des idées ou des pistes, n’hésitez pas à me contacter via les commentaires !

Pour en savoir plus : lien vers la fiche de Catherine VALENTIN sur Geneanet.

jeudi 25 janvier 2018

#Généathème - Trois mois pour ma généalogie et revoir ma méthode de travail

Parmi les Généathèmes du mois de janvier 2018, Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres nous propose de choisir un sujet particulier et de nous y pencher, ceci pendant trois mois. Trois mois, c’est un temps qui permet de se concentrer et d’approfondir un sujet. C’est également un temps assez long pour pouvoir établir des contacts avec des personnes ressources, visiter les salles de lecture des archives… Pour cette période de janvier à mars, j’ai choisi de m’attaquer à Catherine VALENTIN, mon sosa 481, qui concentre beaucoup de mes questions et épines généalogiques. Mais avant, je souhaite vous faire partager mes réflexions sur ma façon de travailler et mon idée de faire perdurer cette méthode de « Trois mois pour un sujet ». 

Un généathème, et bien plus encore ? 


La proposition de ce Généathème m’a amené à faire un bilan sur ma méthode de travail. J’ai bien différents sujets et projets en cours (beaucoup), mais j’avoue que mon organisation n’est pas la plus efficace qu’il soit. Lors de mes recherches, j’ai souvent tendance à « papillonner » de sujets en sujets ou de personnes en personnes. Combien de soirs j’ai pu démarrer mes recherches sur une branche, puis je trouve par hasard des informations sur une autre, puis je termine très souvent la soirée sur le Kiosque lorrain, en train de feuilleter la presse ancienne… Bref, je n’ai pas été très productif !

Le principe de choisir un sujet principal pour une période de trois mois fait écho aux méthodes préconisées dans le monde de l’entreprenariat pour gérer et organiser ses projets de développement d’activité. Trois mois c’est une période assez courte pour de donner des objectifs concrets, mais également assez longue pour approfondir les sujets et passer à l’action. Alors, pourquoi ne pas faire de cette méthode, une méthode de travail pour ma généalogie ?

Je vais donc tester ce principe pour le premier trimestre, en lien avec le Généathème de ce mois de janvier. En parallèle, je vais bien évidemment poursuivre mes recherches sur d’autres sujets, mais ma priorité et mon obstination se concentreront sur le sujet défini.

Prendre le temps d'approfondir et de regarder le moindre détail... (source: Pixabay)

Que vais-je faire pendant trois mois ? 


A chaque début de trimestre, je vais donc choisir un sujet de travail. Durant cette période, je vais :

  • Définir mes objectifs de recherche (c'est-à-dire les questions pour lesquelles je dois trouver des réponses)
  • Vérifier l’ensemble des sources déjà récupérées, prendre le temps de retranscrire ou retraduire, noter chaque détail et les interpréter, 
  • Réaliser de nouvelles recherches, tenter des pistes inexplorées, envoyer des mails, contacter des spécialistes du domaine, des historiens, des généalogistes, prendre le temps de me documenter, lire, visiter les archives… 
  • Noter l’ensemble de ces éléments dans un document de recherche, qui me permettra de centraliser les informations et éviter les pertes ou l’éclatement des données. 

A la fin de la période, même si je n’ai eu réponse à toutes mes questions, j’aurai formalisé un document de travail qui synthétisera le fruit de mes réflexions, les réponses à mes questions et les éventuels sujets à travailler encore.

Cette idée de prendre le temps d’approfondir me plaît particulièrement car elle va me permettre d’aller plus loin sur des sujets qui lient l’histoire de nos aïeux avec la « grande Histoire », sur les us et coutumes, la justice, les modes de vie, le travail dans les champs…

La guerre de Sept Ans, un sujet que je vais devoir approfondir ! (Source Gallica/BNF)
 

Le sujet pour le premier trimestre 2018 


Pour ce premier trimestre de l’année 2018, j’ai décidé de m’attaquer à une de mes principales épines généalogique : la vie tourmentée de Catherine VALENTIN, mon sosa 481, pour qui j’avais déjà rédigé un article en janvier 2014.

