Affichage des articles dont le libellé est Divorce. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Divorce. Afficher tous les articles

mardi 27 mars 2018

#Projet3Mois - Episode 4 - Catherine : une vie bouleversée par la Révolution française

Quatrième et dernier épisode de la vie de Catherine VALENTIN, de 1791 à 1809, année de son décès. Je vous propose dans cet article de découvrir comment la Révolution française a bouleversé la vie de Catherine, de l'émigration de son mari et de son divorce jusqu'à son remariage et aux naissances troublantes...

Un contexte troublé : Révolution française et terreur


Lorsque Catherine met au monde son premier enfant issu du mariage avec Jacques REGULIER, le royaume est en pleine période révolutionnaire. Même si le roi Louis XVI est encore en place, son pouvoir s'amenuise. En avril 1792, le royaume de France déclare la guerre au roi de Bohême et de Hongrie. Il s'ensuit alors une entrée en guerre des puissances européennes qui voyaient d'un mauvais œil la révolution.

La bataille de Valmy (Horace Vernet - National Gallery - Domaine publique - Wikipédia)


Cette période plus que troublée affecte également les campagnes et le château de Lue. En 1791, Joseph JOBAL était Colonel puis Lieutenant-Général au 4ème régiment de Chasseurs (DONOP, 1890). Tout comme la plupart de la noblesse, il était hostile aux idées révolutionnaires et a choisi de quitter la France. Ainsi, le 4 juillet 1792, les douaniers du poste de Collonges (Ain) saisissent une malle et une caisse contenant ses effets et ses armes personnels, parmi lesquels les cravates d’étendards du régiment (BRAYARD et CROYET, 2010). Il s'engage ensuite dans l'armée de Condé, contre-révolutionnaire (L'armée de Condé a été créée par Louis V Joseph de Bourbon-Condé, cousin du Roi et était composée d’émigrés pour lutter pour la révolution française de 1792 à 1801).

En l'absence de Joseph François Louis JOBAL, le château, les terres et les bois de Lue sont confisqués par la Nation. Ainsi, le 9 Germinal de l'An II (29 mars 1794), Bernard VALENTIN, père de Catherine, prête le serment de Garde de Lüe pour la conservation des bois de l'émigré Jobal requis à la Nation (AD57, 2L78).

Joseph de JOBAL n'est pas le seul à quitter le château de Lüe, comme le signale la liste des émigrés établie par André GAIN  :
  • Joseph François Louis JOBAL, fut dénoncé par les trois communes où il avait des biens. Il dut émigrer peu après le 25 juin 1792. Rentré d'émigration, il fit sa déclaration le 17 prairial an X devant le préfet de la Moselle (6 juin 1802).
  • Jacques REGULIER, de Lue, dénoncé par la municipalité de Hayes, fut inscrit par délibération du district de Boulay du 29 juin 1793 et par arrêté du département le 6 juillet suivant.
  • Les deux fils de François COUSIN, de Lüe. Tout comme Jacques REGULIER, tous les deux sont dénoncés par la municipalité de Hayes et furent inscrits par le district de Boulay le 29 juin 1793 et par arrêté le 6 juillet suivant.
Le mari de Catherine part donc en émigration avec Joseph JOBAL. Il est cependant difficile de dater précisément son départ. A t'il suivi son employeur dans son émigration ou l'a t'il rejoint plus tard ?


Catherine et Jacques : un divorce nécessaire...


Le sort des émigrés et des suspects de la République


Décret du 17/09/1793 (Wikipedia)
Devant la fuite des nobles et des personnes hostiles à la révolution, des listes locales de personnes absentes de leur domicile sont dressées conformément aux dispositions de la loi du 1er juillet 1791. Cette "liste des absents" devait recenser les propriétaires fonciers pour leur confisquer leur patrimoine. Ces listes deviennent une arme contre les biens mais aussi contre les personnes sous la forme de « Listes des émigrés » (Archives Nationales).

