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vendredi 22 novembre 2019

#ChallengeAZ 2019 - Seigneur, Survivant et Sac

Jour 19 du ChallengeAZ : place aux mots SEIGNEUR, SURVIVANT et SAC !
Pour ma quatrième participation, j'ai choisi de solliciter mes abonnés Twitter dans le cadre d'un défi estival devenu rapidement un concours de mots suivi par une cinquantaine de personnes. Merci à eux ! Au final, j'ai choisi pour chaque lettre trois mots qui devront me servir pour la rédaction des mes articles... 


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Voici la deuxième partie de l'article débuté hier sur la guerre de Trente Ans et ses conséquences.

Batailles et saccages de Luttange



En 1635, lorsque la France déclare la guerre à l'Espagne, les troupes du Roi Louis XIII occupent les Trois Évêchés et sont donc à Metz. Le gouverneur de Metz charge alors le capitaine Busselat de lever des hommes à cheval pour attaquer les lignes et villages adverses du partie Luxembourgeois. Ce dernier tient alors sa garnison au village d'Ennery et décide d'attaquer, entre autre, le village de Luttange. Ils s'emparent alors de près de 1500 cochons et moutons qu'il vendent ensuite au marché du Champ à Seille. Avec ces pillages, de nombreux laboureurs et vignerons sont ruinés et certains meurent de misère. 

Carte du Pays Messin - Source Gallica. En jaune les lieux de combats du côté messin (France), en bleu le village de Luttange. En orange la frontière.


En parallèle, le colonel Maillard, qui était du parti luxembourgeois, décide d'attaquer la ville de Vigy (en pays messin). Pourtant, la garnison retirée au château réussit à repousser toutes les attaques. Furieux, Maillard décide de mettre le feu au village. Les malades, femmes et enfants sont brûlés dans leur lit, ainsi que les bestiaux dans leurs étables.

Le château de Luttange (Moselle)
Après ces évènements, la consternation envahit la ville de Metz. Il faut absolument des représailles. Busselat prend alors la décision d'attaquer le colonel Maillard qui était retiré au château de Luttange. Busselat envoie 100 hommes d'élites, 100 piétons, 100 cavaliers et 30 carabins (soldats munis de carabines). Au petit jour, la bataille s'engage au château. Les trois quarts des soldats de Maillard sont tués et le feu est mis au village. Tout est détruit. Les villageois partent alors dans les campagnes et les forêts.


Suite à ce désastre, les SURVIVANTS, aidés par les SEIGNEURS de Luttange, reconstruisent les maisons. Pourtant, les garnisons de Metz reviennent en 1638 et mettent à nouveau à SAC le village

Pendant cette période, les épidémies et les pillages ont pour conséquence une forte mortalité et un regroupement des populations des villages isolés autour des places fortes et des châteaux. Le village de Rexange et Terlange, situés à côté de Luttange sont définitivement abandonnés et ruinés.

La reconstruction et le repeuplement des villages de Schell et Vinsberg


Après la fin de la guerre de Trente Ans en 1648, des troubles subsistent et c'est finalement le Traité des Pyrénées en 1659 qui apporte la paix. Ce traité officialise ainsi le rattachement de la prévôté de Thionville au Royaume de France.

Le territoire de la Seigneurie de Luttange subit lui aussi une forte baisse du nombre d'habitants et les quelques familles encore présentes tentent de reconstruire et réexploiter les terres alors en friches.

En 1667, les villages de Schell et Vinsberg où ont vécu mes aïeux de 1687 à 1932 semblent également être totalement ruinés et désertés. Ainsi, l'aveur de dénombrement de Charles et Jean-François d’Attel, Seigneurs en partie de Luttange, Weinsberg et autres lieux décrit la situation de la manière suivante :

« De toutes les rentes et redevances cy-dessus spécifiées provenant de Schellen on n’en tire rien estant ledit village présentement tout en bois et il n’y a aucune apparence de maison » (AD57 - 116 J9).
Contrairement aux villages ruinés de Terlange et Rexange dont les bans sont proches du fief de Luttange, les bans et villages de Schell et Vinsberg sont excentrés et il doit être difficilement concevable pour des laboureurs du village d'exploiter ces terres. Ainsi, il semble que les Siegneurs de Luttange décident dans le dernier quart du XVIIIe siècle de reconstruire les villages de Schell et Vinsberg.