Catherine VALENTIN est la fille de Bernard VALENTIN et de Barbe GARAND. D’après l’acte de son second mariage, elle est née en décembre 1760 à « Escasel », qui est sans doute une transcription phonétique de Hesse-Cassel (en Allemagne). Son père était peut-être militaire pendant la guerre de Sept Ans. Catherine eut deux enfants naturels, puis se maria avec Jacques REGULIER, originaire de la Mayenne et elle divorça (de gré ou de force ?) car son mari était émigré. Ensuite, elle mit au monde une fille, issue de son deuxième mariage, dans un village situé à plus de 20 kilomètres de son lieu d’habitation. Enfin à son décès, elle vivait à nouveau avec son premier mari, avec qui elle aurait été à nouveau mariée…

J’ai donc beaucoup de questions à résoudre et de sujets à approfondir, que je synthétiserai dans un prochain article.

C’est parti pour une réouverture d’une enquête qui je l’espère, sera passionnante!

mercredi 10 janvier 2018

Salentin AMA

Comme chaque mois, Sophie Boudarel de la Gazette des Ancêtres nous propose un ou plusieurs Généathème. Ce mois-ci, nous partons à la découverte des prénoms insolites de nos ancêtres. Je vous propose de découvrir dans cet article l’histoire de Salentin AMA, mon aïeul à la 10ème génération.

Origine du prénom Salentin


Je n’ai pas trouvé l’origine du prénom Salentin. C’est a priori un vieux prénom, plus du tout utilisé de nos jours. Le graphique de la fréquence du prénom « Salentin » dans la base des prénoms de Généanet confirme qu’il était usité jusqu’au milieu du 17ème siècle avant d’être oublié. Sa fréquence à cette période restait tout de même très faible (0,0225%). A titre de comparaison, la fréquence du prénom Jean était au milieu du 17ème siècle d’un peu plus de 8% (soit 350 fois plus fréquent que Salentin !) .


Fréquence du prénom Salentin de 1600 à nos jours (Source : Généanet)


J’ai retrouvé une mention de ce prénom sur le site « Noms de famille belges: origine, sens » :



La vie de Salentin AMA

Salentin est mon aïeul à la 10ème génération, sosa n° 1693, de la branche de mon grand-père maternel. 

Fils de Laurent AMA et de Marie SCHARFF, il a été baptisé le 9 juin 1697 à Metzeresche (Moselle) et porte le prénom de son parrain, Salentin FAUSS.

Salentin se marie dans sa paroisse de Metzeresche, à l’âge de 21 ans, avec Marie CRIDELICH. Tout comme son père, il devient maçon. Le couple eut six enfants dont seulement deux survécurent à l’âge adulte. Parmi eux, on retrouve Jean-Michel, né en septembre 1723. Le sort s’acharna sur la famille car au lendemain de Noël de l’année 1732, l’épouse de Salentin décède également.

Salentin se remarie mois d'un mois et demi après avec Madeleine SCHOLTES, également veuve. Le malheur continue à s'acharner sur la famille car des trois enfants qu’ils eurent ensemble, aucun ne survécut jusqu’à l’âge adulte. Coïncidence troublante, la fille aînée de 6 ans et le benjamin de 13 mois meurent le même jour : le 30 octobre 1740. Qu’est-il arrivé ? Une maladie, un accident ? Le registre paroissial reste muet. Le mystère demeure… 

Salentin meurt à Metzeresche, le 3 mai 1743 à l’âge de 45 ans. Ses deux enfants encore en vie sont alors âgés de 19 et 11 ans. 

Signature de Salentin AMA, le jour de son second mariage (AD57 - 9NUM/468ED1E3, vue 38).
Sources :

jeudi 30 novembre 2017

Pierre Hourte, français de cœur, mais combattant allemand au Chemin des Dames



En ce dernier jour de novembre, je termine ma série d'articles sur le #geneathème du mois, proposé par Sophie de la Gazette des Ancêtres. Je vous propose aujourd'hui de découvrir le parcours de mon arrière-grand-père, Pierre Hourte. Français de cœur malgré plus de 40 ans d'annexion, il dut se résoudre à partir au front pour combattre en uniforme allemand sur le Chemin des Dames.

Début de la guerre et enrôlement


Pierre est né le 29 juin 1897 à Vinsberg, écart de la commune de Volstroff, en Moselle. A cette époque, le territoire était annexé par l’Empire allemand depuis 1870.

Au début de la guerre, Pierre était âgé de seulement 17 ans. Il suivait ses études au petit séminaire et était peut-être destiné à entrer au grand séminaire pour devenir prêtre. La guerre allait changer son destin.

Quoi qu’il en soit, en août 1914, il était dit que la guerre ne devait pas durer. Pourtant après 1915, le conflit s’enlisait et les victimes et décès se multipliaient des deux côtés du front. Pour compenser ces pertes, l’Empire allemand anticipa les appels des classes. C’est ainsi que la classe 1917 fut appelée dès 1916. 