En septembre 1793, la Terreur est mise à l'ordre du jour de la Convention Nationale pour prendre toutes les mesures nécessaires à sauver les acquis de la Révolution et repousser l'invasion étrangère. Le 17 septembre 1793, la loi des suspects est votée (Source : Hérodote). Ainsi, cette loi visait directement les femmes d'émigrés dans son article 5 :

Sont réputés comme suspects : [...] ceux des ci-devant nobles, ensemble les maris, femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, et agents d'émigrés, qui n'ont pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution.  
Dans ces conditions, même si Catherine était restée en France, cette nouvelle loi faisait de Catherine VALENTIN une "suspecte" en puissance... Le divorce était alors plus que nécessaire...

Le divorce de Catherine d'avec Jacques REGULIER


La loi autorisant le divorce en France a été adoptée par l'Assemblée nationale le 20 septembre 1792 et apparaît dans le Décret du 20 septembre 1792 qui détermine le mode de constater l’état civil des citoyens (apparition de l'Etat-Civil) (Source).

Le divorce de Catherine VALENTIN d'avec Jacques REGULIER est effectué en mairie de Hayes le 8 Frimaire de l'an II, soit le 28 novembre 1793 (AD57, 5 MI 312/1). Dans l'acte, il est clairement mentionné que son mari est émigré avec Joseph François Louis JOBAL.

Extrait de l'acte de divorce de Catherine VALENTIN et Jacques REGULIER (AD57, 5MI 312/1)


D'après Jean Lhote (LHOTE, 1972), le divorce était généralement demandé par les femmes d'émigrés pour sauvegarder une partie de leurs biens qui allaient être vendus. Cependant, il en est pour qui la crainte semble avoir joué un rôle certain.


Le jour de son divorce, Catherine VALENTIN est accompagnée de plusieurs "hommes de loi" :
  • Jean-Pierre FLOSSE, homme de loi, 
  • Joseph JACQUEMIN, Huissier
  • Ferdinand Ernest HURTE, notaire public. 
Leur présence ne doit rien au hasard car elle consolide l'acte de divorce. Ils apportent sans doute également une sorte de "caution légale". Ceci est confirmé par l'étude de Jean Lhote qui signale que les divorces sont souvent réalisés sur le conseil d'hommes de loi, tournant la loi pour sauvegarder une partie de leurs biens (Lhote, 1972).


Jacques REGULIER, émigré.. et pourtant père d'un enfant en 1796.

Extrait de l'acte de naissance du 10 Ventôse an IV

Donc, Jacques REGULIER est émigré, et il est logiquement absent... Et pourtant! Le 10 Ventôse de l'an IV (29 février 1796), Catherine donne naissance à un enfant, désigné comme le fils de... Jacques REGULIER, son époux (AD57, 5 MI 312/1)!  C'est à n'y rien comprendre. Prénommé Nicolas Jacques, il décède deux semaines plus tard sous le prénom de Jean Augustin... (une énigme dans l'énigme...)

Jacques REGULIER était-il revenu, ne serait-ce que quelques temps auprès de Catherine ? Je n'ai à ce jour aucune source qui me permettrait de la confirmer.

Quoi qu'il en soit, cette information me conforte dans l'idée que le divorce était un acte de pure forme, qui permettait à Catherine de se séparer officiellement de Jacques et d'éviter d'être suspectée comme ennemie de la Nation.


Mariage surprise de Catherine avec un certain Nicolas GASNER et naissance d'une fille

An X de la République française : nouveaux rebondissements dans la vie de Catherine VALENTIN.

Le deux Vendémiaire de l'An X (24/09/1801), Catherine VALENTIN épouse en secondes noces Nicolas GASNER dans la commune de Pontigny (aujourd'hui rattachée à Condé-Northen).

Nicolas GASNER est un maçon résidant à Courcelles-Chaussy, âgé de 57 ans et veuf de Catherine AUBERTIN. Dans l'acte de mariage, il est bien précisé que Catherine VALENTIN est divorcée d'avec Jacques REGULIER, émigré.