La carte ci-dessous permet de voir la localisation de Schell, Vinsberg (ancienne Seigneurie de Vinsberg rattachée ensuite à la Seigneurie de Luttange).

Les seigneuries de Vinsberg et Luttange (d'après extrait de rapport - AD57 - 116J1, fonds de la famille d'Attel)

Néanmoins, étant donné le faible nombre d'habitants, il fallait faire venir de nouvelles familles. C'est ainsi que des familles en provenance de la Thiérache (région de Momignies/Trélon à la limite actuelle entre la Belgique et la France) viennent s’installer dans les villages de Schell et Vinsberg. Arrivent à ce moment les familles DANY, DEFLORENNE ou DROMMEREY. Le village de Kirsch est également repeuplé de cette manière. D'après mes estimations, entre 30 et 40 personnes ont migré depuis la Thiérache jusqu'à Schell et Vinsberg. Les défrichements et travaux de reconstruction des maisons semblent démarrer dès 1684/1685 et les familles arrivent à partir de début 1687.

La hiérarchie sociale se met en place très vite. Les 3 familles DANY sont des laboureurs (Nicolas, Ambroise et Lambert DANY, sans doutes frères). Les autres familles sont plutôt des familles de manœuvres. Parmi Nicolas DANY et son épouse, Hélène LONGUEVILLE, sont mes sosas 1630 et 1631.

Finalement, après le chaos, la vie se réinstalle...

samedi 16 février 2019

#RDVAncestral - Marche avec un inconnu

Comme chaque troisième samedi du mois, le #RDVAncestral est l'occasion de rencontrer nos ancêtres que ce soit dans des circonstances heureuses ou malheureuses. Pour ce trentième numéro, je vous propose de cheminer avec moi, à la rencontre d'une personne particulière...

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Ce jour est un jour de février comme les autres, du moins, ni trop chaud, ni trop froid. J’habite sur cette terre bretonne depuis presque quinze ans maintenant et je n’arrive pas encore à m’habituer à ses hivers où le froid, le vrai, n’arrive pas à prendre ses quartiers. Qu’ils sont loin ces jours de neige et de froid où le thermomètre descend allègrement sous le zéro degré en plein après-midi ! Je regrette presque ma Moselle natale, terre de mes ancêtres… Enfin… la Bretagne a bien d’autres qualités qui me font rester ici, et c’est bien plus que le cidre et les galettes !

Je travaille en ce moment sur un dossier qui me prend beaucoup de temps et d’énergie et me demande à surpasser mon esprit créatif. Se concentrer, réfléchir, noter, barrer, se reconcentrer, imaginer… Bref, j’ai besoin de faire des pauses et de penser à autre chose, ne serait-ce que l’espace d’un instant. Pour cela, j’ai pris l’habitude de faire le vide, debout, devant la fenêtre de mon bureau. Je contemple alors le jardin et l’immense châtaignier qui se dresse au milieu de la prairie, admirant la beauté de ce que la nature peut nous offrir. Pourtant, ce matin de février, ce tableau vivant prend des couleurs et des traits qui suscitent en moi un sentiment tout particulier. Comme attiré par l’extérieur, je décide de m’octroyer une pause bien méritée pour poursuivre mes réflexions en cheminant au milieu des prés et des champs.

Écharpe au cou et bonnet sur la tête, je marche d’un pas léger et lent. La campagne est silencieuse et les oiseaux se font rares en cette saison. Sans doute attendent-ils des moments plus propices pour se lancer dans les premières notes du concerto du printemps. Pourtant, ces paysages me laissent plutôt dans la tête des airs de Moldau qui me transportent, bien au-delà de mes émotions.