En septembre 1917, Pierre était devant le fait accompli : il devait quitter sa famille pour partir sur le front. On imagine l’anxiété de ses parents, surtout que l’année d’avant, la veuve Catherine BAUR avait perdu ses deux fils : Pierre et Charles LANG.

Pierre fut appelé en septembre 1916 et fut engagé en tant que Landsturmpflichtiger (soldat en service territorial) au sein du bataillon de réserve du dépôt de recrutement du 202ème Régiment d’Infanterie de Réserve (R.I.R. 202). Il partait alors pour Berlin.

Instruction en entraînement à Berlin


Pendant la guerre, les recrues incorporaient des bataillons de réserve au sein des dépôts de recrutement pour être formés pendant une période courte, qui allait de 1 à 3 mois. Après cette période, ils étaient envoyés dans des dépôts de recrutement sur le champ de bataille (Feld-Rekruten-Depots).
Au sein du 202ème RIR, Pierre suivit une formation de près d’un mois. Il apprit notamment à utiliser son arme : le fusil Gewher 98 (également appelé Mauser 1898). Il reçut également une paire de botte et 7,10 Marks pour entretenir son matériel.

Le 27 octobre 1916, Pierre passa au sein de la 1ère Compagnie du Bataillon de réserve 204ème Régiment d’Infanterie de Réserve avant de passer, 12 jours plus tard au sein du Dépôt de Recrutement au Champ de bataille de la 2ème Division d’Infanterie de la Garde (Feld-Rekruten-Depot).

Une escouade allemande dans laquelle figure Pierre (Photo pers.)


Combats de position à Roye-Noyon


La mutation dans un Feld-Rekruten-Depot signifiait que Pierre allait être envoyé en entrainement dans les environs du champ de bataille.  Ces Feld-Rekruten-Depots étaient composés de 4 à 6 compagnies de 200 hommes chacune. Ils permettaient une formation finale des recrues aux conditions réelles et en lien avec les besoins opérationnels. Etant à l’arrière du champ de bataille, ils suivaient alors une formation adaptée aux besoins opérationnels de théâtre de guerre dans un contexte des plus réalistes. 

Après le 8 novembre, Pierre partit en train vers le champ de bataille. Il arriva dans le secteur de Roye-Noyon le 11 novembre 1916 pour y rester trois mois. Il participa notamment aux combats de position jusqu’au 11 février 1917.

Retour à Berlin au sein du R.I.R. 93.


Le 12 février 1917, selon l’ordre du commandement général du Corps d’Armée de la Garde, Pierre fut muté au Bataillon de réserve du 93ème Régiment d’Infanterie de Réserve  (R.I.R. Nr 93), à Berlin. Il y resta pendant près de 6 mois.

De cette période, j’ai pu récupérer une carte postale/photo de mon arrière-grand-père avec 5 de ses camarades de régiment, dont son meilleur ami, qui venait de Kœnigsmacker (village mosellan situé à quelques kilomètres du lieu d’où il était originaire). Au verso, on ressent sa volonté de rassurer ses parents : «  Je suis encore en bonne santé », « je n’ai pas reçu vos gants, mais je n’en ai pas vraiment besoin ». 

Le 3ème régiment des Garde-Grenadiers Elisabeth


Début août 1917, Pierre fut muté dans le 3ème régiment de grenadiers de la Garde "Reine Elisabeth" (Königin Elisabeth Garde-Grenadier-Regiment Nr. 3). Il partit alors sur le front, et plus particulièrement sur le secteur du Chemin des Dames, au sud de la commune de Pagny. Il y resta tout le mois d’août et au mois de septembre 1917.

Combats au Chemin des Dames, blessure et convalescence


A partir du 26 septembre, les troupes allemandes bombardèrent violemment les lignes françaises, et particulièrement le ravin d’Ostel situé au sud de Pargny. L’infanterie harcelait les travailleurs et guetteurs des lignes françaises avec des grenades à fusil, pendant que les canons (Minen de 240) démolissaient leurs travaux.


Convalescence à Hammeln (Photo. pers.)