Ce mariage semble s'expliquer par la naissance sept mois plus tard d'une fille. Ainsi, le 4 Floréal de la même année (24/04/1802), Catherine VALENTIN donne naissance à Marguerite GASNER, dans la commune de Bronvaux (AD57, 9NUM/114ED1E1)

Cette naissance à Bronvaux m'interpelle car Pontigny et Bronvaux sont distants de plus de 20 kilomètres à vol d'oiseau... Pourquoi à Bronvaux ? Fallait-il cacher la naissance ?




Et si Jacques REGULIER était le père biologique de Marguerite GASNER ?

Voici une hypothèse possible que je vais tenter de vous expliquer.

Le contexte du retour des émigrés



Un senatus-consulte du 6 Floréal de l’an X (26 avril 1802) accorde l’amnistie générale aux émigrés qui rentreront en France avant le 23 septembre 1802 (premier jour de l’an XI) et prêteront serment à la constitution (TESTE-LEBEAU, 1825 ; WARESQUIEL, 2013).

Le retour de Joseph François Louis JOBAL et de ses domestiques se situe sans doute autour de cette date (ou un peu avant). En effet, l’Armée de Condé dans laquelle Joseph JOBAL était officier a été dissoute le 1er mai 1801. Son retour d’émigration après cette date est possible, même s’il devait rester caché et discret. Joseph JOBAL rentre donc en France après cette date. Il prête ensuite serment à la constitution le 17 Prairial an X, soit le 6 juin 1802 (GAIN, 1925).

Je pense donc qu’il rentre avec Jacques REGULLIER et les deux fils COUSIN entre le mois de mai 1801 et le mois de juin 1802.

Tout est une question de date...


Revenons à la naissance de Marguerite. Sa date de naissance permet de supposer une conception entre fin juillet et mi-août 1801. Or, le mariage entre Catherine VALENTIN et Nicolas GASNER a été célébré le 24 septembre 1801, soit 2 mois après la conception supposée…



Bon. Je n’ai aucune certitude, mais plus j’y réfléchis, plus je pense que l’hypothèse selon laquelle l’enfant serait de Jacques REGULIER est plausible.

En effet, Jacques REGULIER serait vraisemblablement rentré d’émigration dans la seconde moitié de l’année 1801 avec son employeur, Joseph JOBAL. Pourtant, en 1801, leur présence en France restait clandestine, même si le Consulat de Napoléon Bonaparte a fait naître quelques espoirs d’une amnistie des émigrés (WARESQUIEL, 2013).

Suite à son retour, Jacques aurait retrouvé Catherine qui vivait à Pontigny chez sa sœur, Marie, et son beau-frère, Nicolas BERARD. Catherine serait ensuite tombée enceinte. Après deux mois de grossesse, le doute n’était plus possible et il fallait « trouver » un père à l’enfant car il n'était pas possible de le faire reconnaître par Jacques REGULIER, en situation irrégulière. Le choix se serait alors tourné vers Nicolas GASNER, veuf, connu, voire ami de la famille qui vivait à Courcelles-Chaussy. Dans cette folle hypothèse, l’ironie du sort ferait naître Marguerite GASNER deux jours avant le senatus-consulte du 6 Floréal de l’An X qui amnistie les émigrés…

Après la naissance, je ne retrouve plus aucune mention du couple GASNER/VALENTIN. Bien au contraire, le mariage semble avoir été oublié...

Ainsi, l’acte de décès de Nicolas GASNER ne fait aucune mention de son mariage avec Catherine : il décède le 28 avril 1812 à l’âge de 70 ans, veuf de Catherine AUBERTIN (AD57, 5MI158/1). C’est également le cas au décès de Jacques REGULIER. Il décède le 30 août 1809 à son domicile situé dans la commune des Etangs, à l’âge de 64 ans. L’acte d’état-civil et l’acte de catholicité mentionnent tous les deux qu’il est marié avec Catherine VALENTIN, sa survivante (AD57, 61J203/1C1 ; 5MI203/1).