Je marche depuis plusieurs minutes quand j’aperçois, au loin, un homme qui faisait de même, sur une route qui rejoignait la mienne. Les rencontres de promeneurs sont plutôt rares en cette saison me dis-je intérieurement. Nos pas se rejoignent enfin à la croisée des chemins et nous nous saluons. C’est la première fois que je vois cet homme, pourtant, j’ai l’impression de le connaître. D’une voie posée, il se propose de m’accompagner pendant un moment, ce que j’accepte volontiers.

Très vite, nous commençons à bavarder de la pluie et du beau temps et de tous ces sujets qui font généralement le commencement de toute conversation. Curieux d’en savoir plus sur mon compagnon de route, je lui demande si cela fait longtemps qu’il réside ici :
"- Et bien pour ainsi dire non. Je ne suis pas originaire de la région, me répond-il.
- Vous savez, moi non plus. Sans être indiscret, d’où venez-vous ?
- Je suis originaire de l’est de la France, d’un village situé non loin de Thionville. "
A ces mots, je me tourne vers lui, et je m’arrête. Je lui explique que je suis également originaire de la Moselle. Quelle coïncidence ! Tout aussi surpris que moi, du moins il me semble, il m’explique qu’il est né à Yutz et qu’il a vécu à Schell. Comment ? Schell ? Mon étonnement est à son comble car Schell est le village d’une partie de mes ancêtres. L’évocation de ces lieux m’amène alors à parler de généalogie et d’histoire familiale.
"- Tous ces sujets m’intéressent aussi, tout comme vous. Je suis issu d’une grande famille et mon père s’est marié par deux fois. Pourtant, avec mes demi-frères et sœurs, nous avons toujours réussi à nous entendre. Par contre, je ne sais malheureusement que très peu de choses sur mes grands-parents, excepté qu’ils vivaient plutôt modestement.
- Mes ancêtres étaient aussi des gens modestes
- Enfin, nous avons tout de même réussi à trouver notre place, et je suis optimiste malgré la morosité ambiante que nous vivons en France depuis plusieurs années !
- Oui, c’est clair.
- Vous voyez, j’ai tout de même réussi à être maire pendant quelques mandats, certes, dans une petite commune, mais il s'agit d'une grande responsabilité !
- Très certainement ! Et maintenant, que faites-vous ici ?
- Je suis de passage, en voyage, et je suis heureux de découvrir un endroit que je ne connaissais pas ! La campagne est belle par ici !"
A ces derniers mots, je me rends compte à quel point il a raison. Ces lieux sont si beaux et apaisants! En silence, nous continuons notre marche. Les champs laissent la place à une portion boisée qui s'ouvre ensuite vers un paysage de prairies et de bocage. Peu à peu, la brume se fend, laissant passer quelques rayons du soleil. Mon compagnon de route semble ému par ce spectacle, et cela me touche.

Pourtant, notre heureuse rencontre devait se terminer. Arrivé à un carrefour, nous devons prendre chacun une direction opposée et nous nous saluons chaleureusement :
"- Je vous remercie pour ce bout de chemin très agréable. En tout cas, je garderai un bon souvenir de mon court voyage en Bretagne !
- Merci à vous également. Je suis heureux d’avoir pu discuter avec un compatriote mosellan ! A bientôt peut-être !
- Sans nul doute ! A bientôt !"
Enchanté par cette conversation plutôt inattendue, je repars le cœur en joie et plein d’entrain.

Soudain, après quelques minutes, sans que je puisse prendre le temps de me retourner, je l’entends crier au loin :
« Et au fait, je ne me suis pas présenté ! Je m’appelle Jean COQUARD et je suis heureux d’avoir fait votre connaissance mon enfant ! » 
Bon sang ! Jean COQUARD, mon ancêtre à la 7ème génération !

Je me retourne mais trop tard, le voilà disparu !

Finalement, ce jour est un jour de février pas comme les autres, où j’ai pu déambuler et discuter, sans le savoir, avec l’un de mes ancêtres…