C’est pendant ces combats que Pierre fut blessé le 30 septembre 1917. Il reçut une balle de fusil au niveau du pouce droit. Le pouce était ouvert et laissait entrevoir l’os. Très rapidement, on lui prodigua les premiers soins sur place avant d’être transporté à l’hôpital de campagne de Glageon (59) où il arriva le 2 octobre. Après 12 jours, son état permettait un rapatriement en Allemagne. Après un transport de plusieurs jours, il fut admis à l’hôpital militaire de réserve d’Hammeln (DE) où il restera en convalescence jusqu’au 3 janvier 1918. Mon arrière-grand père racontait toujours à sa fille (ma grand-tante) que pendant sa rééducation, il apprit à coudre, broder, tricoter… faisant de lui un parfait « homme de maison » !


Après sa convalescence, Pierre retourna au sein des compagnies de convalescence et ensuite de réserve du 3ème Régiment de la Garde, sans retourner sur le front.




En novembre 1918, la guerre était finie. Pierre revint alors chez ses parents. Plus de deux ans après avoir quitté le petit séminaire, il décida de rester aider ses parents à la ferme et de fonder une famille car, disait-il, « il est toujours plus agréable de se réveiller le matin avec deux paires de chaussons au pied du lit que de rester seul… ».


SOURCES :

  • MilitärPass de Peter HOURTE du 21/09/1916 à octobre 1918 (Document familial personnel) 
  • Témoignages et documents familiaux (carte postale envoyée par Pierre à ses parents en avril 1917, photographies)
  • Historique du 93ème Régiment d'Infanterie 1914-1918 (http://horizon14-18.eu/wa_files/historique_93ri.pdf)
  • David Stone, 2015. The Kaiser’s Army : The German Army in World War One (extraits en ligne).

samedi 11 novembre 2017

Le destin tragique de Charles LANG, mort au combat (2/2 - Son parcours)


Suite de mes articles sur le #geneatheme de novembre. Après la revue des principales sources disponibles pour retracer le parcours d’un soldat mosellan pendant la première guerre mondiale, je vous propose maintenant de vous raconter l’histoire tragique de Charles LANG, décédé le 24 juillet 1915 au Ban-de-Sapt, dans les Vosges. 


Reconstitution du parcours de Charles (ou Karl) LANG, canonnier au 2ème Régiment d'Artillerie à pied bavarois


En Moselle (tout comme dans tout l’Empire allemand), tous les jeunes hommes de 17 ans sont recensés dans la commune de leur domicile pour être inscrits au rôle de la conscription (Rekrutierungs-Stammrolle). A l’issue d’examens, les jeunes suivent ensuite le conseil de révision (Musterungs-Ausschuss) pour déterminer son aptitude au service militaire. Les jeunes sont ensuite appelés l’année de 20ème année pour effectuer leur service militaire pendant 3 ans de service actif (Wehrpflicht).

1913 : Le service militaire


En octobre 1913, Charles LANG habite la ferme de Schell avec sa mère, son frère et ses sœurs.  Il est cultivateur et célibataire. Tout juste âgé de 20 ans, il est appelé pour entrer dans la 2ème batterie du 2e régiment d'artillerie à pied (Royal bavarois), à Metz. Il passe ensuite à la 4ème Batterie de campagne, le 15 mars 1914.

1914 : Mobilisation, défense de la ville de Metz et combats autour de Nancy


En août 1914, les jeunes hommes en cours de service et les réservistes sont appelés dans le cadre de la mobilisation générale. Charles est envoyé pour défendre la ville de Metz. La 4ème Batterie est positionnée à la Feste Kronprinz (Fort Driant situé à Ars-sur-Moselle). 

La compagnie se prépare à partir 25 août 1914 pour aller combattre au front, qui part le 2 septembre vers Nancy. De nombreux villages sont détruits et la ville de Nancy est bombardée les 9 et 10 septembre. Malgré l’offensive, les troupes allemandes organisent leur retraite le 12 septembre 1914, date à laquelle Charles LANG repart à Metz où il y restera de mi-septembre 1914 à mi-mai 1915 pour la défense de la ville et de ses environs. 

Été 1915: départ pour le front des Vosges et dernier combat


Le 22 juin 1915, la 4ème batterie est envoyée dans les Vosges, au Ban-de-Sapt, où français et allemands combattent pour la prise de la colline de Fontenelle, hauteur stratégique reprise par les français dès le début de la guerre. Les combats furent acharnés, les hameaux détruits, les paysages défigurés. Charles LANG décéda le 24 juillet 1915 à Launois, lors de la bataille finale, pendant laquelle le hameau fut repris par les français (Source : Liste des personnels de l'armée Bavaroise allemande).