Suite et fin de l’histoire de Catherine… 

J'écris ce dernier chapitre de la vie de Catherine non sans une certaine émotion. Catherine m'a accompagné durant toutes ces dernières semaines, comme un membre de la famille proche... L'évocation de la fin de sa vie résonne comme un deuil.

Sans que je ne sache pourquoi, la vie tourmentée de Catherine touche à sa fin moins d’une semaine après le décès de Jacques : maladie ? chagrin ? Elle décède ainsi le 5 septembre 1809 à son domicile, à l’âge de « seulement » 48 ans.

Les domiciles de Catherine VALENTIN (Fond de carte : Carte d'Etat-Major - Géoportail)

La mort de Jacques et de Catherine laissera trois enfants orphelins:
  • Louis Joseph WALENTIN, âgé de 21 ans, mon aïeul, qui était à ce moment là soldat dans la Grande Armée, 
  • Jean Jacques REGULIER, âgé de 17 ans, manœuvre, 
  • Marguerite GASNER, âgée de 7 ans. 

La jeune Marguerite sera recueillie par Marie VALENTIN, sa tante, et sœur de Catherine (je pense d’ailleurs qu’elles étaient assez proches).

Même s’ils sont issus, a priori, de trois pères différents, les trois enfants resteront proches comme en témoignent leur présence en tant que témoins lors des naissances et baptêmes de leurs neveux ou nièces.



Conclusion (provisoire)

J'arrive à la fin de mes articles sur les épines et mystères de l'histoire de Catherine VALENTIN. Pendant ces trois mois, j'ai essayé de comprendre son parcours en fonction du contexte historique et social. Certes, il me reste beaucoup de questions à résoudre, mais me voilà maintenant avec des hypothèses qui seront à creuser dans mes futures recherches. Certaines questions seront sans doute résolues d'ici quelques semaines ou quelques mois. Je vous tiendrai informé.

Le destin de Catherine est particulier et elle a vécu, bien malgré elle, les conséquences de cette période troublée de l'Histoire. Néanmoins, j'ose espérer que Catherine a pu profiter des quelques beaux moments de sa vie.

Vous trouverez ci-dessous le lien vers les précédents articles :

 Sources :


BRAYARD Laurent et CROYET Jérôme, 2010. Chronologie historique de la révolution française. Société d’Etudes Historiques Révolutionnaires et Impériale. 39p. [En ligne]

DONOP, 1890. Historique abrégé du 4e régiment de chasseurs. Saint Cloud, Impr. Belin frères.168p.

GAIN André, 1925. Liste des émigrés, déportés et condamnés pour cause révolutionnaire du département de la Moselle, 1ère et 2ème partie. Mets, Les arts graphiques. 220p.

LHOTE Jean, 1972. Le divorce et les femmes d'émigrés à Metz sous la terreur in Les Cahiers Lorrains. N°2 Année 1972. pp42-48.

TESTE-LEBEAU Justinien, 1825. Code des émigrés, déportés et condamnés révolutionnairement. Deuxième édition. Paris, 842p. [En ligne].

WARESQUIEL (de) Emmanuel, 2013. Joseph Fouché et la question de l’amnistie des émigrés (1799-1802) » in Annales historiques de la Révolution française, 372 | avril-juin 2013 [En ligne].

Archives nationales :

  • F/7 Police générale - Emigrés : demandes de radiation de la liste et de main-levée de séquestre. Présentation générale du fonds [En ligne]

Archives départementales de la Moselle :

