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jeudi 8 novembre 2018

#ChallengeAZ 2018 - Lettre G écrite à ma Grand-Mère, Mamie

Au septième jour, le #ChallengeAZ2018 dure toujours !

J'ai souhaité aujourd'hui écrire quelques mots à ma grand-mère maternelle, ma Mamie, malheureusement disparue. Il y a d'abord les bons moments ainsi que tous ces petites choses qui font renaître en moi des souvenirs vagues et émus. Et puis il y a eu des moments plus difficiles liés à la maladie et la perte d'un être cher. 


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Jeudi 8 novembre 2018,

Mamie,

Cela fait maintenant 18 ans que tu nous as quitté, par un triste matin d'avril 2000. Je me souviens de ce jour et des derniers moments de ta vie. Tu étais alitée, tu ne mangeais plus, tu ne bougeais plus, tu ne nous reconnaissais quasiment plus. Alzheimer... quelle sordide maladie !

A quoi bon se ressasser des instants douloureux ? Mamie, ce que je veux retenir de toi ce sont les bons moments, je voudrais me souvenir des belles choses...

Tu es venue au monde un jour de décembre 1926 à Luttange, en Moselle. Pourtant, tu es née italienne car ton père, Baptiste, était natif de Tavernerio près de Como.

C'est après la guerre que tu rencontres, lors du mariage d'une cousine, un jeune homme de 23 ans. Entre lui et toi, c'est le coup de foudre. En 1947, vous vous mariez. Vous vous aimerez alors d'un amour fou, d'un amour tendre. Tous diront qu'il était le mari idéal et toi, tu l'aimais.

De cet amour, naîtront quatre enfants, dont Maman. De belles années, de très belles années. Et puis il y eut la maladie de Papi. Des séquelles de la guerre a priori, rongé par les médicaments.

En juin 1981, il est hospitalisé. A ce moment, j'étais un petit être bien au chaud dans le ventre de ma maman, prêt à sortir et à découvrir le monde. "Tu crois que je verrai mon petit-fils ?" demandait-il à sa sœur.

Je suis né le 22, il est parti le 26, sans m'avoir vu. J'ai la gorge nouée en écrivant ces mots.

Ma chère Mamie, ce moment a été terrible pour toi. Un drame. Un déchirement. Tu ne t'en es jamais vraiment remise. 

Après, il y a mes propres souvenirs. Petit, tu me prenais sur tes genoux en chantant "Ah cheval sur mon papa...". Je me souviens encore des goûters, de l'odeur du café, de la couleur des tasses. Je vois encore cette boîte à sucres rose. Tu vas sans doute rire de là-haut, mais tu vois mamie, cette boîte, je l'ai gardé précieusement...



Et puis tu es tombée malade. Tes propres souvenirs disparaissaient, petit à petit, et avec eux, c'était des morceaux de ta vie qui partaient. Je venais te voir. J'avais 17 ou 18 ans. Tout de même, on a autre chose à faire à 18 ans que d'aller voir sa grand-mère malade ! Peut-être. Mais je préférais venir pour te "garder". C'est terrible d'écrire ça, ça me fait mal. Mais tu étais redevenue une enfant.

Alors les après-midi de ma jeune vie d'adulte, je venais m'assoir à côté de toi et je te tenais la main. Et quand, dans un moment de lucidité, tu te tournais vers moi et tu me disais avec un sourire "Ah ! mais c'est toi ?", alors, je me disais que ça valait la peine de passer ces petits bouts de temps ensemble.

Mamie, je ne te l'ai jamais dit, mais je t'aime de ton mon cœur.


Ton petit-fils, Sébastien

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Vous retrouverez dans quelques jours une lettre que j'ai écrite à ma grand-mère paternelle, ma Mémé.