Une stèle commémorative située à la Grande-Fosse, indique le décès de 5 soldats allemands, morts de façon héroïque pour leur patrice, dont Karl LANG, le 24/07/1915 au Ban-de-Sapt (Source: http://www.denkmalprojekt.org/2011/la-grande-fosse_wk1_fr.html). Le registre signale qu'il a été inhumé au cimetière de Grande Fosse (tombe n°19). Il repose aujourd'hui au cimetière militaire franco-allemand de Bertrimoutier (Vosges).

Cimetière franco-allemand de Bertrimoutier (Vosges) - Source : wikipédia

Pour terminer, et être complet dans mes sources, je rajouterai un excellent ouvrage écrit par Romain WAGNER (un cousin éloigné!) sur l'Artillerie à pied bavaroise de Metz de 1873 à 1918.
 

jeudi 9 novembre 2017

Le destin tragique de Charles LANG, mort au combat (1/2 - Les sources)



Suite de mes articles sur le #geneatheme de novembre. Après la revue des principales sources disponibles pour retracer le parcours d’un soldat mosellan pendant la première guerre mondiale, je vous propose de vous raconter l’histoire tragique de Charles LANG, décédé le 24 juillet 1915 au Ban-de-Sapt, dans les Vosges. Dans cette première partie, voici un descriptif des sources utilisées.


Avant de commencer... qui est Charles LANG ?


Charles LANG naquit le 29 octobre 1892 dans le village de Schell, situé dans la commune de Volstroff. Il était le troisième et dernier enfant de Louis LANG et de Catherine BAUR. Son père mourut quelques semaines après sa naissance. Sa mère se remaria ensuite avec Pierre NEISSE avec qui elle eut deux filles (dont mon arrière-grand-mère). Il décéda malheureusement en 1900, laissant Catherine seule avec ses cinq enfants. La première guerre mondiale devait ensuite à son tour emporter ses deux fils…


La recherche dans la base des militaires mosellans morts en 1870 et 1914-1918


La base des militaires mosellans morts en 1870 et 1914-1918 permet de compenser l’absence de données sur le site Mémoire des Hommes. Cette base a été réalisée par le département de la Moselle dans le cadre du Musée de la guerre de 1870 à Gravelotte. Elle a été bâtie sur la base du travail réalisé par l'abbé Louis Weber, curé de Réning, qui en 1927 réalisa un livre d'or des militaires décédés pour chaque commune du département.


L’interrogation se fait sur le site internet des Archives Départementales de la Moselle : http://www.archives57.com/index.php/recherches/memoire-1870-1918



Il est possible d’interroger par le nom, le lieu de naissance et/ou le lieu de décès.


Souhaitant avoir des renseignements sur Charles LANG, demi-frère de mon arrière-grand-mère, je tape le patronyme « LANG » et le nom de la commune de « Volstroff ». La base me permet de retrouver la trace de Charles et de son frère Pierre, tous les deux décédés pendant la première guerre mondiale.



En cliquant, on retrouve des informations sur l’unité, la date de décès et le lieu de décès.


Grâce à cette fiche, j’apprends que Charles a combattu dans le 2ème régiment d’artillerie à pied bavarois. C’est une chance pour moi car seuls les registres de l’armée bavaroise subsistent aujourd’hui (les registres des armées prussiennes ont disparus dans les bombardements de Berlin durant la seconde guerre mondiale).

La liste des personnels de l’armée bavaroise en Allemagne (Données sur Ancestry.com)


La deuxième surprise est que le site Ancestry.com possède des images numérisées des listes de personnels de l’armée bavaroise en Allemagne durantla Première Guerre Mondiale.




Moyennant un abonnement « Monde Deluxe » (à 21,96 € / mois… oui oui… c’est le prix de la donnée…), on peut accéder aux fichiers. Pour ma part, j’ai (encore) eu de la chance car j’ai pu accéder il y a quelques années au fichier sans abonnement (accès limité dans le temps pour tester).
J’ai ainsi pu retrouver le registre matricule de Karl LANG.

Extrait du registre où figure Charles (Karl) LANG
  
Pour être complet sur les sources, j'ai également retrouver des traces de Charles sur le site "Denkmal projekt" qui recense les différentes listes de soldats allemands décédés (monuments, cimetières, listes dans des ouvrages...

Dans la deuxième partie de cet article sur le destin tragique de Charles LANG, je vous raconterai son parcours de 1913 à juillet 1915.