  • 9NUM/114ED1E1, paroisse et commune de Bronvaux. Baptêmes, mariages, sépultures (1791-1792). Naissances, mariages, décès (1793-an X). 
  • 5MI158/1, commune de Courcelles-Chaussy. Registres d'état-civil NMD An II-Juillet 1836, microfilms de substitution;
  • 5MI203/1, commune des Etangs. Registres d'état-civil NMD  1792-1892, microfilms de substitution.
  • 61J203 1C1, paroisse des Etangs. Registres de catholicité BMS 1808-1818.
  • 5 MI 312/1, commune de Hayes. Registres d'état-civil NMD 1792-1892, microfilms de substitution.
  • 2L78. Tribunal de Boulay. - Délits forestiers, feuilles d'audience et extraits des liasses de rapports de délits champêtres, réception de gardes forestiers (1791-an II). Pièce de procédure civile (1791).

mardi 21 janvier 2014

Histoire épineuse d’un Verger devenu Garde des Bois et Champêtre…


Epines généalogiques et autres énigmes… Sophie Boudarel nous propose pour le #geneatheme de janvier de partager nos problèmes qui peuvent nous bloquer dans nos recherches. Pour aborder ce sujet, je vous propose de découvrir Bernard VALENTIN, ancêtre à la 10ème génération, et qui me pose pas mal de questions (tant sur sa vie que sur celle de sa fille).

Ce post vient en écho d’un très bon article d’Elise sur les Gardes-Champêtres, et qui m’a inspiré le sujet et le personnage que je vais vous présenter.


Vie à Hagondange jusqu’en 1756 puis… plus rien avant 1765 

 

Le début de l’histoire de Bernard VALENTIN se passe à Hagondange. C’était à l’époque un village situé en rive gauche de la Moselle, entre Metz et Thionville, et dont la taille était bien loin de la ville actuelle qui compte aujourd’hui près de 9300 habitants.
Le village d’Hagondange en septembre 1755
Né en avril 1733, il est le fils de Nicolas VALENTIN, manœuvre, et de Marie QUERTON (ou CRETON). 20 ans plus tard, Bernard se marie à Courcelles-Chaussy en février 1754 avec Barbe GARAND. Le couple s’installe ensuite à Hagondange. Bernard est manœuvre. Ils eurent deux premiers enfants, tous les deux prénommés Jean, en mai 1754 et janvier 1756.

Je perds à ce moment la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille après janvier 1756. Je ne les retrouve que 9 ans plus tard à Courcelles-Chaussy, le village d’origine de son épouse.

Première(s) question(s) : Que s’est-il passé entre 1756 et 1765 ? 

Parmi les indices, figurent la date et le lieu de naissance de sa fille, Catherine, également mon aïeule. En effet, dans un de ses mariages, il est dit qu’elle est née le 1er décembre 1760 à « Escasel ». A force de recherches sur le nom de la ville, je pense qu’il s’agit d’une mauvaise transcription de « Hesse-Cassel ». J’ai dons émis l’hypothèse que Bernard VALENTIN était soldat pendant la guerre de sept ans (1756-1763) et aurait combattu et se serait installé avec sa famille dans cette région d’Allemagne, lors de l’occupation française. Cette hypothèse est possible, dans le sens où il existait à côté d’Hagondange, un camp militaire qui a notamment accueilli des troupes qui ont combattu ensuite pendant la guerre de sept ans. Comment vérifier cette hypothèse ? Pensez-vous qu’il est-il possible de retrouver l’acte de naissance de Catherine VALENTIN ? Quelles ont été les conditions de déplacement et d’installation de familles entières venues de France ? 

Retour à Courcelles-Chaussy : un manœuvre devenu Verger 


Je retrouve donc Bernard VALENTIN et Barbe GARAND en janvier 1765 à Courcelles-Chaussy. Il est alors manœuvre. Le couple eut cinq enfants entre 1765 et 1772, dont deux seulement survécurent jusqu’à l’âge adulte. Détail important, Bernard VALENTIN ne savait à ce moment ni lire, ni écrire.
En juin 1760, changement de situation. Bernard VALENTIN est cité comme « Verger » dans l’acte de décès de son dernier enfant et signe dans l’acte de sépulture. En janvier 1781, on en apprend un peu plus dans les registres paroissiaux où est intercalé un certain « serment du verge », dont voici un extrait :