En complément, je vous invite à lire un article qui m'a vraiment touché au début du ChallengeAZ. C'est celui de Laventuregénéalogique qui a souhaité, elle-aussi, rendre hommage à sa grand-mère disparue en 2009. C'est poignant.

vendredi 2 novembre 2018

#ChallengeAZ 2018 - Lettre B écrite à Baptiste BRENNA


Nous voici au deuxième jour du #ChallengeAZ 2018 ! Cette année, j'ai choisi de rédiger chaque jour une lettre à l'un de mes aïeux ou collatéraux. Des lettres pour interroger, pour rendre hommage, ou tout simplement pour dire ô combien certains de mes aïeux me manquent... Aujourd'hui, pour la lettre B, j'ai décidé d'écrire à mon arrière-grand-père, Baptiste BRENNA, mon sosa 14.


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Vendredi 2 novembre 2018,


Battista, Baptiste,

Cette lettre va vous paraître sous doute étrange car elle est écrite par un de vos arrières-petits-enfants : Sébastien, fils de votre petite-fille, Huguette.

Baptiste, je ne sais pas si je dois vous vouvoyer ou vous tutoyer... Bon, après réflexion, nous sommes finalement assez proche, et je pense que l'on peut se tutoyer, même si nous ne nous sommes jamais connus.

Baptiste, ma mère m'a beaucoup parlé de toi : tes origines italiennes, ton choix de partir pour un autre pays, ton mariage avec Catherine (ou Anna...). D'ailleurs, à ce propos, j'ai une question qui me vient. Pourquoi Catherine s'est-elle fait appelée Anna quelques années après votre union ? Nous n'avons jamais compris ce changement de prénom.

Tu es né à Tavernerio, petit village proche de Como, en janvier 1890. J'y suis allé il y a quelques années en compagnie de mon épouse et de ma fille. Une de nos lointaines cousines, avec qui j'ai pris contact, nous a gentiment servi de guide. J'ai retrouvé récemment une ancienne carte postale du village. Peut-être y reconnais-tu l'église, les rues, les maisons ?


Village de Tavernerio (Source : Delcampe)

Grâce aux souvenirs de ma mère et à mes recherches, j'ai pu retracer quelques morceaux de ta vie. Dans les archives de l'état de Como, j'ai retrouvé ta feuille matricule (foglio matricolare). Il y est décrit ton parcours militaire. J'ai appris que tu avais combattu en Libye lors de ton service en 1911 dans le 5ème Régiment Alpin . Est-il vrai que cette expérience t'a donné une profonde aversion pour la guerre et t'a motivé pour fuir ton pays ?

Tu es arrivé à Luttange en 1913 qui était alors dans l'Empire allemand. C'est là que tu as débuté comme maçon dans l'entreprise de M. Toller, un italien également qui était installé dans le village depuis quelques années. Après le retour de la Moselle à la France, tu n'as eu de cesse de t'assimiler à ton nouveau pays, même si tu restais un étranger, un italien. A cette époque, on manquait de main d’œuvre et beaucoup de tes compatriotes sont venus pour travailler dans les usines et les mines. Sais-tu que mon épouse a également des origines italiennes ?

Après ton mariage, tu as eu deux enfants, dont ma grand-mère. Tous les deux sont nés italiens.  Tu as demandé une première fois ta naturalisation, peu avant la seconde guerre mondiale, mais celle-ci t'a été refusée. A la libération, tu as fait une nouvelle demande. La situation était toute autre. La France manquait de maçons. En 1947, tu as été naturalisé, au motif que tu pouvais apporter à la France la main-d’œuvre nécessaire à la reconstruction. 

Baptiste, on dit de toi que tu laissais peu de loisirs à ton épouse et qu'elle n'osait pas sortir. J'imagine que ton caractère n'y était pas pour rien. Quoi qu'il en soit, vous ne vous êtes jamais quittés.

Nous sommes désormais en 2018 et je conserve maintenant ton souvenir. Un souvenir qu'il y a un peu d'italien dans mon sang ! C'est peut-être pour cela que j'apprécie les gnocchis et la polenta !

Trêve de plaisanterie, et puisqu'il faut savoir terminer une lettre, reçois Baptiste, toute mon affection.



Ton arrière-petit-fils, Sébastien.