L’an Mil sept cent quatre vingt un, le vingt huit Janvier […] je soussigné prêtre et curé de cette paroisse pour réprimer les scandales qui se commettraient dans cette église, a l’absence des échevins, ai fait prêter serment […] a bernard valentin verger de cette paroisse de remplir exactement les devoirs de sa charge et notament de faire au greffe de la justice de ce lieu des rapports de tous les scandales qu’il n’aura pu empecher dans cette église et de les faire toujours conforme à la vérité en foy de quoy il a signé avec moy 

b. valentin frochard curé de Courcelles Chaussy 

Deuxième question : Qu’est-ce que précisément un Verger ? Quels sont ses rôles ? 

S’agit-il d’une spécificité locale ? Je n’ai pour l’instant rien trouvé sur le « Verger ». Il possède a priori un rôle de justice au sein de l’église. Autre remarque: Bernard VALENTIN a-t-il appris à écrire pour cette occasion précise (il était alors âgé de 47 ans…) ?

Déménagement et changement de situation : le Verger devient Garde des Bois, puis Garde des Bois et Champêtres 


En août 1788, je retrouve la trace de Bernard VALENTIN et de sa famille à Lue. Lue est un village localisé dans la paroisse de Hayes qui est située au nord de Courcelles-Chaussy. Il est cité comme Garde des Bois, puis, à partir de 1794, comme Garde des Bois et Champêtre. Il conserve cette situation jusqu’en 1796 au moins. Il était alors âgé de 63 ans.

Mes derniers questionnements concernent sa fille, Catherine, citée plus haut. Son histoire est quelques peu complexe puisque j’ai recensé :
  • Deux naissances illégitimes de père inconnu (dont un de mes ancêtres) en 1788 et 1790, 
  • Un mariage avec Jacques REGULLIER (originaire de la Mayenne) en 1791,
  • Une naissance issue de ce mariage en 1792, 
  • Un divorce d’avec Jacques REGULLIER, celui-ci étant considéré comme émigré, en novembre 1793,
  • Une naissance issue du mariage considéré comme légitime entre Catherine VALENTIN et Jacques REGULLIER (alors qu’ils étaient officiellement divorcés…) 
  • Un remariage de Catherine VALENTIN avec Nicolas GASNER, veuf, en septembre 1801 (OK, c’est possible un remariage) 
  • Le décès de Jacques REGULLIER puis de Catherine, quelques jours plus tard, les deux étant considérés comme mariés (alors là c’est à n’y plus rien comprendre…) 

Troisième question Bonus : C’est quoi que ce Schmilblick ? 

Je n’ai pas trouvé de trace de divorce entre Catherine et Nicolas GASNER, et de remariage avec Jacques REGULLIER. Mon hypothèse est donc que le divorce d’entre Jacques REGULLIER et Catherine VALENTIN aurait été annulé par décision de justice après le retour en France de Jacques REGULLIER (il était domestique du Sieur Jobal au château de Lue, et aurait accompagné son maître en 1793 lors de son émigration). Du coup, le remariage avec Nicolas GASNER aurait été caduc. A votre avis, cette hypothèse vous semble t-elle possible ? Si oui, où chercher d’éventuels indices ? 

Par avance, un grand merci pour vos commentaires et suggestions qui me permettront d'avancer dans mes recherches !



Sources :
  • AD57 – 2 MI361/1 – Registres paroissiaux de la paroisse d’Hagondange (BMS - 1696-1793) 
  • AD57 – 9NUM/5E111/2 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1736-1765) 
  • AD57 – 9NUM/5E111/3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Courcelles-Chaussy (BMS - 1766-1793) 
  • AD57 – 9NUM/312ED1E3 - Registres paroissiaux de la paroisse de Hayes (BMS - 1761-1790)
  • AD57 - 2 MI 376/1 et 5 MI 312/1- Registres d’Etat-Civil de la commune de Hayes (NMD) 
  • BNF - Richemont, 1755 – Gallica – Bibliothèque nationale de France, département Arsenal)